Moyenne section

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Et ce fut ainsi toute l'année. Ses camarades se moquaient d'elle à chaque fois qu'ils en avaient l'occasion, la mettant à l'écart tout le temps.

Mais si Orphely passa sa première année d'école toute seule, elle se fit bien une amie, Julia, qui la supportait comme elle pouvait, mais souffrant de l'ostéogenèse imparfaite, la maladie des os de verres, elle était aussi victime de harcèlement.

Orphely ne l'avait pas choisi comme ami car elle était physiquement plus faible qu'elle, mais parce que Julia avait su se montrer délicate et aimable envers elle. Toujours à l'écoute de son amie, elle se défendait à coups de remarques bien placées contre ses petits diables qui lui servaient de camarades de classe, même si cela n'empêchait pas ceux-ci de revenir à la charge.

À toutes les deux, elles faisaient une belle paire de faibles. Les maillons faibles de la classe. Le gros mouton noir et l'handicapée, ainsi qu'on les nommait.

Et le corps enseignant dans tout ça? 

Rien. Niet. Nada. 

Ils faisaient tous la sourde oreille. Ce ne fut seulement quand les parents de Julia firent un scandale au sujet des moqueries que leur fille subissait qu'ils décidèrent de faire quelque chose.

Pour elle. Pas pour Orphely.

Ainsi, Julia ne se fit plus embêté, juste de petites piques une ou deux fois dans l'année de moyenne section, mais jamais rien qui pouvait faire déplacer les parents de chez eux jusqu'à l'école.

Orphely ne fut pas épargner durant l'année, elle ne cessait de se plaindre à sa maîtresse et quand celle-ci, agacée, lui répondit un jour qu'elle devrait d'abord s'occuper de son poids que de ses problèmes à l'école, cela eu fin de l'achevé. Elle se rendit compte qu'elle n'aura le soutien de personne et qu'elle ne pouvait compter que sur elle-même et sa meilleure amie.

À quatre ans, elle n'était pas censé voir à quel point l'humain pouvait être dur, mauvais et haineux. Ça n'était pas un âge pour découvrir toutes les méchanceté de l'homme. Pas un âge pour se sentir laide juste à cause de sa corpulence, juste à cause du fait que la société favorisait les femmes minces. Pas un âge pour se dire qu'il valait mieux être seul que mal accompagné.

Elle ne l'était pas complètement pourtant. Elle jouait le plus souvent avec Julia, et quand celle-ci n'était pas là, elle se retrouvait alors seule. Personne ne s'occupait réellement d'elle, à part sa meilleure amie.

Et ce petit garçon.

Ce petit garçon qu'elle rencontra au milieu de l'année, toujours en moyenne section.

Ce petit garçon à la peau chocolat qu'elle aimait bien et avec qui elle jouait parfois. Ce petit garçon aux courts cheveux noirs, aux yeux brillants d'un marron foncé, au visage doux et angélique. Ce petit garçon qui voulait toujours travailler avec elle, jouer avec elle, parler avec elle, à chaque fois qu'elle était seule. Il se faisait lui aussi embêté, vu qu'il jouait avec Orphely et Julia, mais ça ne durait pas longtemps et surtout, c'était rare.

Orphely se demandait souvent pourquoi il ne faisait pas comme tous ses autres camarades, pourquoi il n'était pas méchant avec elle. Pourquoi il jouait avec elle uniquement lorsqu'elle était seule, pourquoi pas tous le temps?

-Coucou, Orphely!

-Salut, Orwell. Ça va?

-Je vais bien! Mais tu peux m'appeler Oneel!

Oneel, c'était comme ça qu'il s'appelait, que ses amis l'appelait. Car en réalité, il se nommait Orwell, mais comme cela était trop compliqué à prononcer pour ses camarades, ils avaient décidé de le renommer avec l'accord du brun.

Orphely trouvait ça drôle que leur noms commencent tout deux par un O. Elle appréciait bien son petit camarade, mais elle ne ressentait rien de plus que de l'amitié envers lui.

Ce qui n'était pas le cas pour Orwell.

Il avait eu une chance de lui avouer son amour, un jour, alors qu'ils étaient seuls pendant la récréation. Ils jouaient comme d'habitude sur la balançoire, Orwell poussait sa camarade avec joie et elle rigolait de bon cœur. Puis ils s'étaient lassés et ils avaient décidés de se reposer un peu. Le petit garçon rougissait de la proximité de la brune.

-Tu sais Phely (il l'appelait ainsi car lui non plus n'arrivait pas à prononcer les r correctement), moi, je te trouve très jolie.

-Ah bon? la petite fille souria grandement.

-Oui! J'aime bien tes cheveux!

-Merci! Mais les autres, ils disent que je ressemble à un mouton...

-Ne les écoute pas! Tu es belle, moi je t'aime bien!

Ce n'était pas ce qu'il voulait dire. Pas de cette manière là. Mais Orphely comprit. Elle comprit qu'elle comptait beaucoup pour le petit garçon.

Ps: J'aime ton corpsWhere stories live. Discover now