Se donner une chance

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-Allô? Dit-elle en ouvrant le robinet de sa baignoire.

-Orphely? Bonsoir, je ne te dérange pas?

-Non, du tout. J'allais prendre un bain.

-Oh, je fais vite alors. Je n'ai pas eu de tes nouvelles depuis notre rendez-vous, je m'inquiétais...

-Orwell, je t'ai dit que j'avais besoin de réfléchir.

-Je sais, mais tu aurais pu répondre à mes messages quand même...

-Désolée, j'étais occupée avec ma vie perso et professionnelle.

-Je vois... Comment tu vas?

-Je vais bien, et toi?

-Très bien. Tu es très occupée demain soir?

-En principe, non.

-Que dirais-tu d'aller à un deuxième rendez-vous? Pour tu sais... T'aider à mieux réfléchir?

Orphely sourit en jouant avec les pans de son peignoir.

-Et où irions-nous?

-Quelque part où tu serais à l'aise.

-Je ne suis à l'aise que chez moi.

-Alors, faisons-le chez toi.

Elle rit en tournant le robinet.

-C'est une technique pour pénétrer dans mon intimité?

-Plus pour te découvrir plus personnellement.

Orphely plongea sa main dans l'eau en réfléchissant rapidement. Si elle voulait avoir un avenir avec Orwell, elle devait le laisser entrer dans sa vie, le laisser la découvrir. C'était un pari à prendre, mais elle avait envie de voir où ça les mènera.

-Qu'est-ce que tu ramènes?

°°°°

-Madame Koenig, annuler mes rendez-vous de l'après-midi et reportez les à la semaine prochaine.

Orphely raccrocha le téléphone de son bureau et regarda son patron.

-Puis-je savoir pourquoi?

-J'ai une urgence, dit-il en déposant un dossier sur sa table. Personnelle, il précisa en retournant dans son bureau d'un pas pressé.

La secrétaire haussa des sourcils mais elle obéit. Elle annula tous les rendez-vous de son patron et les replaça à des créneaux de la semaine prochaine, ce qui lui prit un certain temps puisqu'elle devait à chaque fois les concorder avec le client. À la pause du midi, elle rejoignit ses collègues, Vince et Chris, pour déjeuner.

-Salut, salut, dit-elle en s'asseyant à une table de la cafétaria de l'entreprise.

-Hey, belle demoiselle, dit Vince. Dis-donc, t'es bien joyeuse aujourd'hui!

-Ah bon? Fit-elle en sortant son repas de son sac.

-Non pas que tu sois aigrie d'habitude, répliqua Chris, mais ton visage est beaucoup plus radieux.

-Si vous le dites...

Elle commença à manger avec un sourire énigmatique et les deux hommes échangèrent un regard interrogateur.

-Qu'est-ce que vous avez fait de votre week-end? Demanda Orphely pour changer de sujet.

-Oh, j'ai travaillé comme un fou! Vince s'exclama en levant les mains au ciel, se voulant dramatique. Sérieusement, Monsieur Cunningam numéro deux est un vrai tyran!

-Ah ouais?

-Je le dis. Son frère a l'air plus cool. Quand je suis avec lui, j'ai l'impression de passer un bon moment avec un ami, alors qu'avec Cunningam numéro deux, c'est à peine si je peux souffler.

-Faut le comprendre, intervint Chris, il est le plus jeune entrepreneur du pays, les gens parlent beaucoup et il est un peu en compétition avec son grand frère. Alors, forcément, il doit être irréprochable.

Orphely baissa les yeux sur son plat. Les multiples fois où elle avait vu Orwell travailler depuis quelques semaines, c'est vrai qu'il était toujours très concentré, à fond dans sa tâche et qu'il comportait comme un vrai dirigeant. Mais elle n'avait jamais vu ce côté tyrannique que tout le monde décrivait.

Et puis, son patron n'était pas aussi cool qu'on le disait non plus. Elle était persuadé qu'il était beaucoup plus bosseur que son petit-frère, pour avoir travaillé avec les deux.

-Je sais, je sais, dit Vince en soupirant. On est tous jeunes, on veut tous bien faire, mais s'il continue comme ça, il va devoir engager un deuxième secrétaire! Me donner un assistant!

-Tu abuses, je suis sûre que Orphely ne se plaint pas.

-Bah, c'est mon job et j'aime le faire.

-Ouais, comme ton boss est sympa...

Les trois collègues passèrent leur pause à discuter tout en déjeunant. Les deux hommes remarquèrent sans mal qu'Orphely avait décidé de s'ouvrir un peu plus et ils en étaient très contents. Elle qui s'évertuait à cacher sa vie aux yeux de tous, elle leur avait donné accès à quelques éléments de son passé, ses inquiétudes et ils les avaient reçus sans pitié. Enfin, ils se séparèrent lors de reprendre le travail.

Vince et Orphely retournèrent à l'étage de leur bureau où monsieur Cunningam numéro deux es attendaient, les bras croisé tapant du pied sur le sol. Orphely, en le voyant, se dit que finalement, Vince avait peut-être raison.

-Monsieur Cunningam? Demande Vince en souriant quand ils arrivèrent devant lui.

-N'avons-nous pas rendez-vous à treize heures trente sur le site du laboratoire Chesnel? Dit-il d'un ton piquant.

-Bien sûr!

-Et pourtant, vous revenez de votre pause à treize heures dix alors que nous avons une trentaine de minutes de route.

Vince échangea un regard avec son amie.

-Désolé, j'appelle le chauffeur et je prends mes affaires!

Vince entra dans son bureau alors qu'Orwell soupirait en sortant son téléphone de sa poche. Il leva son regard vers Orphely qui ne bougeait pas, un sourcil relevé. Elle le détaillait sans retenu, appréciant sa beauté et sa carrure, son joli costume noir et gris qui lui allait si bien.

-Vous avez besoin de quelque chose mademoiselle Koenig? Demanda-t-il.

Un frisson parcourut le dos de la secrétaire. Le ton qu'il employait était très professionnel. Orwell savait très bien faire la différence entre sa vie professionnelle et sa vie personnelle. Au travail, Orphely était son employé, pas une fille avec qui il voulait une relation sérieuse.

-Non, non, dit-elle en se raclant la gorge pour reprendre contenance. Passez une bonne journée.

Elle fila dans son bureau, le cœur battant et les joues rouges.

Vers vingt heures, alors que l'étage se vidait à vive allure, Orphely terminait tout juste ses tâches quotidiennes. Fatiguée, elle rangea les derniers documents, éteignit son ordinateur et prit ses affaires. Elle sortit de son bureau, le ferma à clé, et elle marcha jusqu'à l'ascenseur. Alors que la machine opérait sa descente, elle reçut un message de son deuxième patron.

"Je te rejoindrais chez toi dans une heure. J'apporte le diner. Bisous"

Elle sourit en lui répondant.

"Je ferais le dessert. Bisous."

Quelque part, dans la ville de Mangrov City, Orwell sourit en lisant le message de son amie.

Ps: J'aime ton corpsWhere stories live. Discover now