Chapitre 34

Depuis le début
                                    

C'est la magie de ma belle ballerine.
— Tu ne crois pas si bien dire.

Je ris à mon tour en la serrant un peu plus contre moi.

— Ne restons pas là, venez vous rafraîchir et Camélia montera vos bagages.

Je me crispe à l'entente du prénom de mon ex, mon père ne remarque rien car il salue Jaden, et Astrid n'a pas fait le lien. Pas encore.
Nous suivons mon père dans l'immense entrée et à peine en foulé- je le sol que tout un tas d'émotions refont surface. Rien n'a changé depuis que j'en suis parti. Il y a toujours ce gros vase en cristal sur la console en marbre, que ma mère affectionnait temps, qu'elle avait rapporté d'un voyage à Murano, remplit de ses roses préférées. Les Sugar Moon. Depuis que mon père lui en avait offert une centaine pour accompagner sa demande en mariage, elles ont pour symbole la sincérité. Elle en ramassait toutes les semaines dans sa roseraie personnelle. Cadeau de Juan.

Astrid ralentit le pas, jetant un regard bienveillant sur moi comme si elle avait compris les sentiments qui m'assaillent en me retrouvant dans cette maison après tant d'années à l'éviter.

Jaden nous dépasse une valise dans chaque main pour montrer les escaliers afin de les déposer dans ma chambre. Une silhouette que j'avais occultée de ma mémoire se matérialise sur le palier du premier étage, ses yeux noirs braqués sur mon ange.

Sans y prêter plus d'attention je guide Astrid jusqu'au salon où nous attend mon père dans son fauteuil fétiche, un plaid sur les genoux malgré la température plus que raisonnable de la pièce réchauffée par les rayons du soleil qui traverse les grandes baies vitrées.
Astrid et moi prenons place sur une des deux canapés en cuir, en face de lui.
Je décroche de la conversation, quand mes prunelles se noient dans la contemplation du visage d'Astrid. Elle est assise à mes côtés, un verre de citronnade en pleine conversation avec mon père. Je n'entends que quelques mots. Elle m'a perdu quand j'ai tourné la tête pour la découvrir en train de relever ses cheveux, dévoilant la cambrure de sa nuque gracile, pour les attacher en chignon bordélique comme elle aime le faire. Elle sourit à quelque chose que lui dit mon pere tout en portant son verre à sa bouche, et putain, je peux affirmer que je suis jaloux d'un bout de cristal, pourtant il y a environ six heures ses levres étaient autour de mon erection m'engloutissant à m'en faire perdre la raison.

Putain que c'était bon.
Focus.
Reprends toi mec, t'es plus un ado fantasmant devant sa prof.

Je bois une gorgée à mon tour, pour retrouver un esprit saint, pas facile mais faisable, quand mon regard est attiré par un mouvement sur ma droite à l'entrée de la pièce, m'obligeant à abandonner la vue paradisiaque qu'est mon ange.
Camélia.

Elle se tient fière contre le chambranle, un sourire énigmatique étire ses lèvres qui n'ont plus rien de naturel, d'ailleurs la fille que j'ai connu adolescent n'a plus rien avoir. Tout est faux. On dirait une Barbie brune, aux yeux noirs, mais Barbie quand même.
Cette garce sourit de plus belle quand elle constate que je la mate.
Si elle savait !
Qu'elle ne fait pas le poids face à Astrid.

Alors pour le lui confirmer, je passe un bras autour de la taille de ma belle ballerine pour la serrer contre mon flanc en déposant un baiser dans ses cheveux; j'en profite pour respirer son odeur de fleurs, puis je fixe Camélia un sourire froid, cruel, celui que je réserve à ceux que je souhaite anéantir. Elle me connait assez pour savoir que je ne joue pas.
Elle détourne ses iris non s'en fusiller Astrid une dernière fois, puis pivote sur ses talons quand son frère Jaden la bouscule sans s'excuser, pour nous rejoindre, et ses talons claquent sur le sol en marbre en direction du couloir qui mène à la cuisine.
Un coup d'œil à mon ami et on s'est compris.
Mon message muet est clair : soit tu t'en occupes, soit je le fais.

Mais en aucun cas je ne tolérai qu'elle foute le bordel dans mon couple et si elle s'y amuse elle en subira les conséquences comme toutes celles qui ont essayé.
La main d'Astrid pressant ma cuisse, me ramène dans le salon.

— Tu as entendu ce que vient de dire Juan, Seb ?
— Non excuse-moi mi amor. Tu disais papa ?

Un rictus étire la bouche de mon père.

— Je proposais à Astrid de lui faire faire un tour de la propriété avant de passer à table...
— Pas de soucis, m'empresse-je de répondre, en recensant mentalement tous les coins où je vais pouvoir la baiser.

Astrid hausse un sourcil à mon air devenu canaille mais n'ajoute rien.
Elle a compris. Ses jambes qui se ressentent l'une contre contre l'autre sont un bon baromètre.

— Je te laisse faire mon fils, moi je vais me reposer un peu et on se retrouve pour le diner.
Mon père se lève difficilement en râlant mais refuse l'aide de son homme de main. Une fois sur ses deux jambes, il nous regarde tour à tour, puis quitte la piece.

Mes yeux ne peuvent se décrocher de sa silhouette, il est voûté, sa respiration est laborieuse on sent qu'il souffre mais c'est le grand Juan Alvarez est pour rien au monde il ne montrerait sa faiblesse, même devant sa famille.
Je note mentalement de me renseigner auprès de son chef de la sécurité et ami de longue date pour qu'il me refile le numéro du praticien qui suit mon père.

— Vos bagages sont dans ta chambre Sebastiàn.

Je remercie Jaden d'un hochement de tête.

— Je vais faire un tour à l'extérieur et je vous rejoins pour le repas.

Je comprends les mots qu'il ne prononce pas.
En clair, je vais retrouver ma sœur et m'assurer qu'elle comprenne mon message de ne pas tenter quoi que ce soit contre toi ou Astrid.
Message reçu mec.

— Bon, et cette visite monsieur le patron de discothèque...

Je la coupe d'un baiser en la collant à moi, pour qu'elle sente l'excitation que la perspective de la plaquer contre un mur en pierre me procure. Astrid répond à mon initiative, cela devient vite sauvage, impatient, charnel, je me laisse emporter, jusqu'au moment où mon ange recule, mettant fin à cet instant de felicité.

— Je crois que tu as une visite guidée de prévue.

Son air mutin, associé à ses joues en feu, à sa crinière emmêlée me donne l'envie de la hisser sur mon épaule pour la porter jusqu'à ma chambre et lui faire l'amour sur mon lit.

— Et tu vas aimer, dis-je énigmatique.

— Oh, ça je n'en doute pas mon coeur. Je parie même qu'à la fin un test pratique de ce que j'ai retenu me sera imposé.

— Pas à la fin mon ange, je murmure contre le pavillon de son oreille, rien ne vaut la vérification à chaque étape...

— Tu penses que tu pourras tenir le rythme des corrections ?

Je pars dans un grand éclat de rire. Cette fille aura ma peau.
Elle a deja ton sexe, ton corps, et ton âme... alors un peu plus ou un peu moi.

— Je suis un mec plein de ressources, fais-je avec un clin d'œil.

Astrid me suit et c'est dans un état euphorique que l'on sort de la maison pour commencer cette fameuse visite guidée.

Save Your TearsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant