chapitre dix-neuf

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STERENN SOUPIRE EN fermant son classeur

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STERENN SOUPIRE EN fermant son classeur. L'été vient, certes, de débuter, pourtant elle n'a pas pour souhait de dévier de son objectif. Peur d'oublier ce qu'elle a appris, elle sait qu'elle passera encore un été esseulée, à réviser des matières qu'elle connaît sur le bout des doigts pourtant sa superstition la noie. Il est dix-sept heures, et la jeune femme capitule pour aujourd'hui, elle souhaite juste se poser sur son canapé avant de partir admirer le coucher du soleil depuis la Promenade des anglais.

Confortablement installée sur son sofa, Sterenn traîne sur la plate-forme de streaming, ne sachant que regarder. Son téléphone vibre soudainement, la sortant de son ennui naissant.

- regarde par la fenêtre

La jeune femme fronce des sourcils face à ce message étonnant, elle ne s'attendait pas à ce qu'il soit de retour en France si rapidement après ce grand prix canadien. Sterenn ouvre sa fenêtre et se penche à celle-ci. Au beau milieu du trottoir se trouve le monégasque, qui lui fait de grands signes.

Sterenn s'étonne qu'il se souvienne de son adresse, elle qui ne l'a invité qu'une seule fois avant de lui demander de couper les ponts.

S'il est là, ce n'est pas pour quelque chose d'anodin, et elle le sent.

— Charles, tout va bien ? demande-t-elle en apercevant le brun en contrebas.

Il secoue la tête et observe la jeune femme quitter son champ de vision, devinant alors qu'elle lui donne accès à l'immeuble. Charles a à peine le temps de monter les escaliers que Sterenn débarque, ramenant un peu de chaleur pour son âme.

L'étudiante remarque avec horreur la joue balafrée du jeune homme et s'empresse de le conduire jusque sa salle de bain. Elle le fait s'asseoir sur le rebord de sa baignoire et la jeune femme récupère dans quelques tiroirs de quoi soigner les plaies, synonyme d'un douloureux passé de lycéenne paumée.

Sterenn se retourne et se cale entre les jambes du monégasque, néanmoins lorsqu'elle lui demande de relever la tête, il ne trouve rien d'autre à faire que d'entourer ses cuisses de ses bras, et de plonger sa tête contre son ventre camouflé d'un t-shirt bien trop grand pour elle. La jeune femme soupire. Ils sont en froid depuis des semaines, elle qui avait mis un terme à cette idylle insignifiante, et le voici de retour dans un sale état, à créer un contact qui n'existait auparavant pas. Pourquoi être si tactile et si crispé ?

— Charles... qu'est-ce qui t'arrive, qu'est-ce que tu fais ici ?

— Je me suis disputé avec ma copine, alors je suis parti, je ne voulais pas rester à Monaco et j'ai pensé à toi, je sais que c'est égoïste après ce que j'ai fait mais je ne voyais pas d'autres solutions.

— C'est elle qui t'a fait ça ?

— Non, ment-il afin de protéger son secret le plus cher.

— Regarde-moi, ordonne-t-elle amèrement, et Charles se sent piégé. Il abdique.

Sterenn prend en coupe le visage du monégasque et observe minutieusement la joue censée être intacte. La jeune femme fouille rapidement dans ses tiroirs afin d'y piocher un démaquillant et un coton. Elle sait déjà la répercussion que cela aura en observant Charles se décomposer sans aucune hésitation.

Sterenn sait. Pourtant Sterenn est effrayée de percevoir enfin la vérité cachée.

Un mouvement de recul fait croître la culpabilité dans les prunelles claires du monégasque. Ses yeux larmoyants lacèrent les émotions de Sterenn et réflectent sa peine au centuple.

— Est-ce que tu pourrais retirer ton haut s'il te plait ? parvient-elle à dire fermement malgré l'émotion prenant en otage ses cordes vocales. Je ne t'oblige à rien évidemment, peut-être que je me trompe.

Charles fronce les sourcils. Pourquoi lui demande-t-elle son autorisation ? Jamais il n'a connu le consentement. Il n'a connu que la concession. Le monégasque abdique mais prend les devants, en prenant lui même les pans de son t-shirt afin de montrer ce secret lourdement gardé.

Il a l'impression d'être mis à nu devant Sterenn. C'est encore plus profond qu'un simple échange, c'est encore plus intime qu'un moment qu'il partageait avec Chloé lorsqu'ils étaient consentants. C'est toute la confiance qu'il éprouve pour Sterenn qui accompagne ce geste.

Leurs yeux se croisent et ils comprennent.

Que le combat n'est guère terminé.

Il ne fait que débuter.

Le déluge frappe les joues blessées du pilote. Comme une pluie battante qui s'abat sur le béton un jour de tempête. La tempête qui s'abat dans son crâne est bien plus puissante, bien plus violente.

Les ecchymoses et les hématomes jonchent son torse. Des tâches de la couleur de l'océan, océan présent dans ses yeux. Océan dont les plus profondes abysses seraient semblables à ses yeux vides de sens. De longs sanglots le prennent lorsqu'avec toute la douceur du monde, Sterenn l'étreint. Des mois que la douceur a quitté son quotidien, et cet instant d'accalmie, aujourd'hui, n'est pas vain. N'est pas rien.

— C'est terminé Charles.

— Qu'est-ce qui est terminé ?

— Je ne te laisserai pas rentrer à Monaco.

— Je te jure que ça n'arrive pas souvent, Chloé est gentille elle ne me ferait pas de mal volontairement... après cette phrase, Sterenn le force à le regarder dans les yeux.

— Tu es victime de violences conjugales.

— Non, non, elle m'aime et moi aussi, je te jure Sterenn !

— Ce n'est pas de l'amour, tu es sous son emprise parce qu'elle a peur de te perdre. L'aimes-tu réellement, ou tu aimes les souvenirs heureux que tu as avec elle ?

Charles ne sait que rajouter afin de défendre ce qui est impossible à défendre. Chloé est entrée dans sa vie lorsqu'il a perdu son père, elle a longtemps été son pilier et...
Et c'est ainsi qu'elle a commencé à parfaire son emprise sur lui, lui qui s'est accroché à elle comme si sa vie en dépendait, puisque sa vie en dépendait à l'époque.

— Je suis tellement navrée de te mettre au pied du mur comme ça, elle caresse doucement ses cheveux afin de calmer ses sanglots secouant la totalité de son corps. L'amour qu'elle te porte est malsain.

— Merci d'être là. Je ne savais pas où aller, je ne savais pas à qui le dire, je me demande si j'étais le problème.

— Tu n'es en aucun cas le problème Charles. L'unique soucis est Chloé, elle te violente, tu n'as pas à subir ses excès de colère, et surtout, retiens bien ce que je vais te dire, ce n'est pas parce que tu es un homme que cela ne rend pas ton cas légitime. Tu es victime de ses actes.

Et Charles resserre son étreinte autour du corps de son amie. La seule qui a percé son secret bien gardé, la seule qui ne l'a pas jugé. La seule qui le défendra envers et contre tout, la seule qui pour lui ne sentirait pas les coups.

□□□

voilà voilà, le retour de sterenn qui, suite à la situation, semble avoir totalement omis le fait d'être en froid avec charles :) comme je l'ai dit plus haut, le combat ne vient que de débuter ! accrochez-vous <3

je suis enfin en vacances, tellement heureuse ! bon week-end et à dimanche :)

-alcools

BRUISESWhere stories live. Discover now