Tout ce que tu as fait a été de sauver ma vie

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En s'éveillant le lendemain matin, Harry soupira. Pour une fois, il avait passé une nuit calme et reposante, il ne s'était pas réveillé en sursaut, hanté par les cauchemars de la guerre.

Il cligna des yeux, refusant de quitter la chaleur du lit, paressant agréablement.

En sentant un mouvement dans le lit, il sursauta brusquement et se retourna, se souvenant soudain qu'il avait dormi aux côtés de Malefoy.

Le Serpentard blond dormait encore. Il était tourné vers lui, l'air détendu, et Harry prit le temps de le détailler avec attention.

Malgré les cinq années passées, Drago Malefoy était tel que dans son souvenir. Sauf, qu'il ne l'avait jamais vu aussi paisible.

La veille, il avait craint de se réveiller dans une situation embarrassante, où ils auraient été enlacés par exemple.

En l'observant, blotti sous la couette, Harry laissa échapper un léger soupir, en se disant qu'il aurait finalement aimé se réveiller avec Drago contre lui. Juste pour découvrir ce qu'il aurait ressenti...

Le blond s'agita brièvement et une mèche de cheveux clairs tomba sur son visage. Harry cligna des yeux, puis tendit la main, presque malgré lui.

Il repoussa les cheveux rebelles doucement, pour ne pas le réveiller, trouvant le geste si intime qu'il rougit immédiatement.

En croisant les yeux gris grands ouverts, il se figea un bref instant, puis retira sa main, sans un mot.

Ils se fixèrent une fois de plus, comme ils en avaient l'habitude. Cette fois pourtant, il y avait une pointe d'incertitude et de curiosité.

Puisqu'il était un courageux Gryffondor, Harry se força à sourire, espérant avoir l'air aussi normal que possible.

Incapable de s'exprimer normalement, il chuchota, comme s'ils n'étaient pas seuls. Comme s'il ne voulait pas briser le silence de la pièce.

- Hello. Bien dormi ?

Drago cligna des yeux, avant de hocher doucement la tête. Il s'apprêtait à répondre quand ils entendirent Pansy se lever.

Harry sursauta, et la magie de l'instant fut brisée.

Ils se levèrent, comme si tout était normal. Comme si rien n'avait vraiment changé.

Pansy les accueillit avec un large sourire, les dévisageant l'un après l'autre avec insistance. Harry roula les yeux en soupirant.

— Sérieusement Pansy ? Comme tu peux le voir, nous allons parfaitement bien, nous ne nous sommes pas mutuellement sautés à la gorge pendant la nuit.

La jeune femme laissa échapper un ricanement moqueur et Drago souffla.

— Visiblement, elle s'attendait à ce que nous nous sautions dessus, mais pas pour s'égorger...

Harry rougit et haussa brusquement les épaules, avant d'aller se servir un café. S'étant repris, il se retourna, adossé au plan de travail.

— D'où te vient cette lubie ? Ce n'est pas comme si nous avions... eu des relations cordiales dans le passé !

En parlant, Harry lança un bref coup d'œil en direction de Drago, essayant de capter son regard, comme pour lui faire comprendre que peut-être tout avait changé. Après tout, ils avaient prouvé qu'ils pouvaient cohabiter.

Pansy gloussa.

— Avec tout ce que Drago te doit, tu peux lui demander n'importe quoi, tu sais.

Stupéfait, Harry s'étouffa à demi avec la gorgée de café qu'il était en train de boire et il se mit à tousser. Il protesta vivement, agacé.

— Malefoy ne me doit rien !

La jeune femme afficha un rictus rusé, son but étant probablement de provoquer une réaction, et Drago grogna presque aussitôt.

— Bien sûr. Après tout, tout ce que tu as fait a été de sauver ma vie, Potter. Rien de bien exceptionnel.

— Je n'ai...

— Le feudeymon. Ose dire que tu n'as rien fait.

Harry posa sèchement sa tasse derrière lui, et fronça les sourcils.

— Je suis peut-être revenu pour toi, mais tu ne me dois rien.

Avant que quiconque ne puisse protester, il avait quitté la pièce à grands pas, s'enfermant dans la salle de bain décidé à se détendre sous une longue douche.

*

Drago fusilla Pansy du regard.

— Tu vas devoir trouver un autre sujet d'amusement, Pansy. Ou tu devras expliquer à Potter que je suis reparti dans mon manoir pour avoir la paix.

— Et tu sais qu'il irait te chercher mon chou.

— Si tu tiens à notre amitié, trouve une autre cible pour te distraire.

Après un dernier regard furieux, Drago quitta la pièce à son tour, laissant Pansy seule. La jeune femme soupira en secouant la tête et en marmonnant après des idiots aveugles incapables de comprendre l'évidence...

*

Alors que l'eau brûlante détendait les muscles de son dos et apaisait sa colère, Harry se demandait pourquoi il se sentait si furieux que Malefoy puisse changer de comportement avec lui en imaginant qu'il lui était redevable.

Finalement, il laissa l'eau apaisante diluer ses soucis, et ferma les yeux, décidant qu'il irait mettre les choses au clair avec Malefoy. Il ne pouvait pas y avoir de dette entre eux, pas avec la relation spéciale qu'ils entretenaient depuis toujours. Puis son esprit se focalisa sur ce qu'il avait prévu, pour mettre un terme aux attaques subies par les Serpentard.

Entre ces agressions injustifiées et son retour imminent square Grimmaud, il avait l'impression de remonter le temps pour se retrouver en pleine guerre, alors qu'il se débattait dans une situation qui le dépassait.

Amer, Harry se rendit compte que tous les sacrifices qu'il avait faits n'avaient rien changé. Skeeter et les autres journalistes de la Gazette avaient pourtant pondu des pages et des pages d'articles dithyrambiques, romançant à l'envi les drames de sa vie. Ils avaient tous juré qu'ils ne laisseraient jamais le monde magique retomber dans l'obscurité, qu'ils avaient appris de leurs erreurs.

Et pourtant... Et pourtant les mêmes erreurs recommençaient. L'envie de vengeance était plus forte que le bon sens visiblement, et le reste du monde magique préférait une fois de plus fermer les yeux sur la situation. Comme ils s'étaient terrés chez eux quand les Mangemorts semaient la désolation, les sorciers de la rue détournaient le regard quand un enfant de Mangemort subissait des agressions. Aucun témoin que Théo avait été frappé alors qu'il était sur le chemin de Traverse en pleine journée...

Harry coupa enfin l'eau, et essora ses cheveux, déterminé. Si un adolescent inexpérimenté avait pu vaincre un mage noir, alors l'homme adulte qu'il était venu pouvait bien se servir de sa célébrité encombrante pour venir au secours de ses anciens camarades et nouveaux amis.

Il termina de se sécher et de s'habiller, avant de se redresser, prêt à en découdre.

Protection rapprochéeWhere stories live. Discover now