Chapitre 34

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Le temps ressemble à mon humeur du jour : il est gris et pluvieux. Je suis devant la fenêtre de la chambre. La commande du billet remonte à deux jours. Durant les deux derniers jours, nous avons peaufiné nos destinations et fait les bagages de Toshinori. Son bus pour Tokyo arrive d'ici une heure devant l'hôpital.

J'ai promis à Toshi de ne pas pleurer mais j'ai caché un paquet de mouchoir dans ma poche. Je descends les escaliers pour préparer deux parapluies, un rose et un jaune. Il ne fait pas froid dehors malgré la fin de l'été, mais la pluie ne s'arrête pas. Toshinori porte son sac à dos et descend à son tour. J'espère que ce n'est pas la dernière fois que je le verrais descendre ces escaliers.

- J'ai tout ce qu'il me faut. Dit-il en souriant.

- Parfait. Je lui réponds avec une joie cachant ma peine.

Je lui tends le parapluie jaune, et nous prenons la route. Je tiens sa main sur tout le trajet jusqu'au panneau de bus devant l'hôpital. Nous essayons de rester positif, mais j'ai parfois la voix qui tremble.

Nous sommes face à la route, le bus devrait arriver sur notre gauche d'un moment à l'autre. Toshinori se retourne vers l'hôpital et sourit.

- Je n'ai peut-être pas le même alter que toi Rina, mais je n'oublierai jamais que c'est ici que nous nous sommes rencontrés.

Je pince mes lèvres pour retenir mes émotions.

- Je me souviendrai toujours de toi. Cet été restera éternel ! Continue-t-il en se tournant vers moi, les larmes aux yeux.

- N'oublie pas qu'un héros doit toujours sourire ! Je lui réponds pour reprendre son attitude.

- Ah oui c'est vrai.

Il s'essuie avec son bras et sort son plus beau sourire. Il est éclatant et je sais qu'il réalisera son rêve. La pluie s'arrête au même moment et nous plions nos parapluies.

Nous sommes sortis de nos pensées par l'arrivée bruyante du bus. Il s'arrête à côté de nous. Le conducteur descend et nous dit qu'il va faire une petite pause aux toilettes avant de reprendre la route.

- Ça y est.

- Oui ...

Mon estomac est tellement crispé qu'il me fait mal, et la boule dans ma gorge m'empêche presque de respirer.

- Tu fais attention à toi hein ?

- C'est plutôt à moi de te dire ça, non ? Je lui conseille entre deux respirations.

- Exact ! Rina ? Je crois que t'as oublié quelque chose. M'affirme t-il.

- Euh ... Quoi donc ? Et ce n'est pas moi qui m'en vais d'abord.

- Le souvenir que tu devrais trouver.

- Même après tous ces entraînements, je n'ai pas réussi à le trouver comment veux-tu que je le trouve maintenant ?

- Donne-moi tes mains.

Il place une de mes mains sur son torse, pile au-dessus de son cœur. J'arrive même à sentir ses battements, et je peux vous dire qu'ils sont très très rapides, comme s'ils voulaient me transmettre un message en morse. Il guide mon autre main vers son front pour que je puisse voir son souvenir. Il ferme les yeux comme pour se concentrer. Je décide de fermer les miens et d'activer mon pouvoir.

Dans la dimension grise, le fil de vie de Toshinori flotte paisiblement dans l'air. Mais un endroit attire mon attention. J'ai l'impression d'être poussé par une force jusqu'à cet endroit. Puis je sens l'odeur de Toshinori, comme s'il était à côté de moi, mais il n'y a personne dans la dimension grise. J'attrape donc le fil.

Je suis dans l'entrée de la maison et mon moi du passé se prépare à partir, probablement au travail. Il me semble que c'est un des tout premier jour que l'on a passé ensemble, au vu de la disposition des meubles. Toshinori me salue chaleureusement tandis que je ferme la porte. Il se retourne vers le salon et dit à voix haute comme pour le provoquer en duel :

- À nous deux rangement !

Il commence à ranger les verres laissés sur la table basse du salon et un tas de papier qui traîne sur le meuble depuis des mois. Il trouve une feuille blanche avec un de mes petits dessins en bas de page. Il semble interpellé par une idée. Il prend un stylo et commence à écrire. Je stoppe le souvenir pour avoir le temps de me rapprocher et de lire : Dai suki (Je t'aime). Décontenancé, les bras m'en tombent, je laisse le souvenir continuer. Fier de lui, il pose le stylo et prend le papier jusqu'à la cuisine. Il attrape un briquet dans le tiroir et commence à brûler le papier.

- J'espère que toi aussi Rina. Dit-il comme pour s'adresser à moi sachant qu'un jour je verrai ce souvenir.

Lorsque je rouvre les yeux, disons-le complètement remplis de larmes, pour sortir de la dimension grise, le bus roule déjà à quelques mètres de moi. Je regarde rapidement autour de moi pour trouver Toshinori, mais il n'est pas là. Je panique rapidement. Je regarde de nouveau le bus et je le vois assis au fond du bus à me faire des gestes de la main.

Je ne sais pas pourquoi, mais je me mets à courir à toute allure vers le bus, jetant mon parapluie au sol et en criant son nom : "TOSHINORIIII !" Encore et encore ! J'essaye de rattraper le bus, mais je ne suis clairement pas assez rapide. Seules mes émotions me permettent de continuer à courir.

Dans le bus, je vois Toshinori ouvrir la fenêtre d'un côté du bus et y passer la tête. Alors je me mets à crier de toutes mes forces et de tout mon amour :

- JE T'AIME AUSSIIIIIII TOSHINORIIIIIII !

Je le vois s'éloigner de plus en plus, mais le sourire qu'abordent ces lèvres, je le vois clairement. Je l'entends crier au loin :

- JE T'AIIIME RIIINAAAAA !

Alors je souris à mon tour. J'abandonne ma course épuisée et à bout de souffle. Je vois le bus disparaître au bout de la rue. Je m'effondre au sol et je ne peux empêcher mes larmes de couler et mon cœur de se serrer. J'ai l'impression d'étouffer, qu'il ne reviendra jamais. Mes ongles se plantent dans mes mains qui ne peuvent s'empêcher de frapper le sol.

Je suis seule.

Un été éternel [All Might X OC] (✿◠‿◠)Where stories live. Discover now