Demandez aux autochtones

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Harry étant décidé à mettre un terme aux attaques subies par les anciens Serpentard, ceux qui étaient encore mineurs quand la guerre avait pris fin, Pansy lui avait proposé de faire venir chez elle quelques-uns de leurs camarades d'autrefois pour qu'il puisse les interroger. Le jeune homme n'avait pas vraiment hésité, acceptant immédiatement l'idée, espérant qu'il découvrirait un élément nouveau qui permettrait de clôturer l'affaire une bonne fois pour toutes.

Drago n'était pas vraiment coopératif, s'enfermant dans le silence en ressassant sa culpabilité, et il refusait de parler de l'agression à laquelle il avait échappé. Il s'était emporté contre Pansy, affirmant qu'il devait payer ses erreurs avant de se retrancher dans sa chambre, encore trop faible pour quitter l'appartement de son amie. Harry avait hésité à intervenir, mais il l'évitait autant que possible, refusant de se confronter à lui directement, toujours perturbé par les mots de Pansy.

Ainsi, le jeune Auror attendait le groupe de serpents avec qui il s'était souvent heurté à Poudlard. Pourtant, il n'avait pas la moindre crainte à les retrouver, peut être parce qu'il savait qu'il ne serait pas traité comme un héros, mais juste comme un ancien camarade perdu de vue.

Daphné Greengrass fut la première à arriver un peu hésitante. Elle salua Harry du bout des lèvres, et resta silencieuse, comme si elle ne savait pas vraiment ce qu'elle faisait chez Pansy, en compagnie du Sauveur. Ensuite, ce furent Zabini et Nott qui arrivèrent ensemble. Loin du calme qu'ils affichaient toujours à Poudlard, ils chahutaient et plaisantaient, portant un sac de viennoiseries. Adrian Pucey fermait la marche, regardant ses deux camarades avec un sourire amusé.

Zabini fut le premier à saluer Harry tandis que Nott l'observait d'un air perplexe, se demandant visiblement ce qui se passait. Pucey hocha poliment la tête, comme il le faisait autrefois sur le terrain de Quidditch.

Harry roula des yeux et jeta un bref coup d'œil à Pansy, en constatant qu'ils attendaient tous de savoir pourquoi ils avaient été invités.

— Tu ne leur as rien dit ?

Il parlait de la conversation au sujet de l'enquête qu'il était décidé à reprendre sans en avertir le ministre. Cependant, Pansy gloussa et s'approcha de lui pour l'embrasser langoureusement. Harry se prit au jeu, amusé par l'esprit de provocation de Pansy et répondit à son baiser timidement, en la serrant contre lui avant de s'écarter avec un rire amusé et un peu gêné.

Si Daphné les regardait d'un air curieux — presque avec indifférence comme si elle n'était pas concernée — tout comme Adrian, Blaise et Théo semblaient en état de choc.

Le brun lança un regard affectueux à la jeune femme avec un sourire malicieux.

— Je te laisse t'expliquer avec tes amis, je vais préparer du thé...

Alors qu'il remplissait la bouilloire, Harry eut conscience d'une présence dans son dos, et il se tendit légèrement, reconnaissant immédiatement l'aura de Drago Malefoy. C'était comme s'il était revenu cinq années en arrière, comme s'il était revenu du temps de Poudlard lorsqu'il avait l'impression qu'il ne pouvait pas se détacher de Malefoy, alors qu'il le surveillait de près. Déjà à l'époque, il avait le sentiment de le sentir arriver, comme s'il avait un sixième sens directement branché sur le blondinet.

Il resta silencieux, continuant sa tâche et finalement Drago prit la parole.

— À quoi joues-tu Potter ?

Harry soupira, et hésita un bref instant avant de lui faire face. Il ne le regarda pas dans les yeux, mais lui répondit calmement.

— Je veux mettre un terme à cette histoire.

Drago allait visiblement insister, mais Blaise arriva, montrant son sac plein de friandises avec un large sourire ravi.

— Pour avoir le meilleur, demandez aux autochtones ! D'après les moldus, la boulangerie du coin est la plus réputée du quartier !

Harry s'obligea à détourner son attention de Drago et sourit, hochant la tête avec enthousiasme.

— Évidemment ! Leurs muffins sont juste exceptionnels !

Blaise éclata de rire, et tendit le sac à Harry. Ce dernier sortit un plat du placard pour y disposer les douceurs.

Cependant, le métis n'était pas venu le rejoindre sans une idée derrière la tête puisqu'il s'installa près de Drago avec un rictus moqueur.

— Alors Potter... Toi et Pansy ?

Harry leva un sourcil malicieux.

— Ça pose un problème ?

Drago grogna et quitta la pièce, à grands pas rageurs. Blaise lui jeta un regard interdit, avant de hausser les épaules et de reporter son attention sur Harry.

— Pansy est une grande fille. Elle serait capable de m'émasculer si je te menaçais dans le cas où tu lui ferais du mal.

Harry ricana, pas vraiment étonné. Sa nouvelle amie et fausse petite amie avait un sacré caractère et elle n'était pas vraiment une pauvre petite fille fragile.

— Elle est adorable et je l'apprécie beaucoup. Si ça peut te rassurer, je n'ai pas l'intention de la blesser.

Blaise eut un vague geste d'indifférence.

— Comme je te l'ai dit, elle est capable de se défendre. Je suis surtout curieux de la raison de notre présence ici.

Harry soupira et se passa la main nerveusement dans les cheveux.

— Tu as eu des problèmes récemment, n'est-ce pas ?

Blaise se rembrunit, et croisa les bras sur sa poitrine, sur la défensive. Harry haussa les épaules.

— Je ne compte pas faire comme les autres Aurors, et juste... faire un rapport. Ça doit cesser.

— Pourquoi ? En quoi ça te concerne ?

Le jeune homme roula des yeux.

— Tu n'as pas une petite idée ?

— Justement. Je te pose la question.

— Pansy, toi, les autres... vous êtes des victimes de la guerre. Pas des coupables. Vous n'avez pas eu le choix, à l'époque, et vous vous êtes retrouvé au milieu de tout ça, tout comme moi. C'était... Vous étiez juste du mauvais côté.

Blaise sembla surpris, et il regarda Harry autrement, comme s'il essayait de comprendre sa façon de voir les choses. Finalement, il eut un léger rictus en coin.

— Et Drago ?

Harry se rembrunit.

— Il est une victime lui aussi, même plus que vous tous à cause de la marque sur son bras. Il ne devrait pas se sentir aussi coupable... Il était... Peu importe, aujourd'hui tout ça est derrière nous, et on devrait pouvoir avancer sans se soucier du passé.

Blaise lui offrit un sourire sincère, et hocha la tête d'un air approbateur comme s'il venait de passer un test dont il n'avait pas eu conscience.

Protection rapprochéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant