Blanche colla son visage sur la vitre du véhicule et ne dit plus rien sur le restant du trajet. Elle avait déjà commencé sa nuit sur le siège passager quand James trouva une place où se garer, non loin de l'appartement de Blanche. Elle fit mine de ne pas avoir entendu le moteur se couper, voulant être portée, ramenée jusqu'à son lit. Mais James toqua à la vitre, de l'extérieur, il la regarda d'un air amusé. Raté encore une fois raté, d'abord le bisou dans le couloir puis ça, super. Elle savait pertinemment pourquoi James la regardait ainsi, en se levant, un filet de bave la liait encore à la vitre. Elle prit un malin plaisir à ouvrir la portière droite sans prévenir James pour qu'il se la prenne dans les genoux. Mais elle s'excusa, évidemment, ne laissant aucune trace de ses intentions. Elle prit la main de James, Sonia s'était réveillée, elle était bien moins angoissée que tout à l'heure mais elle ne voulait pas encore lâcher sa main. Cette fois ci, James réagit d'un air surpris, n'avait-il rien dit tout à l'heure car il trouvait ça inapproprié, vu les circonstances? Peut-être que Blanche n'avait pas les mêmes idées que James? Pour être tout à fait honnête, Blanche n'avait absolument aucune idée en tête, elle ne savait pas ce qu'elle voulait avec lui, tout ce qu'elle savait c'était que pour l'instant, elle le voulait lui.

« Encore merci pour tout, James. » comme si le remercier pouvait lui donner une bonne justification quand à la main qu'elle était entrain de caresser sous les airs surpris de son collègue.

Carlos les attendait à l'étage, comme à son habitude, il miaulait seulement quand il avait faim et c'était le cas. Blanche lui sorti de quoi assouvir sa faim, tout pour qu'il se taise, qu'il arrête de miauler et tel fut le cas. Une fois nourri il alla faire ses griffes sur le fauteuil des Blanche avant d'y sauter pour continuer sa nuit.

Il ne fallu pas une seconde de plus pour que James s'écroule et tombe dans un sommeil profond dans le lit de la brune, il était fatigué, Sonia n'était pas son amie et pourtant, il était resté avec eux toute la nuit. Blanche, de son côté, n'arriva pas à fermer l'oeil, elle avait fixé le plafond tellement longtemps qu'elle pourrait se rappeler chaque fissure, chaque défaut de peinture.

" Alors Blanche, j'espère que la queue de ton collègue valait la peine de ne pas suivre les conseils de ta meilleure amie et de par conséquent ne pas lui répondre au moment où elle en avait le plus besoin."

Des paroles aussi meurtrières que la plus redoutable des armes, tranchantes. Des syllabes entremêlées et pourtant capable de meurtrir la plus froide des âmes. L'image de Sonia dans le lit d'hôpital s'était encrée dans son cerveau même si elle se refusait de fermer les yeux, elle la voyait sur son plafond.

« Tu parles comme si ça t'étais arrivé. »

Les images de sa propre personne se mêlèrent à celle de Sonia et des larmes chaudes se mirent à couler sur ses joues. Elle se sentait coupable de repenser à sa situation quand ce que venait de vivre de Sonia datait d'il y a à peine quelques heures. Elle s'efforça de penser à autre chose mais la boîte dans laquelle elle avait mis son anxiété, par rapport à la sensation que lui procurait James, était déjà pleine à craquer, prête à se déverser et noyer l'entièreté de son être. Cette même sensation d'apnée, tout était revenu, donnant l'impression que son matelas allait l'engloutir pour l'étouffer. Blanche voulait disparaître, si c'était le prix pour ne plus rien ressentir, elle le paierait.

Elle se leva doucement, de peur de réveiller son collègue et sortit son carnet qu'elle avait caché dans son armoire. Sous sa pile de vêtement, elle avait disposé plusieurs carnets, chacun correspondant à une année. Les recherches ne durèrent pas longtemps avant de trouver celui qu'elle cherchait précisément, 2016. Elle ouvrit la porte de sa chambre, grinçant des dents quand la porte fit de même, elle se retourna, James n'avait pas bougé. Elle la referma et s'installa les jambes croisées sur le parquet en bois de son salon. Elle retomba sur ses notes certaines lui dessinèrent un sourire sur le visage, le concert de Beyoncé, ses sorties entre amis. Mais sa bonne humeur se dissipa rapidement lorsqu'elle retomba sur la page qu'elle redoutait et cherchait en même temps, la date de sa remise de diplôme : Juin 2016.

Passer le capМесто, где живут истории. Откройте их для себя