Chapitre 39

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   Ma mère m'observe avec un sourire satisfait et je sais que tous les regards sont sur moi. Chiara bouge contre moi et je voudrais qu'elle se réveille pour que je puisse avoir une bonne raison de détourner l'attention de tout le monde sur moi. Le fait est que j'espérais avoir une semaine supplémentaire avant de me confronter à la réalité des faits. Quoi qu'il arrive, maintenant, je fais partie des rangs de la Scuderia Ferrari et mon désaccord avec Charles n'y changera pas grand-chose. Seulement, je ne suis pas prête pour le confronter dès demain et encore moins sur un circuit accompagné de mes deux parents. Je sais qu'ils attendent tous que je dise quelque chose. Alors je me contente de forcer un sourire en essayant de me convaincre que je pourrais ne pas le croiser. Du moins, je l'espère. Mon père nous explique qu'on y passera le week-end et mes chances que ce soit le cas s'amenuise.

- Cache ta joie, plaisante durement ma mère en m'observant dans un demi sourire.

Je bouillonne. Je ne supporte pas son petit ton piquant et elle est très bien au courant. Personne ne sait ici à quel point elle est contre ma nouvelle carrière professionnelle mais elle a bien trop de fierté pour l'avouer. Quelle genre de mère elle serrait si elle ne soutenait pas sa fille ? Surtout devant la famille de mon père. Je la fusille du regard et mon père se tortille nerveusement.

- Quoi ? Je lance brutalement. Ça te plaît maintenant que je sois sur les circuits ?

Ma reproche fais froncer les sourcils de tout le monde attablé. Cette fois, mon père a baissé la tête et Chiara pleure pour aller dans les bras de son père. La tension est palpable entre elle et moi et elle a clairement l'air étonné que je puisse l'attaquer de cette façon. Je vois bien qu'elle ne sait pas trop quoi me répondre pour ne pas s'enfoncer plus.

- Et toi ça ne te plaît plus ? Elle renchérit en prenant une taffe sur la cigarette qu'elle vient d'allumer.

Elle vient clairement de s'enfoncer encore plus. Ma grand-mère tape sur le bras de sa propre fille pour la réprimander et ça me fait de la peine qu'elle assiste à ça. Elle à un ton cinglant et un regard mauvais. J'observe son verre de rosé remplie face à elle et je comprends. Le truc c'est que ma mère ne sait pas boire. Elle ne supporte pas l'alcool, et elle est complètement stupide sous son emprise. Elle se retourne vers l'homme debout qui l'observe avec rage avec qui elle a passé le plus clair de sa vie. Et cette fois elle va trop loin.

- C'est une idée de toi Greg ? Demande-t-elle avec dédain. Ou c'est encore une idée de son père ?

Je manque de m'étouffer avec ma propre salive. J'ai les larmes aux yeux et je ne peux m'empêcher ce qui suis. Sans vraiment réfléchir, et sous le regard de tous, j'attrape son verre de vin remplie et lui jette à la figure. Mon père est autant choqué de mon geste que de ses mots à elle et tout le monde nous observe tous les trois. Cette fois je pleure pour de vrai et c'est un mélange de tout. Je pleure de rage, de nerf, de frustration et de contrariété. Personne n'essaie de me rattraper quand je sors de table. Pas même mon père qui, je le vois d'ici, boue de rage. J'entend ma mère se plaindre de mon geste auprès de lui pour qu'il fasse quelque chose mais il se contente de lui demander violement de se la fermer.

J'ai presque le sourire aux lèvres quand je monte quatre par quatre les escaliers qui me mènent à ma chambre à l'étage et je m'effondre dans mon lit en coinçant mon visage contre mon oreiller pour crier. J'ai du mal à respirer et mes membres deviennent douloureux tant ils tremblent. Mon cœur est douloureux et j'ai la tête qui tourne.

Cinq choses que tu peux voir autour de toi. Quatre choses que tu peux entendre. Trois choses que tu peux sentir. Deux choses que tu peux sentir par l'odorat. Une chose que tu peux gouter.

Tears Of Risk  |  Charles Leclerc Where stories live. Discover now