Lapsus

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Lorsque Pansy s'éveilla, elle ne mit pas longtemps à se souvenir que Harry Potter et Drago Malefoy étaient chez elle. Puisqu'elle n'avait pas été réveillée par des éclats de voix et que l'appartement était silencieux, elle supposait que ces deux-là ne s'étaient pas encore sautés à la gorge.

En s'étirant, elle eut un petit sourire mutin. Si à Poudlard, elle s'imaginait un jour être la prochaine madame Malefoy, elle s'était vite rendu compte que Drago ne la regarderait jamais avec l'attention qu'elle espérait. Elle n'était pas assez stupide pour s'enfermer dans un mariage sans amour, et elle avait fait le deuil de cette relation qui n'avait jamais existé pour faire du jeune homme son meilleur ami.

Si Drago était infect en tant que prétendant potentiel, il était un ami précieux, et ils étaient devenus plus proches qu'ils ne l'avaient jamais été.

En ce qui concernait Harry Potter, tout ce qu'elle avait pensé de lui à Poudlard avait été balayé au moment des procès après la guerre. Elle lui avait été terriblement reconnaissante de parler pour Drago, pour que son ami n'aille pas à Azkaban alors qu'il était le seul d'entre eux à porter la marque.

Bien sûr, Drago avait été furieux, plus parce qu'il se sentait coupable et qu'il estimait mériter une punition que parce que c'était Potter...

Lorsque le ministre avait exposé son plan stupide — faire passer Harry Potter pour son petit ami — elle avait pensé que la bonté du Sauveur avait des limites et que ce dernier allait protester. Mais il avait accepté, et il était bien différent de ce qu'elle imaginait.

C'était une surprise de se rendre compte qu'elle s'était véritablement attachée à Harry, amicalement, en si peu de temps.

En sortant de sa chambre, elle haussa un sourcil perplexe en notant le salon vide de tout occupant, visiblement depuis un moment. Les dossiers de Harry avaient été abandonnés sur la table basse, en désordre.

La cuisine était également déserte et silencieuse.

Désormais un peu inquiète, Pansy se dirigea vers la chambre d'amis et poussa doucement la porte avant de se figer et de se mordre violemment la lèvre pour ne pas ricaner.

Visiblement, Harry était venu retrouver Drago à un moment de la nuit. Et visiblement, ils avaient réussi à discuter sans se battre jusqu'à s'endormir tous les deux. Drago dans son lit, Harry dans le fauteuil près de lui, la tête posée sur la poitrine du blond.

Elle fut aux premières loges pour voir Harry se réveiller avec un soupir satisfait, ronronnant presque. Puis le brun s'empourpra en prenant conscience de l'endroit où il se trouvait et surtout de qui lui servait d'ours en peluche... Il se leva d'un bond, et rougit encore plus en se rendant compte que Pansy l'observait, souriante.

Il marmonna quelque chose d'incompréhensible et prit la fuite, se précipitant hors de la chambre pour aller s'enfermer dans la salle de bain.

Pansy secoua la tête, amusée. D'autant plus que Drago se mit à remuer pour finalement se réveiller lui aussi, bailler largement et regarder autour de lui d'un air perdu. Prenant pitié de son ami après les épreuves qu'il avait traversées, Pansy annonça avec douceur.

— Tu es chez moi beau blond.

Drago fronça le nez et marmonna, encore à demi endormi.

— Harry est parti ?

La jeune femme ne put s'empêcher de rire.

— C'est Harry maintenant ? Tu me vois ravie que tu commences à l'apprécier.

Drago devint écarlate, et grogna avant de se passer une main sur le front et de la fusiller du regard.

— Simple lapsus à force de t'entendre l'appeler comme ça.

Face à tant de mauvaise foi, Pansy roula des yeux et soupira. Elle croisa les yeux pleins de défi de Drago et lui adressa un petit sourire en coin.

— Harry est à la douche si tu veux le rejoindre...

Elle eut le plaisir de le voir passer à l'écarlate et elle quitta la chambre tranquillement pour aller préparer le petit déjeuner.

*

Lorsque Harry émergea de la salle de bain, les cheveux humides, mais totalement habillé cette fois, il leva un sourcil surpris en voyant Drago plonger dans sa tasse de thé pour ne pas croiser son regard, les joues rouges. Pansy souriait et il haussa les épaules, décidant que ça ne le concernait pas.

Il se servit un café, et s'assit, perdu dans ses pensées. Il ne réagit même pas quand Pansy s'installa sur ses genoux, se contentant de poser une main sur sa taille pour la stabiliser. Lorsqu'elle se blottit contre le torse de l'Auror, Drago se releva brusquement, le visage fermé et alla mettre sa tasse dans l'évier avant de quitter la pièce.

Harry sursauta presque, cligna des yeux et lança un regard d'incompréhension à la jeune femme.

— Qu'est-ce qui lui prend ?

Pansy eut un sourire amusé.

— Il est jaloux.

Le brun renifla.

— Parce que je suis proche de toi ? Si tu veux... enfin, si toi tu espères un truc avec lui, tu devrais t'éloigner de moi non ? Je ne veux pas... mettre le bazar entre vous.

La jeune femme gloussa et secoua la tête.

— Il se moque bien de qui je fréquente habituellement. Ce n'est pas... moi le problème. C'est toi.

Le froncement de sourcils de Harry s'accentua.

— Je ne comprends pas.

Pansy prit les joues de Harry entre ses mains pour le forcer à la regarder dans les yeux, et elle lui adressa un clin d'œil complice.

— Ce n'est pas à ta place qu'il veut être, c'est à la mienne. Tu comprends mieux ? Tous les deux... vous êtes obsédés l'un par l'autre depuis si longtemps...

Elle vit Harry réaliser le sens de ses mots, et il se figea, comme en état de choc. Il semblait perdu dans ses pensées, comme s'il revoyait leurs interactions depuis qu'ils se connaissaient, comme s'il essayait de déterminer si Pansy disait vrai ou si elle émettait une supposition sans fondement.

Finalement, il cligna lentement des yeux, et se dégagea doucement, évitant son regard, clairement mal à l'aise.

— Tu te trompes, Pansy. Il me déteste. Il m'a toujours détesté depuis qu'on se connaît.

Il se leva, poussant légèrement la jeune femme pour ne pas la faire tomber.

— Harry !

— Ne t'en fais pas. Je vais vous aider à mettre fin à tout ça, pour tous les deux, Pansy. Je ne vais pas prendre la fuite ou je ne sais quoi. Juste... évite de nous... enfin... tu te trompes.

Pansy n'insista pas, sur le moment. Le ton triste de Harry lui broyait le cœur et elle comptait bien ouvrir les yeux à ces deux idiots. Les obliger à se rendre compte qu'ils s'étaient attachés l'un à l'autre à un moment, mais qu'ils étaient trop ancrés dans leurs disputes habituelles pour s'en apercevoir.

Protection rapprochéeWhere stories live. Discover now