Chapitre 53

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   Je me souviens les histoires de princesses que me lisait ma mère le soir avant que je ne trouve le sommeil. Puis les histoires d'amour passionnantes que je lisais dans les romans de jeunes adultes que je dévorais sur mon temps libre. Au collège, au lycée, à l'université. Je rêvais d'une histoire d'amour pareil. Aussi passionnel, aussi fusionnel. Les papillons dans le ventre, le cœur qui s'affole à n'en plus pouvoir. Ma mère a certainement connu ce genre d'amour avec mon vraie père. C'est comme ça qu'elle me le décrivait, finalement. Je crois que ça n'a jamais été vraiment le cas avec Grégory. Leur amour est bien différent. Pourtant, je les admire tout autant.

Il a été comme sa bouée de sauvetage. Elle n'allait pas bien du tout, souffrait de devoir sacrifier sa vie de maman au profit de sa vie professionnelle. Elle devait souffrir de voir l'homme qu'elle aimait, qui l'avait aider à construire une partie de sa vie, construire la sienne avec une autre femme qu'elle, malgré ma venue au monde. J'ai soudain la nausée en pensant au chemin identique que je suis en train de prendre malgré moi. J'ai détesté ma mère autant que je l'ai admiré pour le choix de carrière qu'elle avait fait. Pour avoir privilégié sa vie professionnel en dépit de sa vie familiale. Savoir que j'en prend le chemin me rend malade. M'imaginer Charles à nouveau aux côtés de Charlotte pendant que je devrais m'occuper de cette chose qui grandit en moi et dont je ne voulais pas achève de me tourmenter et je ne fais pas attention aux regards inquiets de mes deux parents lorsque je me mets à courir dans le couloir où se trouve les toilettes les plus proche. Je ne sais pas vraiment combien de temps je reste enfermé dans cette petite pièce exiguë avant que la voix de ma mère ne résonne derrière la porte.

- Tout va bien, mon cœur ? Elle fait une pause en espérant que je réponde. Je t'ai amené un verre d'eau.

Je ne prends pas la peine d'effacer les horribles traces noires de mascara mélangées à mes larmes salées qui dévalent sans que je ne puisse les en empêcher mes joues, avant d'ouvrir la porte. Le visage de ma mère qui tient effectivement un verre d'eau dans sa main se décompose d'inquiétude. Je tiens encore mes cheveux pour éviter de les salir et ne les détache que pour tirer la chasse d'eau avant qu'elle ne s'aperçoive de la raison pour laquelle je me suis précipité ici. Ma mère laisse tomber le verre d'eau sur le parquet avant de s'accroupir face à moi, et cette fois je ne contrôle pas les sanglots qui secouent mon corps tout entier. Elle doit avoir compris que je ne suis pas malade uniquement parce que je suis enceinte, parce qu'elle me chuchote à l'oreille que ça finira par passer. Sauf que je sais que non.

Je ne sais pas combien de temps nous restons assise sur le sol toutes les deux. J'ai la tête posée sur son épaule et elle emprisonne mes mains dans les siennes pour tenter de stopper leurs tremblements incessants. Parfois, elle lève mes cheveux détachés quand j'ai des hauts le cœur. Je n'arrive pourtant à ne rien vomir. Plus rien ne sort. Je n'ai plus rien dans le corps. Je n'ai plus la force non plus. Je me sers du seule papier que j'ai sous la main pour sécher mes larmes quand elles s'estompent enfin et j'essaie de me redresser avec l'aide de ma mère dont le visage est étirée d'un sourire qu'elle voudrait rassurant. D'habitude, c'est Grégory qui s'occupe de mes chagrins. Et ce depuis qu'il est arrivé dans nos vies, à toutes les deux. Ce soir, je n'aurais voulue personne d'autre qu'elle et je lui en suis reconnaissante d'avoir été celle que j'espérais qu'elle soit. Ma mère resserre son étreinte autour de mon corps secoué et prend une grande inspiration.

- Tu sais que ça ira, n'est-ce pas ?

Je l'observe sans vraiment comprendre, me redresse légèrement et la laisse poser ses deux mains contre mes joues. Elle en profite pour sécher mes larmes en glissant ses pouces contre. Je la laisse déposer un baiser sur le bout de mon nez.

- Ça a été pour moi.

Elle a les larmes aux yeux, et sa lèvre inférieur tremble légèrement. Ça a été pour elle. Mais à quel prix ? Je n'ai pas vraiment souvenir de l'avoir vue vraiment heureuse dans sa vie. Elle aime Grégory, je le sais. Je le vois. Mais elle ne l'aimera jamais autant qu'elle a aimé celui qui lui a donné la chance de pouvoir m'élever. De pouvoir me mettre au monde. J'essuie la larme qui coule contre sa joue avant qu'elle n'est le réflexe de le faire et son sourire s'agrandit.

- Tu prends le même chemin que moi, commence-t-elle en grimaçant légèrement, mais tu n'es pas comme moi.

Il règne un silence de plomb dans la pièce pendant les quelques secondes douloureuse qui suivent. Ma mère à les larmes aux yeux et sa tristesse me fend le cœur. Elle retire ma pince des cheveux avant de passer sa main dedans pour les remettre en place et soupire.

- Allez, elle me secoue rapidement, tout va bien. Tout ira bien. Papa et moi on est là pour toi. Pour vous, maintenant. Je te le promet.

Je hoche de la tête frénétiquement pour approuver, et tenter de me convaincre à mon tour. Chose que j'arrive parfaitement à faire pour le reste de la soirée. Je la passe en leur compagnie, à tenter de manger ce que ma mère nous a préparé dans la bonne humeur. Je passe le plus clair de mon temps les jours qui suivent à m'organiser pour le reste de la saison qui approche plus vite que je ne l'imaginais, avec la boule au ventre à l'idée de le retrouver.

Deux jours avant de reprendre l'avion pour Maranello, Charles m'envoie un message dans lequel ne figure qu'une adresse, suivi de la raison pour laquelle il m'a laissé le trousseau de clé que je ne peux m'empêcher de fixer depuis déjà bien trop longtemps. Le cheval en argent accroché à ce trousseau me donne la nausée et mon cœur loupe son battement lorsque ma mère pénètre dans ma chambre sans prendre la peine de frapper.

- C'est l'heure, mon cœur. 

Tears Of Risk  |  Charles Leclerc Opowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz