Notre loveur a un bachelor of arts comme nous, mais en plus, il a suivi un double cursus en réalisation de clip vidéo et c'est dans cette direction qu'il souhaite se propulser. Mais en attendant d'avoir suffisamment de clients pour asseoir sa notoriété, il donne des cours ou nous aide dans nos créations.

Nous sommes indépendants tout en étant complémentaires.
Cela s'applique aussi bien sur le plan professionnel que personnel.

Ils sont devenus en quelques années, mes piliers, au même titre que Sophie. Ils font partie de la famille que je me suis créé. Sans eux, je n'aurais pas pu avancer comme je l'ai fait. Malgré toute la volonté que j'avais en arrivant ici, de tout faire pour me prouver que je pouvais y parvenir sans lui.
Et leur acharnement à me soutenir a payé, puisque je possède mon propre studio, que je viens d'être choisi pour être la chorégraphe attitré des danseuses du Five, et surtout depuis hier soir, j'ai envie de donner une chance à Sebastiàn. Chose complètement irréaliste il y a encore un an. Mais depuis six mois qu'il me court après...qu'il patiente... peut-être est-il temps pour mois d'avancer ? De laisser derrière moi ce chapitre de ma vie et en commencer un autre...

La voix autoritaire de Théo me ramène dans le studio.

— On fait une pause de dix minutes. Ensuite, je veux reprendre la partie où Kelly et Matt arrivent sur le second couplet.

Théo nous rejoint, je lui tends une serviette en éponge et une petite bouteille d'eau.

— Merci beauté. Alors ?

Je sais qu'il attend qu'on lui donne notre avis, c'est toujours comme ça entre nous, on aime avoir un regard extérieur sur notre travail, cela nous aide à voir où corriger des choses que l'on aurait pu zapper.

— Rien à dire, je déclare.
— Pareil. Ta création est top mec. Bon je vais me doucher, affirme-t-il en lorgnant vers une des danseuses.

Théo et moi suivons son regard.

— Tu sais que le règlement n'inclût pas de baiser nos employés dans les douches mec.
— Ni dans les vestiaires, précisé-je.

Stan s'esclaffe, en levant bien haut son majeur, puis sort de la salle.

— On va avoir une plainte au cul, s'il continue.

— Dieu nous en préserve, plaisanté-je.

— Tu as prévu quoi aujourd'hui ?

— Je dois passer au Five en début d'aprem pour finaliser quelques détails et mettre au point un planning pour les répétitions... et...

— Et ?

Théo lève un sourcil

— Et ... ce soir, je dîne avec Sebastiàn.

Théo me fixe intensément, puis un sourire vient illuminer son beau visage.

— Je suis content pour toi ma beauté, il souffle, en me prenant dans ses bras. Tous nos efforts ont enfin payé.
— Oui...

Des larmes qui n'ont pas coulé depuis pas mal de temps, commencent à brouiller ma vue. Je me serre un peu plus contre mon ami, enfouissant ma tête dans son cou.

Depuis le départ, il n'y a jamais eu d'ambiguïté sur notre relation, il n'a rien tenté et moi non plus. On c'est de suite entendu comme un frère et une sœur. Tellement qu'à de nombreuses reprises, il m'a fait passer pour sa petite amie, quand des filles trop entreprenantes le collait.
Stan par contre à bien essayé au tout début de mon emménagement, mais je l'ai plus vécu comme un test, qu'une véritable envie de me mettre dans son lit. Et après en avoir discuté un jour tous les deux, mon intuition était la bonne. Il avait simplement peur qu'une nana en colocation avec eux foute le bordel dans leur amitié.

Théo recule, avec ses deux pouces, il essuie les perles qui ont glissé sur mes joues.

— Ne pleure pas Astrid. Il ne mérite pas tes larmes ce connard.

Théo adooore mon ex.

— Tu n'en as plus le droit. Tu te souviens de ce que je t'ai dit quand tu m'as raconté ton histoire ?

Je hoche la tête positivement.

Avec Sophie, il est le seul à tout connaître de mon passé à Paris. Sans lui cacher le nom du mec qui m'a détruite. Si la surprise s'est imprimée sur son visage furtivement, elle a vite laissé la place à de la colère. Pour Stan c'est un peu différent car je ne lui ai raconté que les grandes lignes sans nommer personne. Par pudeur à mon égard il n' a pas insisté, mais je le soupçonne d'avoir compris que le mec en question est une célébrité dans le monde de la musique ou alors Théo le lui a dit.

— Que je n'en avais plus le droit, parce que j'avais épuisé toutes les ressources en eau salée de l'État.

Ce qui m'avait fait rire sur le moment. Et apprécier un peu plus ce colocataire pour qui rien n'est insurmontable.

— Voilà. Donc tu vas appliquer ce merveilleux conseil si tu ne veux pas être responsable d'un état de sécheresse.

Je pars dans un grand éclat de rire, qui fait se retourner les danseurs encore présents dans la salle, attendant de reprendre la répétion.

— C'est comme ça que j'aime te voir ma beauté. Avec un grand sourire aux lèvres et des yeux pétillants où je peux y lire ta détermination.
— Merci Théo.

Je l'embrasse sur la joue. Un dernier câlin puis :

— J'y retourne, il y a des mouvements qui ne me semblent pas assez fluides, je veux rectifier ça.

— Tout est impeccable, arrête de te mettre la pression ! Ils vont adoré.

— J'arrêterais de me mettre la pression comme tu dis quand je serais dans la tombe.

— Je n'y crois pas une seconde... même là tu serais capable de torturer les vers.

— Peste.

Je lui tire la langue, et traverse, en esquissant un pas de danse, la salle pour rejoindre les vestiaires, quand je l'entends rappeler à sa troupe que la pause est terminée.

Beggin de Mâneskin à fond dans les oreilles, je décide de rejoindre le Five à pied.
Il n'est qu'à deux blocs du studio et puis prendre l'air et profiter encore du soleil me fera le plus grand bien.

Sauf que dans mon monde fait d'arc-en-ciel et de licornes,  j'ai oublié que Time Square est sur mon chemin. Et forcément, le quartier de Manhattan le plus fréquenté, avec ses écrans géants en LED, qui diffusent en continue des publicités pour des spectacles ou des concerts, ne pouvait pas passer à côté de celui que vont donner les MHN dans une semaine.
Je regarde défiler le bandeau, quand mes yeux accrochent le visage pixelisé de Malone.

Quatre années sont passées... et pourtant !

Prononcer son prénom même mentalement m'arrache une douleur vive dans cet organe qui ne bat plus que pour ma survie.
Pourtant, je devrais être habitué, car depuis quelques mois, ils inondent les chaînes musicales avec leur clip, les plateaux télés avec leur interview et la presse à scandale... bien sûr ! Je zappe la plupart du temps, mais Théo a raison. Je ne peux pas m'empêcher de vivre parce que je n'ai pas le courage d'affronter la vérité.

Celle qui est douloureuse.
Celle qui enterre tout, c'est ... et si...

Malone n'est plus qu'un souvenir... et il doit le rester... je me mets une gifle mentale avant de tomber dans mon cycle infernal. Haine. Colère. Regret.

Un cocktail détonnant.

Un dernier regard sur les informations qui défilent pour être certaine de ne pas me retrouver au même endroit qu'eux le soir de leur set. Théo et Stan m'entraînent souvent dans les derniers endroits hipe.
Je reprends ma marche quand, l'agenda de mon iPhone se manifeste, pour m'informer que l'heure de mon rendez-vous avec Sebastiàn est dans quelques minutes.

Je vois ça comme un signe du destin, et j'accélère le pas pour m'éloigner au plus vite de mon passé, me rapprocher de mon présent et pourquoi pas de mon avenir...

Save Your TearsDove le storie prendono vita. Scoprilo ora