Chapitre 23

4K 128 12
                                    


   Je me fais violence pour sortir de mon lit pour le reste de la semaine. Je n'ai pas parlé à Charles depuis sa venue au cabinet et ça m'empêche presque de dormir la nuit. Je suis épuisée, affaiblie, et contrariée. Je suis une plaie pour mes deux parents impuissants. Irritable au possible. Ma mère ne supporte pas mon attitude. Mon père s'en rend malade parce qu'il ne comprends pas mon profond mal-être. Quant à moi, je me déteste. Je me déteste pour celle que je suis face à eux, je me déteste d'être dans cet état. Je m'en veux de vivre encore ça et j'en veux à la terre entière.

Je n'ai pas répondu à Hervé quant à la présence de Charles dans nos locaux le lendemain quand il me l'a demandé, et il n'a pas insisté en s'apercevant de la mine affreuse que j'arborais. Il m'a demandé s'il y avait quelque chose entre Charles et moi et j'ai bien cru failli l'étriper. A la place, je me suis contenté de secouer la tête en mimant une grimace de dégout qui ne l'a pas fait rire du tout et j'ai refoulé une nausée pour une toute autre raison. La situation me rendait malade pour de vrai. Je me suis raccroché désespérément à mes rendez-vous planifiés pour avoir l'esprit occupé mais ça n'a pas eu un franc succès.

J'ai fais bonne figure le samedi après-midi sur le canapé familiale devant les qualification du grand-prix d'Espagne. Ma mère ne voulait pas croire que j'étais fatiguée au point de louper un grand prix de cette façon. Alors j'ai dû prendre sur moi pendant plus d'une heure. Ravalant mes larmes en apercevant les prunelles concentré du pilote Ferrari dont les images défilaient sur notre télé.

Mon calvaire a duré jusqu'au lendemain soir. J'ai écouté avec difficulté les journalistes discuter de longues minutes sur le début de saison plutôt chaotique de Charles et de son résultat particulièrement décevant des qualifications de cette semaine. Ils ont aussi parlé des résultats de la course d'avant et j'ai eu envie d'éteindre la télé. Je n'ai rien dit quand mes parents en on fait un débat que je n'ai écouté que d'une oreille et je n'ai pu retenir mes larmes en apercevant la mine déconfite de celui pour qui j'avais développé des sentiments.

J'ai essuyé les traces humides de mes joues par le revers de la manche de mon sweet le plus discrètement possible et j'ai dû me lever pour m'isoler. J'ai simplement hocher de la tête à la question de ma mère qui voulait s'assurer que j'aille bien et je me suis enfermé dans la salle de bain. Je me suis observée dans le miroir quelques secondes avant de fondre en larme silencieusement. J'ai une mine affreuse. Mes joues sont rose de mes pleurs, mes yeux sont rougies d'humidité et j'ai des énormes cernes presque violette sous mes yeux qui témoigne de mon manque de sommeil inquiétant.

Je ne m'étonne pas de l'inquiétude de mes parents. Au vue de la tête affreuse que j'arbore chaque jour, elle est plus que légitime. J'essaie de me ressaisir. Je m'en voudrais encore plus de ne pas assister à la course dans sa totalité, aussi douloureux que ça le serra. Mon père tape à la porte en m'appelant doucement par mon prénom et j'observe l'écran de mon portable. La course ne débute que dans dix minutes mais je sais qu'il n'est pas là pour me rappeler de me dépêcher. Je passe un rapide coup d'eau sur mon visage pour dissimuler mes pleurs et ouvre la porte. La tristesse dans les yeux de mon père quand il m'observe me déchire le cœur.

- Oh, ma petite fille...

Je ne pleure plus, mais ma gorge me brûle plus que jamais. Mon père s'approche de moi et m'attrape dans ses bras. Son odeur m'apaise et sa présence m'est nécessaire. J'aimerais tout lui dire. Pas pour me confier. Mais pour qu'il sache la raison de mon mal-être. Qu'il ne se sente pas coupable. Parce que je ne supporte plus la culpabilité au fond de ses prunelles bleutés.

- Je suis désolé, je me sens obligée de lui dire.

Il resserre notre étreinte et renifle. Cette fois je pleure à nouveau de le savoir pleurer à son tour.

Tears Of Risk  |  Charles Leclerc Where stories live. Discover now