10- Problème

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« Qu'est-ce qu'il s'est passé, pour que tu perdes le contrôle ? »

Ces mots résonnent dans ma tête. Ces mots, je ne voulais pas les entendre. C'est la question que je redoutais. Me voilà prise au piège, et sans moyen de m'y échapper. Je n'ai pas le choix. Il me faudra malgré que je haïsse cela parler de mes émotions.

Je n'ai jamais trouvé que parler de nos émotions était une mauvaise chose. Mais en grandissant avec l'obligation de les garder pour moi, il m'est maintenant impossible d'en parler normalement.

Je regardai Mattheo, il me regardait d'un regard que seule moi avais le droit de voir. Un regard plein de compassion, c'était ce regard que je fixais. Je savais qu'il avait compris que tout cela avait un lien avec un sujet interdit.

Je m'aperçus alors, à quel point il avait changé. Si tout cela s'était passé, il a deux ans, il aurait déjà perdu patience en me voyant incapable d'expliquer. Et cela aurait fini en engueulade. Mais maintenant, c'est différent. Je suis différente, il est différent nous sommes... différent.

Les larmes commencèrent à couler sur ma joue sans que je ne puisse rien ni faire. Habituellement, je gère très bien mes émotions, mais depuis mon arrivée, je ne peux les gérer dès qu'il est question de mon frère.

Je détournai la tête pour éviter qu'il ne voie mes larmes. Mais cela ne servit à rien, car j'éclatai en sanglots.

Tout était de ma faute.
TOUT !

C'était de ma faute s'il a eu un incendie. Si j'avais contrôlé mes émotions, j'aurais donc aussi contrôlé mes pouvoirs. Et si la dernière fois que j'ai vus mon frère je ne l'avais pas engueulé, je n'aurais pas eu ces sentiments. Si je ne l'avais pas, engueuler notre relation serait la même. Si notre relation était restée la même, je n'aurais pas vécu tous ses chocs et émotions fortes, en le revoyant et en entendant. Et donc, je n'aurais pas déclenché un incendie.
TOUT EST DE MA FAUTE !

J'ai créé un cercle infernal, tout ce qui s'est passé est de ma faute.

Je pleurai de plus en plus. Je suis une personne horrible. Pendant deux ans, j'ai mis la majorité de la faute sur Mattheo. Pour moi, c'était à Mattheo de faire les premiers pas. « C'était à Mattheo de s'excuser, c'est lui qui a ruiné notre relation, il aurait dû prendre de mes nouvelles s'il tenait tellement à moi, » tout ça, tout ce que j'ai pensé c'est des mensonges.

Tout ce que j'ai pu penser pendant deux ans était des mensonges et rien d'autre.

J'avais tellement honte de moi que contrôler mes émotions me semblait inutile. Mon père dit que pleurer c'est pour les faibles, et c'est ce que je suis. Une personne faible. Pleurer devient alors pour moi une obligation.

Pleurer est la seule chose que je sais faire à présent. Je n'avais plus honte de dévoiler mes émotions, car j'étais à présent la honte en personne. J'étais la honte de ma famille. L'inculte et incapable Riddle. Mon frère et mon père pouvaient avoir honte de moi. Honte, que je suis faible, et incapable de contrôler des pouvoirs. Les raisons pour lesquelles il pouvait avoir honte de moi étaient longues, très longues.

Mattheo s'avança vers moi et me prit dans ces bras. Aussitôt, je me sentis mieux. Je me sentais en sécurité. Serrer mon frère dans mes bras m'avait manqué.

En deux ans, personne ne m'avait donné un câlin. Avant, chaque fois que Mattheo s'apercevait que je n'allais pas bien il me serrait dans ses bras. C'était tellement réconfortant et cela m'avait réellement manqué. Je cessai lentement de pleurer. Mattheo desserra son étreint et me regarda droit dans les yeux.

Je sais que nous nous sommes perdus de vue, mais je suis là avec toi comme avant. Dis-moi ce qui ne va pas. — me dit-il calmement.

C'est moi le problème. dis je

Qu'est-ce que tu racontes ? — me dit Mattheo

Je sais qu'on a dit qu'on allait simplement oublier tout ce qu'il s'est passé, il y a deux ans, mais moi je ne peux pas faire comme si de rien n'était. Dis-je en éclatant de nouveau en sanglots.

—  C'est ça qui te met dans cet état ? me demanda-t-il surpris

— C'est juste que je viens de réaliser que si l'on s'est perdu de vue c'est de ma faute. Pendant deux ans, je me suis convaincue que tout cela était de ta faute. Mais j'avais faux. Ce n'a jamais été de ta faute que je reste au manoir. Et jamais je n'aurais dû me chicaner avec toi pour cette stupide raison. Je me disais que si a ton départ, on aurait été en meilleur terme, peut-être on aurait continué à se parler. On aurait pu s'écrire des lettres. Un truc du genre. Et te voir et réaliser à quel point tu as changé me fait mal. J'ai l'impression de ne pas te connaître et ça me tue de l'intérieur, puisque je sais à présent que jamais plus notre relation ne sera comme avant. Je ne connais strictement rien de toi. Dis-je d'une traite.

— Écoute-moi, tu as raison, notre relation ne sera jamais plus comme avant. Mais on a vieilli et elle sera encore mieux qu'elle l'était auparavant. Me répondit-il.

— Tu ne m'en veux pas ? demandais-je

— Il n'a aucune raison pour laquelle je t'en voudrais. Me dit-il un sourire en coin.

Soudain, son visage changea.

— Est-ce que ça va ? Lui demandait je

— Tu sais quand tu as parlé de rester en contact, tu voulais dire que toi tu aurais voulu ? Me questionna-t-il

— Bien sûr que oui, tu pensais quoique je ne voulais plus te parler ? — dit je avec un sourire mi —amusé

Son visage resta encore figé et sans émotion. Je ne comprends pas vraiment ce qu'il lui arrive. Je le vois, qu'il y a un problème, mais je ne vois pas lequel.

— C'est quoi le problème ? Lui demandait je

Rien. Il n'a aucun problème. Me répond-il

C'est yeux, m'affirme le contraire. Il bouillonne de colère je le vois, mais le pourquoi m'échappe.

Pas méchant, Juste blesséWhere stories live. Discover now