Chapitre 5 : Coup dur

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Alors que je croyais être enfin débarrassée de toute cette tension et de toutes ces émotions qui montent en moi, j'entends des pas pressés me suivre à l'étage. Je ne me retourne même pas, sachant pertinemment qui se trouve derrière moi. Je ferme la porte de ma chambre derrière moi, mais elle se rouvre aussitôt, laissant apparaitre la face colérique de mon père.


– Anna, plus jamais tu ne te comportes comme ça devant des étrangers. Ni devant qui que ce soit d'autre d'ailleurs ! m'engueule mon père dans sa langue natale.

– Quoi ? Je ne dois plus dire la vérité devant les gens, c'est ça ? répliquais-je.

– Arrête de faire l'innocente Anna. Tu m'as décrédibilisé devant la psychologue et tu adores faire ça, car tu sais que je ne peux pas t'engueuler comme lorsque l'on est seuls, me réprimande-t-il.

– Je ne t'ai pas décrédibilisé, j'ai juste dit ce que je pensais de toi.

– Un « riche homme blanc qui croit que tout lui est dû ». Tu te prends pour qui ? Tu es bien contente d'en profiter tous les étés de cet argent ! s'exclame-t-il.

– Pardon ?! m'indignais-je.

– Les seules fois où tu venais me voir, c'était l'été pour faire de grands voyages avec moi, et que je te paye ce que tu voulais, me reproche-t-il.

– La faute de qui ?! C'est toi qui ne voulais pas de moi autrement que pendant les vacances d'été, parce que tu n'avais « pas envie d'avoir une gamine dans les pattes », déballais-je.

– N'empêche qu'une fois encore, tu es à peine arrivée ici que tu es parti dépenser mon argent pour des fringues. Comme chaque été, ricane-t-il.

– Logique, je n'ai rien d'autre à faire ici. T'en a rien à foutre de moi ! m'énervais-je

– Je ne t'aurais pas pris avec moi si je n'en avais rien à foutre comme tu dis, dit-il en levant les yeux au ciel.

– Tu n'as pas eu le choix, Maman est morte et je suis encore mineure, riais-je.

– J'aurais très bien pu décider de te lâcher à tes 18 ans, me lance-t-il.

– Bah vas-y, j'en n'ai rien à foutre ! Tu veux juste me garder auprès de toi pour accomplir une bonne action. Te faire mousser auprès de Laura et des autres gens de ton milieu en disant que tu m'as recueilli et donné un putain de foyer, et donc que tu es un homme bien. Mais tu sais quoi ? On ne devrait pas te complimenter pour ça. C'est le putain de rôle d'un père d'être là pour son enfant, et saches que pendant presque dix-huit ans, tu n'as pas été à la hauteur ! lui débitais-je rapidement.

– Pour qui tu te prends ?! sort-il de ses gonds.


Je l'ai touché en plein dans le mille. Je sais que ce qui va suivre n'annonce rien de bon. Seulement, moi aussi je suis hors de moi, et je ne filtre plus ce que je dis. Les mots sortent de ma bouche sans que je n'y puisse rien.


– Je n'en ai que faire de ton argent. J'aurais préféré rester pauvre avec maman, et que ça soit toi qui meurt.


Un bruit sourd. Un geste. Je sais très bien ce qui vient de se passer. Mais mon cerveau semble mettre du temps à s'avouer que ça vient effectivement d'arriver, et qu'il ne l'a pas imaginé. Je porte tout de suite la main à ma joue, et lance un regard à la fois surpris et noir à mon père. Un visage horrifié a pris la place de son énervement passé. Il s'apprête à me dire quelque chose, mais je le pousse de toutes mes forces en courant dans les escaliers.

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