Robe noire

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     Comme se tirant hors d'une gigantesque pile de sable, Eddie quitta l'inconscience avec la terrible impression d'avoir la tête enfermée dans une bulle. Tout était encore lointain et son corps donnait l'impression de flotter, ne réagissant que grossièrement aux commandes que lui envoyaient son cerveau. Il ne su pour le moment que papillonner des yeux, et peu ensuite il pivota sa tête de gauche à droite pour prendre connaissance de son environnement. Le Capitaine sentit maintenant son dos traversé par le froid provenant du sol sur lequel il était allongé, et ses yeux s'habituaient à la faible lumière qui éclairait son espace.
     Ignorant la douleur lancinante dans son épaule, le jeune homme se redressa assis pour s'assurer qu'il ne rêvait plus. Cet endroit était une cellule, et il ne lui fallut pas bien longtemps pour en reconnaître l'aspect. Il ignorait si il s'agissait de la même ou d'une jumelle, mais quatre ans plutôt c'était à cet endroit qu'il avait subit des tortures et que sa vie s'était terminée. 

     - Nom de Dieu..

     L'angoisse tordit l'estomac de Eddie qui pinça ses lèvres comme un enfant, ramenant ses poignets ferrés contre lui dans un bruit de métal s'entrechoquant. La gorge du pirate se serra, peinant à laisser passer un déglutit alors que la nervosité le gagnait de plus en plus. Une fois encore, le garçon se sentait perdre pied face à ses démons et la peur s'immisçait en lui pour s'envelopper autour de son cœur. Cette fois-ci, le jeu n'était pas le même qu'à l'époque. Ses ennemis n'allaient pas l'éliminer dans le plus grand des silences, lui offrant ainsi une chance de s'échapper. Non. D'ici vingt-quatre heures tout au plus, il serait exécuté sur la place publique.
     A cette pensée, le Capitaine n'eut pas d'autre écho à sa réflexion que celui d'une mort indigne et déshonorante. Il refusait de finir ainsi et quitte à mourir, autant le faire par choix et de sa propre main. Alors il porta ses fers jusqu'à sa ceinture, cherchant sur lui la bouteille qui le libérerait de son tragique destin. Mais en tapotant au long de sa taille, Eddie réalisa qu'on lui avait retiré tout ses effets personnels. Adieu son épée, sa dague, sa longue vue, son poison, et..

     - Mon rhum.. Satané boucs, ils m'ont subtilisé la seule chose qui aurait pu me rendre la pendaison moins pénible..

     Le garçon soupira profondément, tentant enfin de se lever maintenant que son corps répondait correctement. Il le sentait douloureux de ses combats et de sa dégringolade dans les marches, mais fort heureusement Eddie parvenait encore à se mouvoir plutôt normalement. Le jeune homme se posta sous la fenêtre, essayant d'évaluer si il pouvait faire quelque chose de ça ou non. Il prit un peu de recul pour vérifier si il pouvait monter d'une quelconque façon, et il repéra quelques points d'accroche qui lui permettraient effectivement de grimper. Ignorant une nouvelle fois la douleur dans son épaule, il se mit à se hisser comme possible malgré ses fers réduisant drastiquement ses gestes.
     Par miracle il parvint à grimper jusqu'en haut, venant maintenant se retenir aux barreaux pour diminuer ses risques de tomber. Il observa à présent dehors, priant pour y apercevoir n'importe quoi qui lui permettrait de se sortir de là. Dans un premier temps la lumière l'aveugla, il faisait grand jour dehors et le soleil était à son pic dans le ciel. Mais ses yeux s'habituèrent rapidement et il fut en mesure de voir que sa cellule faisait rase d'un chemin de promenade bordant une partie du jardin des Cunningham qu'il avait autrefois arpenté avec sa promise. Un soupire nostalgique lui gonfla la poitrine, continuant de balader son regard sur ce que l'extérieur avait à offrir. Et il aperçut alors ce qu'il ne s'attendait certainement pas à voir, Christine marchant au loin entourée par le Duc ainsi que par Carver, ceux-ci semblant être en balade dans le parc. C'est par réflexe que Eddie se mit à hurler.

     - Chrissy ! Chrissy je suis là ! Chrissy regarde-moi je suis là !

     Le pirate n'avait pas la moindre idée de ce qu'il cherchait à faire en appelant ainsi sa douce, surtout la voyant tant entourée. Mais ç'avait été bien plus fort que lui, le garçon avait ressenti le désir qu'elle sache où il se trouvait. Mais de là bas, la jeune fille ne sembla pas l'entendre. Et c'est tristement qu'il porta une main à son torse pour venir y saisir son pendentif, ce bijou restant le dernier vestige de leurs aventures. Sauf que.. Eddie ne l'y trouva pas. Le collier n'était plus là. Il ouvrit de grands yeux qu'il abaissa vers son ancienne place, se confirmant qu'il n'en était plus en possession.

Passion des OcéansOn viuen les histories. Descobreix ara