Chapitre 7 : Révélations

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J'ouvre difficilement les yeux. De petites taches blanches s'estompent de mon champ de vision, jusqu'à disparaitre. Je respire à plein poumons, mon corps est si léger. Je me relève difficilement afin de m'assoir.


– Anna, reste allongée, m'interpelle une voix inquiète.

– Non c'est bon, ça va mieux, lui indiquais-je en relevant les yeux.


Je me trouve sur le canapé sur lequel je siégeais un peu plus tôt. Mes mains sont moites. Pour être plus exacte, l'entièreté de mon corps est baignée de sueur. Génial... Je jette un œil au sofa et constate une grosse trace d'humidité à l'endroit où mon corps gisait plus tôt.


– Désolée pour ça, lançais-je.

– Tu es sûre que tu vas bien Anna ? J'ai failli appeler le SAMU, me confie-t-elle inquiète.

– Pas besoin, je vous jure ! me précipitais-je. Ce n'est pas la première fois que ça m'arrive.

– Comment ça ? Ça te prend souvent de faire un malaise de la sorte ? m'interroge-t-elle.

– Oui, ça m'est arrivé la semaine dernière. C'est une simple crise d'hypoglycémie, ne vous en faites pas.

– Et c'était la première fois que ça t'arrivait ?

– Oui

– Tu sais Anna, en psycho, on nous apprend des tonnes de choses sur le langage du corps. Et comme tu me sembles être une fille intelligente, je vais te confier une astuce. Les signes les plus perceptibles de mensonges sont simples : les gestes compulsifs des doigts, le passage de la main sur la nuque, ou la voix qui tremble. Or, certaines personnes savent cacher ces signes les plus visibles. Mais ce qui ne trompe jamais, c'est la façon qu'ils ont de fuir le regard au moment de leur mensonge... Tu vois ce que je veux dire ? me demande-t-elle en me regardant dans les yeux.

– Ouais, je soupire, ça m'était déjà arrivé avant Arcachon...

– Ça fait longtemps ?

– Un peu avant la mort de ma mère, quand elle était à l'hôpital, j'oubliais de manger, parce que je n'en ressentais pas l'envie... me confiais-je. Mais ce n'est rien de grave...

– Tu sais Anna, je vais utiliser les mots crus, sans détours avec toi, parce que j'ai cru comprendre que tu es une fille très directe. C'est par là que commence l'anorexie... Et c'est très grave, vraiment... Il ne faut pas le minimiser, m'affirme-t-elle.


Face à ce quelle me dit, je reste muette. C'est la deuxième personne à me parler d'anorexie en moins de deux semaines. Je vais commencer à croire que c'est vrai... Pourtant je ne suis pas du physique de ces filles, semblables à des brindilles. Et je ne fais pas non plus partie de celles qui se font vomir. Je ne pense pas que l'on puisse appeler ça de l'anorexie...

Alors que mes pensées vont et viennent comme à leur habitude, Diane me tend un petit bout de papier. Elle me dit que ce sont les exercices qu'elle veut que je fasse avant la séance de la semaine prochaine. Je mets le bout de papier dans ma poche, tout en pensant qu'elle peut toujours courir.

Elle me raccompagne en bas de son cabinet, tout en me tendant une sucette qu'elle sort de sa veste blanche. Moi qui me moquais du petit garçon qui passait juste avant moi... Je souris légèrement, et enlève le papier pour faire le plein de sucre. Arrivées en bas, je m'apprête à prendre la route, quand je vois la voiture de mon père juste devant le cabinet. Je me retourne vers Diane et lui signale.

La Reine des GlacesWhere stories live. Discover now