Chasser les papillons

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Par pur esprit de provocation, mais aussi mû par une envie soudaine, Harry se planta en plein milieu du chemin de Traverse avec un petit sourire malicieux et attira Drago dans ses bras.

Le Serpentard ancra ses prunelles grises dans les émeraudes brillantes du Sauveur, oubliant tout le reste, ignorant les murmures choqués et réprobateurs autour d'eux.

Puis, en prenant son temps, le gardant tout contre lui, Harry finit par les faire disparaître, transplanant pour l'appartement de Pansy.

Drago se dégagea de l'étreinte avec douceur, et les deux jeunes hommes échangèrent un long regard chargé d'une tension qu'ils ne comprenaient pas. Puis, avec un hochement de tête hésitant, le blond tourna les talons pour aller dans la chambre d'amis, fermant lentement la porte derrière lui.

Harry, troublé, fixa un long moment la porte close, essayant de chasser les papillons dans son estomac. D'un air absent, il frotta sa cicatrice désormais inerte, un geste qu'il avait autrefois souvent fait. Drago réveillait le passé, sans que Harry ne comprenne pourquoi.

Il revint au présent en sursautant brusquement quand Pansy prit la parole. Depuis le début, elle était installée dans le salon et avait vu les deux garçons revenir de leur escapade.

Si elle s'était inquiétée de cette sortie — surtout après l'état de Drago quand il était arrivé devant sa porte — elle était désormais pleinement rassurée et même un peu amusée des interactions entre ces deux-là.

Comme à Poudlard, ils ne pouvaient pas s'ignorer...

Admirant ses ongles parfaitement manucurés, elle demanda, retenant un rire moqueur.

— Alors cette mission ?

Harry cligna des yeux, et haussa les épaules.

— Rien de spécial. Je... J'ai du travail. Je dois préparer un ordre de mission pour un collègue.

Pansy leva un sourcil surpris.

— Tu vas bien, Harry ?

Il força un sourire, mais ce n'était visiblement qu'une façade destinée à la rassurer.

— Bien sûr. Je... Tout va bien.

L'Auror quitta la pièce, les sourcils froncés, et Pansy décida que ça ressemblait plus à une fuite qu'autre chose.

Avec un soupir, elle jeta un coup d'œil sur la porte close derrière laquelle se terrait Drago et se demanda s'il était sage de le titiller un peu.

Finalement, elle se leva souplement et frappa avant d'entrer immédiatement — vu son humeur elle n'était pas certaine qu'il l'invite à le rejoindre.

Drago était devant la fenêtre, regardant pensivement l'extérieur. Pansy se laissa tomber sur le bout de son lit avec un soupir bruyant.

— Alors cette balade ? Agréable ?

Le blond se tourna à demi vers elle, et roula des yeux.

— C'était juste un tour rapide sur le chemin de Traverse, Pansy. Pas une expédition dans une contrée inconnue...

— Oh allez ! Ça fait combien de temps qu'on n'a pas pu vraiment flâner ?

Le visage de Drago se ferma, probablement parce que la réponse était évidente. Aucun Serpentard n'avait pris plaisir à se promener sur le chemin de Traverse depuis la fin de la guerre...

Avec une idée en tête, Pansy insista.

— Et ça s'est bien passé, avec Harry ?

Les mains de Drago lissèrent nerveusement sa chemise — pourtant impeccable — et il haussa les épaules. Pansy le connaissait assez pour savoir que c'était le signe qu'il était mal à l'aise.

— On a juste... fait un tour. Rien de plus.

Elle soupira.

— D'accord. Harry avait l'air étrange en rentrant, c'est pour ça. Je suis un peu inquiète tu vois...

Drago cligna nerveusement des yeux, puis il grogna, sans la regarder.

— Que veux-tu que je te dise, Pansy ? On a fait un tour, il ne s'est rien passé d'extraordinaire. Pas d'agression, pas de grande révélation.

— OK mon chou. Tu as l'air fatigué, je te laisse te reposer. J'ai un peu de travail et ce soir, je suppose que tu vas goûter la merveilleuse cuisine de Harry...

Drago se tendit, mais il ne fit pas le moindre commentaire et la jeune femme quitta la pièce tranquillement.

*

Après avoir laissé Pansy en plan, trop troublé pour discuter avec elle, Harry s'était installé dans la chambre de Pansy, dos contre le mur, une feuille calée sur ses genoux.

Ça lui rappelait lorsqu'il faisait ses devoirs à la dernière minute à Poudlard. À l'époque, le résultat était parsemé de tâches d'encre et de ratures.

Désormais adulte, Harry avait pris l'habitude d'utiliser un stylo. Son écriture était suffisamment illisible pour ne pas ajouter la difficulté de déchiffrer sa maladresse à la plume pour ses collègues...

Avec un demi-sourire nostalgique, il commença à rédiger un rapport à destination de Shakelbot sur l'apothicaire, et sur l'agression de Drago qui semblait liée au commerce. Puis, il prit une nouvelle feuille pour demander à un collègue d'aller un peu secouer le commerçant indélicat, précisant tous les détails nécessaires et ajoutant qu'un contrôle strict de sa boutique pourrait lui mettre suffisamment de pression pour qu'il vende les complices qui s'amusaient à agresser d'anciens Serpentard.

Une fois sa tâche terminée, il se frotta le visage, et plia les missives pour les glisser dans une enveloppe, puis ouvrit la fenêtre et siffla doucement.

Même s'ils étaient dans le monde moldu, une chouette arriva immédiatement. Pansy lui avait montré les perchoirs qu'elle avait installés sur le toit de l'immeuble, puisqu'elle avait besoin de communiquer rapidement avec le monde magique depuis qu'elle avait tenté d'ouvrir un magasin sur le chemin de Traverse.

Le jeune homme câlina un instant le volatile, et lui attacha l'enveloppe à la patte. Une dernière caresse sur la tête, et il lui murmura de déposer le courrier à Kingsley Shakelbot, ministre de la Magie.

Aussitôt, la chouette déploya ses ailes et prit son envol, disparaissant rapidement à l'horizon.

Puisqu'il avait besoin de s'occuper les mains, Harry se rendit dans la cuisine, décidé à préparer le repas. S'il pouvait remercier les Dursley pour une chose, c'était bien de l'avoir obligé à apprendre à cuisiner. À l'époque, il profitait du temps où il préparait le repas pour se perdre dans ses pensées, et il n'avait jamais perdu cette habitude.

Lorsqu'une enquête lui donnait du fil à retordre, il se mettait aux fourneaux, et cuisinait inlassablement. Puis, il invitait Ron et Hermione pour déguster ses plats... Puisqu'il vivait seul, il y en avait toujours trop.

Alors qu'il épluchait des légumes d'une main sûre, il se détendit, et un petit sourire naquit sur ses lèvres.

Protection rapprochéeWhere stories live. Discover now