Est-ce que tu aimes ?

989 143 12
                                    

La nuit suivante, Harry dormit particulièrement mal. Les cauchemars ne lui laissèrent pas un instant de répit, et il était debout à l'aube, installé dans la cuisine, le regard dans le vague alors qu'il remuait doucement sa tasse de café.

Malefoy fut le premier à le rejoindre, et il semblait aussi fatigué que lui. Ils échangèrent un regard sans un mot et le blond se laissa tomber sur le siège face à lui.

D'un geste adroit de baguette, Harry fit venir face à lui une tasse et la théière. En sentant l'arôme de son thé préféré, parfaitement infusé, Drago haussa un sourcil surpris, mais se servit en murmurant juste un remerciement.

Harry but une gorgée de café et sourit.

— Bien dormi ?

Drago resta silencieux si longtemps que Harry crut qu'il n'aurait pas de réponse. Finalement, il souffla.

— J'ai connu mieux. Rien d'exceptionnel. Et toi ? Si j'en juge d'après les cernes que tu as sous les yeux, tu as dû passer trop de temps éveillé.

Harry renifla.

— Cauchemars. Ça doit être... cette maison. Les souvenirs... que j'ai d'ici ne sont pas tous très agréables. Je suppose que c'est le prix à payer pour y revenir.

Le blond plissa le nez et secoua doucement la tête.

— Tu es stupide d'être revenu si ça te fait tant de mal que ça. Nous aurions pu rester chez Pansy. Ou j'aurais pu retourner au manoir.

Leurs regards s'affrontèrent, comme ils l'avaient souvent fait par le passé. Au bout d'un moment, Harry eut un sourire malicieux.

— Et toi ? C'est quoi ton excuse ?

Drago enroula ses mains autour de la tasse brûlante, et but quelques gorgées, yeux fermés. Puis il soupira.

— Je n'aime pas trop dormir dans un endroit inconnu.

Ils continuèrent de siroter leurs breuvages, en silence. D'un coup, Drago leva la tête.

— Chez Pansy, quand... enfin la nuit dernière, tu as plutôt bien dormi non ?

Harry se sentit rougir, et garda la tête baissée, fixant sa tasse. Finalement, lorsqu'il estima avoir repris le contrôle de ses rougeurs traîtresses, il se redressa en haussant les épaules.

— Il m'arrive aussi de passer des nuits paisibles.

Un peu mal à l'aise, refusant d'avouer qu'il n'avait jamais eu de meilleure nuit que lorsqu'ils avaient partagé leur lit, le jeune homme se leva, et se mit aux fourneaux.

— Je vais faire des pancakes. Ça te dit ?

Drago fredonna un assentiment, tout en observant l'ancien Gryffondor s'agiter devant lui, préparant la pâte avec des gestes sûrs, visiblement le fruit d'une longue habitude. Finalement, il renifla, légèrement moqueur.

— Est-ce que tu aimes autant que ça faire la cuisine, Potter ? J'ai l'impression que tu y passes pas mal de temps.

Distrait, Harry haussa les épaules.

— Je ne sais pas si j'aime ou pas. C'est juste que j'ai pris l'habitude dans mon enfance et ça m'occupe... je veux dire, ça me permet de réfléchir.

— Tu faisais la cuisine quand tu étais gosse ?

— Ouais. Chez ma famille moldue. Ils...

Harry s'interrompit brusquement et ses joues se parèrent de rouge. Il haussa les épaules sans oser se retourner, et reprit d'un ton plus assuré.

— Ça n'a pas d'importance.

Drago aurait aimé insister, mais il savait qu'il n'obtiendrait rien du brun de cette façon. Potter était particulièrement têtu après tout, et il avait l'air décidé à protéger ses secrets.

Il soupçonnait que c'était en lien avec l'enfance de Potter, puisqu'il avait entendu des rumeurs comme quoi il n'avait pas été aussi choyé que tout le monde le pensait. La Gazette avait pudiquement évoqué des moments difficiles, et pour une fois, le journal n'avait pas été intrusif... probablement face à l'insistance du principal concerné ou de ses amis. Après tout, Drago savait à quel point Potter avait horreur d'être exposé.

*

Hermione fut la première à les rejoindre à la cuisine, et elle déposa un léger baiser sur la joue de Harry après avoir salué gentiment Drago. Il l'étreignit brièvement, conscient du regard de Drago qui décortiquait chacun de ses gestes. Elle se servit un bol de chocolat, et s'installa avec un soupir. Pansy arriva ensuite, déjà habillée contrairement à Hermione. Elle déposa un baiser sur la joue de son meilleur ami, se servit une tasse de thé et récolta un regard noir en enlaçant brièvement Harry, levant un sourcil moqueur et défiant son ami de faire la moindre remarque.

Voyant son petit manège, Hermione étouffa un gloussement en plongeant dans son bol, décidant que côtoyer leurs anciens camarades de Poudlard allait s'avérer particulièrement distrayant.

Ron arriva bon dernier en baillant largement, cheveux en bataille, les yeux encore pleins de sommeil, pile au moment où Harry terminait la préparation de ses pancakes. Le rouquin se laissa tomber à table, marmonnant un vague salut et Harry ricana, amusé comme toujours de voir son ami se laisser guider par son estomac.

Le brun servit tout le monde d'une main experte avant de s'asseoir, se glissant entre Drago et Pansy, se retrouvant collé contre son rival d'autrefois épaule contre épaule.

Ils échangèrent un bref coup d'œil, alors que leurs amis mangeaient dans la bonne humeur, discutant joyeusement.

Avec un léger clin d'œil, Harry lui souhaita un bon appétit, avant de se mettre à manger.

*

Silencieux au milieu de la tablée joyeuse, Drago observait ses anciens camarades avec une certaine incrédulité. Il n'était pas vraiment surpris de voir Pansy s'adapter aussi facilement, elle avait toujours été plutôt sociable.

Potter était bien trop gentil pour se montrer désagréable, il avait gardé cette touche d'héroïsme qui le faisait se précipiter au secours de toute personne réclamant de l'aide, ami ou non...

Mais il ne comprenait pas comment Granger et Weasley en étaient arrivés là, à converser avec Pansy aimablement. À rire avec elle, la considérant visiblement comme appartenant à leur cercle.

Il avait encore en souvenir toutes les disputes passées, toutes les insultes qui avaient été proférées d'un côté comme de l'autre. Il avait osé traiter Granger de sang-de-bourbe, la pire insulte qu'un sorcier puisse recevoir, et pourtant, elle l'acceptait à la même table qu'elle. Elle lui avait souri et lui avait tendu de la confiture sans la moindre hésitation.

Weasley semblait le plus hésitant, mais il n'avait pas fait le moindre commentaire désobligeant. La seule marque de ses doutes était son silence, mais il semblait se détendre et s'animait au fur et à mesure que la pile de pancakes diminuait dans son assiette...

Finalement, il secoua la tête et commença à manger lentement, appréciant le moment. Pour une fois, il n'était pas rejeté comme depuis qu'il avait la marque et la sensation était plaisante.

Protection rapprochéeWhere stories live. Discover now