chapitre six

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LE RETOUR SUR le rocher est compliqué pour Charles, et il ne se retient pas de le cacher quand Andrea est dans les parages

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LE RETOUR SUR le rocher est compliqué pour Charles, et il ne se retient pas de le cacher quand Andrea est dans les parages. Ayant pris du retard sur leur programme, il doit impérativement le retrouver dans l'après-midi afin de faire une séance d'entraînement complète. L'envie l'a abandonné. Ses journées rythmées ne sont plus aussi revigorantes qu'elles ont pu l'être auparavant, il perd goût à ce sentiment d'accomplissement à la fin d'une série compliquée à réaliser. Perd goût à pratiquer.

Le monégasque a juste envie de retrouver sa famille, sa mère surtout, qu'il n'a pas vu depuis plusieurs semaines puisqu'il évite la principauté. En débarquant dans son appartement, la boule dans son ventre ne l'a pas quittée. Cela lui donne presque la nausée.

Des pas se font entendre aussitôt la porte ouverte, et Charles est effrayé par ce qu'il peut se passer. Ses sentiments et émotions se battent dans son crâne pour savoir laquelle ressortira vainqueur. L'amour triomphe toujours, selon l'expression.

— Tu m'as manqué ! Chloé se jette dans ses bras et l'étreint en lui montrant tout l'amour du monde.

Charles y croit. Ses paroles, il les boit. Même quand ses sens sont aux abois.

Lorsqu'il l'embrasse, c'est son corps entier qui s'embrase, ce qui est atteint n'est rien d'autre que l'extase alors...

Pourquoi cet effroi ?

— Je croyais que tu restais plus longtemps à Maranello.

— Fred m'a viré, il rit amèrement, je travaillais trop donc il m'a conseillé de rentrer pour me reposer un peu plus.

— On va pouvoir se reposer ensemble, murmure la blonde avec un immense sourire aux lèvres.

Chloé est entrée dans sa vie il y a pratiquemment six ans et leur relation s'est construite sur de solides bases. Charles a une confiance aveugle en elle et malheureusement c'est ce qui lui joue des tours. Il n'aurait pas le courage de détruire la routine qu'il a créée avec sa compagne, six ans de vie commune c'est tout de même important.

Il l'aime trop pour cela, de toute façon, puis il ne voit pas pourquoi il détruirait cette relation puisque pour lui, tout va bien. L'amour est à la fois le poison et l'antidote, le venin et le sérum. À croire qu'il aime souffrir.

Charles dépose ses affaires dans sa chambre, une part de lui est heureuse de retrouver son appartement qu'il n'occupe que très peu quand la saison est bien entamée. Chloé le regarde faire, les bras croisés, adossée contre la porte de la chambre qu'ils partagent. Dans son cœur c'est le déferlement ; quelle sera sa sentence ?

— On pourrait faire quelque chose pour mon anniversaire la semaine prochaine ?

— Je serai à Baku pour ton anniversaire cette année...

— C'est mercredi, tu pourrais partir le lendemain.

— Non, comme l'Azerbaïdjan est loin d'ici, on doit partir dès le mardi soir grand maximum avec l'écurie.

— Je peux venir avec toi sinon.

— Oui, je peux toujours demander un pass à l'écurie pour toi. Tu veux que l'on sorte le mercredi soir ?

Chloé hoche la tête, satisfaite d'avoir pu négocier comme il se doit un anniversaire particulier, elle qui aime profiter de son compagnon sans se cacher. Charles n'aime pas tellement la compagnie lors d'un week-end de course, même lorsque sa famille proche est présente, il ne la voit pas énormément, dans l'objectif de ne pas être déconcentré d'une quelconque manière.

La blonde n'est que rarement présente sur le paddock aux côtés de Charles mais comme la jeune femme a basé son travail sur sa notoriété croissante grâce au pilote, elle est très appréciée. Sauf par son meilleur ami, ils se détestent mutuellement d'ailleurs.

— On va croiser Pierre là-bas ?

— Évidemment.

— J'aurais préféré m'en passer.

— Chloé c'est bon, on en a parlé des dizaines de fois, Pierre est mon ami depuis plus de dix ans et je sais que vous ne vous entendez pas, mais faire un effort n'est pas compliqué.

— Pas la peine de me parler comme ça, crache-t-elle en commençant à quitter la chambre.

Charles soupire en terminant de ranger ses affaires, peiné d'être toujours en conflit avec la personne qu'il aime plus que tout. Cette dernière revient d'ailleurs à la charge avec un air de défi dans le regard.

Prête à déballer tous ces mots brûlant causant des maux indélébiles au brun.

— Par contre, est-ce que tu t'es vu ? je suis certaine que tu as pris quelques kilos depuis le début de saison, ça ne m'étonnerait pas qu'Andrea te demande de forcer un peu plus à la salle.

Le monégasque encaisse douloureusement. Son cœur se noue à l'entente de ces propos si cruels à son égard.

Charles et Chloé sont semblables à la pangée. Deux plaques tectoniques vouées à s'éloigner.

Charles met ce mépris sur le compte du stress, sûrement une mauvaise journée de passée. Souvent, il lui arrive de prononcer des paroles dépassant sa pensée, il reste persuadé que cela arrive plus fréquemment ces temps-ci, mais que cela reste passager. Après avoir terminé de ranger ses affaires dans son dressing, il rejoint le salon.

Le pilote sourit grandement en voyant son piano trôner au beau milieu de la pièce. Son échappatoire lors de moments moroses, qui le soignent lorsque les plaies sont trop profondes, trop grosses. Il s'installe confortablement et ses doigts viennent chercher la moindre mélodie lui permettant de s'évader.

Ses mains tremblent sur les touches noires et blanches, il se laisse aller, pratiquement en transe. Une de ses seules passions en dehors de la formule un. Bien plus que le simple fait de jouer de la musique, c'est extérioriser tous ses ressentis et jamais il ne se sent aussi libre qu'en jouant du piano.

— Charles est-ce que tu peux arrêter s'il te plaît ? Je travaille, là.

Il se pince les lèvres en observant sa compagne à l'opposé de la pièce, calant son téléphone contre un objet afin de promouvoir une marque quelconque sur ses réseaux sociaux. Le brun soupire et sans un mot supplémentaire à son égard, il prend sa veste et quitte son appartement afin de sortir prendre l'air dans les rues de la principauté.

À pied, du monde le reconnaît, il prend le temps de discuter, faire des photos, signer des autographes, même si son mal-être grandissant lui empêche d'aborder un sourire sincère auprès de ceux qu'il croise.

Esseulé en face du port de Fontvieille, il observe les bateaux tanguer légèrement face à la brise naturelle venant tout autant décoiffer ses cheveux. Une larme solitaire roule sur sa joue rougie.

Il ne fait que se demander quand est-ce que le cauchemar sera fini.

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helloooo, j'espère que votre début de semaine se déroule bien ! je suis sûre que vous allez adorer chloé...
à vendredi ! ;)

-alcools

BRUISESWhere stories live. Discover now