Chapitre 2

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L'aéroport de Bologne est étonnamment pas très bruyant. Ni trop remplie. J'observe les passagers qui nous accompagnaient reprendre leurs valises sur le tapis et se diriger vers leurs proches de l'autre côté de la porte vitrée. A vrai dire, de mon côté, je ne sais pas trop qui chercher. Ni trop où regarder. Ma mère a l'air de s'en charger et je préfère la laisser s'en occuper.

En attendant, j'envoie un message à mon père. Je suis sûre que ma mère ne l'aura pas fait. Je tape sur mon clavier en maintenant ma valise près de moi. Je lui assure que le vol s'est bien passé, bien qu'un peu long, mais je ne le lui dis pas. Je le rassure sur le reste de notre voyage et lui souhaite de passer une bonne journée.

- Ah, s'esclame ma mère en attrapant mon avant-bras, je crois que c'est pour nous !

Je lève les yeux pour regarder dans la même direction qu'elle. Sous nos yeux, une brune au teint légèrement halé agite une pancarte devant elle avec un sourire parfait. Marina et Livia De Luca. C'est donc elle, que l'on attendait. Cette fois, mon cœur se remet à s'affoler. Mais je n'ai pas peur et je ne pense pas être anxieuse. Je suis surexcitée et pressée. J'attends ce jour avec impatience. On s'approche d'elle. Elle a un sourire communicatif.

- Buongiorno, commence-t-elle dans sa langue natale, préférez-vous que je parle dans votre langue mesdames ?

- Nous savons parler et comprendre l'italien, répond simplement ma mère en souriant devant le soulagement de notre interlocutrice.

- Je m'appelle Gloria. Je suis l'une des assistantes du groupe, nous confie-t-elle poliment, je suis en charge de vous pour le restant de votre séjour. Nous ne devons pas tarder, vous êtes attendues au siège pour la visite des lieux.

J'ai le cœur qui s'affole. Si je m'attendais à visiter le siège de la Scuderia Ferrari aujourd'hui ? Pas le moins du monde. Je lance un regard vers ma mère qui me lance un sourire ravie. Son visage transpire de fierté. Tu parles d'un cadeau. Je n'en crois pas mes yeux.

Trêve de bavardage. Gloria observe sa montre et écarquille les yeux. Elle s'active et nous montre le chemin pour sortir de l'aéroport qui a eu le temps de grandement se remplir depuis que nous avons atterri. Elle nous explique qu'il nous faut une bonne heure pour rejoindre Maranello et je commence à me dire qu'on aurait mieux fait de venir en voiture.

L'air lourd de l'extérieur me fait enlever ma veste pour ne me contenter que de mon sweat qui me donne déjà très chaud. Pas le temps d'attacher ma veste en jean autour de mes épaules, Gloria s'impatiente déjà près d'une Ferrari FF aux couleurs de la marque. Cette fois-ci aussi, j'ai dû mal à en croire de mes yeux. Elle ouvre l'avant du véhicule et on y dépose nos deux valises. Ma mère n'a pas l'air de se sentir une seconde privilégiée.

Puis j'y repense. Le front collé contre la vitre fraîche, le regard perdu dans les paysages sous mes yeux, je repense à tout ce qu'il se passe depuis la fameuse lettre. A ce que ça a voulu dire pour moi et à la joie que j'ai vue transparaître dans les yeux émerveillé de mon père et sur le visage de celle sans qui tout cela n'aurait été possible.

C'était le jour de mon anniversaire. Le six juillet. C'était aussi le jour des résultats de mon D.E masseur-kinésithérapeute. J'étais sortie boire un verre avec des copines de cours pour fêter ça, et le soir même, je rentrais fêter ça avec mes parents.

J'étais folle dans le train. Je quittais Paris. Mon petit appartement de dix-huit mètres carré. Je quittais mes amies. Mais j'avais mon diplôme en poche. Je retrouvai mes parents. Mes copines d'enfances. Ma ville d'adoption.

J'ai retrouvé mon père sur le quai. J'étais chargée par mes sacs plus lourd que moi, mais j'ai fondue en larme en tombant dans ses bras. J'ai vue la fierté dans ses yeux et j'ai pleuré tous le trajet. Nous avons passé toute la soirée sur la terrasse. Je leur ai raconté ma vie à Paris, mes études, l'année de médecine, la pression des cours et le niveau d'amission, des stages à l'hôpital et des cas douloureux que j'avais eu à traiter. Ils le savaient déjà. Mais cette fois, je suis entrée dans les détails.

J'ai encore pleuré. J'ai laissé couler mes larmes parce que j'étais heureuse de les retrouver. Parce que j'étais heureuse que ce soit terminé. Je me souviens du regard inquiet que posait sur moi mon père quand je rentrais du stage que j'effectuais sur Nice, quand j'en avais l'occasion. Mon père m'a avoué que ça le rendait encore plus fière de celle que j'étais, parce que je n'ai jamais lâché. Puis ma mère c'est levé.

- Livia, a-t-elle commencé sur le ton de l'émotion, papa et moi on est fiers de toi. Si fiers, qu'on a voulu te le rendre de la meilleure des manières.

J'ai froncé les sourcils. La blonde sous mes yeux m'a demandé de patienter quelques instants. Je l'ai observé franchir la baie vitrée pour disparaître dans la pénombre de la maison familial et j'ai observé mon père en fronçant les sourcils. Il ne m'en a pas dit plus. Il s'est simplement contenté de me sourire fièrement. Ma mère m'a tendu une enveloppe qu'ils n'avaient même pas ouverte, sur laquelle était noté mot pour mot « Pour Livia, quand elle aura dix-huit ans. »

Je n'ai pas reconnu l'écriture de ma mère. Ni celle de mon père. Je n'ai pas reconnu une seule écriture que je connaisse. En réalité, j'en avais vingt-deux. Mais je suppose qu'elle ne me l'a pas donné tout de suite pour une raison en particulier. Les mains tremblante, j'ai attrapé la lettre en essayant d'apaiser les battements de mon cœur. J'ai observé ma mère s'asseoir sur sa chaise fébrilement. J'ai regardé mon père fuir mon regard et l'air s'est alourdi. J'ai sorti le papier froissé par le temps de son enveloppe et j'ai commencé à lire. C'était en italien.

« Cher Livia,

Tu ne sais pas qui je suis et tu dois probablement te le demander. Peut-être que tu te poses des questions que depuis peu de temps, peut-être depuis toujours, ou peut-être le découvres-tu en lisant ses quelques lignes.

J'ai rencontré ta mère à notre apogée. Nous étions carriéristes, tous les deux. J'avais de grandes choses à accomplir professionnellement parlant, et ta mère aussi. J'avais une vie de famille à gérer dans le contre temps.

Ta mère et moi travaillons dans la même équipe. La même entreprise. Nous avons eu une liaison tous les deux, qui n'a pas duré longtemps. Elle m'a annoncé qu'elle était enceinte d'une petite fille et ça a été une merveilleuse nouvelle.

Je ne veux pas que tu en veuilles à ta mère, Livia. Si elle t'a caché mon existence, que tu le lui ai demandé, ou parce qu'elle n'a pas juste pu t'en parler, c'est parce que c'est moi qui le lui ai demandé. J'avais une famille. Deux enfants. Une fille et un fils.

Je ne veux pas que tu en veuilles à Marina. Je ne veux pas que tu en veuilles à Grégory, il a été le père que je n'ai pu être pour toi. Si tu lis cette lettre, Livia, c'est que j'ai obtenu la possibilité de te faire venir à la Scuderia.

Je ne veux pas que tu saches qui je suis, mais je veux que tu saches que j'ai toujours été là pour toi, et que je continuerais de l'être autant qu'il le faudra. Nous ne nous verrons pas, ce jour-là. Mais je voudrais que tu puisses suivre nos pas, à ta mère et moi. Connaître notre histoire. Ton histoire. C'était mon souhaits, et j'espère qu'il sera le tiens à toi aussi.

En espérant que tout aille bien pour toi,
Ton papa. »

J'ai eu la nausée. J'ai posé un regard sur ma mère qui a détourné son regard. Puis je l'ai posé sur mon père qui lui l'a soutenu. Était-il au courant ? Evidemment qu'il était au courant qu'il n'était pas mon père biologique. Je le savais aussi. Mais était-il au courant du contenu de cette lettre ?

J'ai laissé un sanglot sortir de mes lèvres et ai baissé la tête sur la feuille baignée de mes larmes qui n'avaient cessé de couler lors de ma lecture. Mon père s'est levé pour venir me serrer contre lui, et je m'y suis agrippé comme une moule à son rocher.


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