Chapitre 8

5.4K 154 13
                                    



Le retour à la réalité à été brutale. Autant que l'a été le trajet en avion turbulant qui nous a fait rentrer chez nous après ce week-end passé sur un nuage paisible. Le ciel était couvert l'après-midi du dimanche et mon visage était livide à chaque nouvelle secousse. J'ai laissé des traces rouges sur les mains de ma mère tellement je les ai surmenés, alors qu'elle-même n'avait pas l'air sereine.

Ce n'était que la deuxième fois que je prenais l'avion de ma vie. La première, mon baptême, c'était passé la veille et sans aucune embuche. À croire que même le ciel n'avait pas envie de nous voir rentrer si tôt. J'ai vue l'une des hôtesse de l'air passer en courant au travers du couloir et j'ai littéralement cru que mon cœur allait s'arrêter de battre. Est-ce que je vous ai déjà dit que je suis une stressée de la vie ? Peu importe. Vous avez dû le remarquer depuis.

Nous sommes rentrées tôt dans le début de soirée. J'avais enfilé un legging et un gros sweat pour être le plus à l'aise possible et j'ai mis ma capuche en sortant de l'avion sous les quelques gouttes qui tombaient à l'extérieur. Puis nous sommes sortis rejoindre mon père qui nous attendait au niveau de l'accueil.

Mon sourire s'est agrandit en l'apercevant et je me suis rendue compte d'à quel point il m'avait manqué en si peu de temps. Nous n'avions pas le même sang, mais ce n'était qu'un détail. Mon père et moi avions toujours entretenu une relation hyper fusionnel qui avait toujours étonné les personnes plus ou moins proche qui nous entouraient. A sa hauteur, j'ai enlevé ma main de la valise que je trainais derrière moi pour rejoindre les bras avide qu'il me tendait pour que je m'y engouffre.

Nous avons mis une trentaine de minutes en voiture pour arriver à la maison familiale que j'avais quand même hâte de retrouver. Papa avait préparé le repas, pour le plus grand désarrois de ma mère. Ça m'a fait rire. Surtout sous la grimace de la blonde à table qui venait à peine de gouter le plat. Mon père a essayé de chercher du réconfort en soutenant de mon regard, mais c'était peine perdue. Son plat était immangeable. Alors on s'est fait livrer, on s'est installé devant la télé, et on a profité d'être en famille. Je ne leur ai rien dit concernant la proposition de Mattia.

J'ai poursuivis ma routine quotidienne. J'ai enchaîné monotonement mes rendez-vous au cabinet, les repas le soir en famille, ou les sorties en mer, au restaurant, à la plage avec les copines. Je n'ai pas envoyé de mail à Mattia. Evidemment, que je rêvais de me rendre sur un circuit. Depuis qu'il m'y a invité je ne peux m'empêcher de croire le démériter. Pourquoi moi, j'avais le droit à ce type de privilège ? Alors je préférais ne pas y penser.

J'imprime la feuille récapitulatif des prochains rendez-vous posé pour le patient assis en face de moi. Je lui répète les exercices qu'il devra essayer faire au moins une fois par jour jusqu'à notre prochaine séance et le raccompagner à la porte de mon cabinet. L'homme passe un temps fou à me remercier, le répète plusieurs fois et termine par me souhaiter une bonne journée. Je souffle quand il sort enfin du bâtiment.

- Monsieur Maranello ?

J'appelle mon prochain patient en glissant un regard dans la salle d'attente presque vide en fronçant les sourcils. Maranello. Comme la ville. Ça me fait sourire. Une chaise crispe contre le sol carrelé et j'observe l'homme plutôt imposant qui se redresse. Il porte un sweat et ne prend pas la peine de baisser sa capuche. Il porte des lunettes de soleil et un masque recouvre ses lèvres. Je me décale pour le laisser entrer et lui indique de s'asseoir avant de fermer la porte derrière lui.

- C'est un peu compliqué de trouver une disponibilité avec toi, Livia.

Je loupe un battement de cœur et me fige. Il ne me faut pas beaucoup de temps pour reconnaître le ton de voix et l'intonation de l'énergumène assis sur la chaise face à mon bureau. Il enlève la capuche de son sweat, sa paire de lunette de soleil et se retourne vers moi, son sourire creusant ses adorables fossettes.

Tears Of Risk  |  Charles Leclerc Where stories live. Discover now