Chapitre 11 : L'art

192 15 0
                                    

     Je traverse les deux rues qui me séparent du supermarché. Le parking est assez petit. Ça va être facile de trouver Louka. Arrivant en face de la devanture du magasin, je trouve un grand garçon, cheveux châtains de dos. Je crois ne pas me tromper en m'approchant de l'homme carré d'épaule. Je l'appelle doucement. Il se retourne et un sourire illumine son visage. Même avec ses lunettes de soleil, on voit que même ses yeux sourient.

     Inévitablement, comme lorsque les gens baillent en chaine, ma bouche s'étire à la vue de la sienne. Son sourire appelle le mien. Certes moins étendu que le sien, mais tout de même présent. On se fait la bise et il m'entraine avec lui dans la grande surface. Je ne sais pas trop quoi acheter ici, je ne sais pas trop quelles sont les choses qu'il faut emmener dans les soirées.


– Louka, je ne sais pas trop quoi acheter, ça te dit qu'on prenne ce que tu veux, et qu'on divise le prix en deux ? lui demandais-je

– Ouais t'inquiète pas, on va acheter des pizzas, des chips et une bouteille d'alcool et quelques soft et le tour est joué ! me rassure-t-il.

– Ok, je te fais confiance.

– Wow, Anna qui me fait confiance, c'est une première ! s'exclame-t-il.


     Je me ferme aussitôt. Bon j'ai mérité la remarque, mais c'est quand même une réflexion en plein cœur. Je ne peux m'empêcher de penser à la façon dont je l'ai envoyé chier quand Arthur a fait le bâtard avec moi. Je lui dois peut-être une explication. Nous sommes à la caisse quand je lui lance.


– Tu sais, ce n'était pas contre toi hier, quand je n'ai pas suivi le plan. J'apprécie ton aide, mais... Je n'en ai pas besoin, je me suis toujours débrouillé toute seule. Tu vois quand un garçon propose son aide à une fille, pour la sauver d'un autre garçon, ça a tendance à m'énerver... avouais-je une main sur la nuque. Ce n'est pas très moderne on va dire...

– J'ai compris Anna, te fatigue pas, me signifie-t-il avec un sourire rassurant. Je sais que t'es capable de te défendre toute seule, mais je ne peux pas m'empêcher de venir en aide aux demoiselles en détresses, aussi fortes soient-elle, affirme-t-il en m'ébouriffant les cheveux.

– Eh ! m'exclamais-je en me recoiffant.


     Nous rangeons les courses dans les sacs fournis par la caissière, puis nous quittons la grande surface. Enfin grande... Façon de parler. Pour moi ici c'est un village, j'ai toujours vécu en ville alors ici ça me parait très calme. Comme s'il lisait dans mes pensées, Louka rompt le silence qui s'était installé entre nous.


– Ça te dit qu'on aille chez Sora pour déposer les affaires ? Comme ça on aura pas à emmener trop de choses demain soir, je hoche la tête, et il sort une clé de son sac.

– T'as une voiture ?! m'étranglais-je presque.

– Bah oui, je te rappelle que je vais avoir vingt et un ans, ri-t-il.

– Je sais, mais ce n'est pas naturel pour moi de voir des jeunes qui ont une voiture... dis-je embarrassée.

– Tu n'as pas encore passé ton permis ? me demande-t-il.

– J'habitais dans une grande ville, ce n'est pas la première chose à laquelle on pense pour se déplacer. Et puis je viens juste d'avoir 18 ans, répondis-je.

– Quoi ?! Ah putain c'est vrai, j'oublie toujours que tu es plus jeune que nous. Tu fais beaucoup plus mature, avoue-t-il. Tu habitais où ? s'intéresse-t-il tout en démarrant la voiture.

La Reine des GlacesWhere stories live. Discover now