Sans fin

944 150 6
                                    

Après le coup d'éclat de Drago, Harry s'était renfermé, et avait pris ses dossiers pour les étudier, invitant Pansy à se reposer pendant qu'il veillerait le blond. Elle leva un sourcil interrogatif, hésita un bref instant, puis déposa un léger baiser sur sa joue.

— On en reparlera, Harry.

Il grommela, la faisant glousser, et elle le laissa pour rejoindre la chambre et profiter de quelques heures de sommeil.

Une fois seul, Harry relâcha son attention des papiers qu'il tenait et souffla doucement, avant de se passer une main sur le visage. Il était épuisé par les évènements récents, mais trop nerveux pour espérer s'assoupir. Il soupira en regardant la porte fermée de la pièce, dans laquelle se reposait Malefoy.

C'était définitivement étrange de le revoir. C'était comme si rien n'avait changé depuis Poudlard, et Harry ne pouvait pas s'empêcher de l'épier du coin de l'œil...

Le passé s'invitait dans sa vie, plein de souvenirs doux-amers. Cependant, il ne regrettait pas. Loin de là.

Pansy devenait une véritable amie, le surprenant encore par la façon dont elle l'accueillait à bras ouvert. Visiblement, l'exil dans le monde moldu, loin de ses parents aux idées si étriquées, avait permis à la jeune femme de se faire ses propres opinions et de dévoiler qu'elle était quelqu'un de bien. Harry l'admirait pour la façon dont elle avait repris sa vie en main, relevant la tête.

Avec son ambition, elle faisait honneur à sa maison. Trop de gens avaient tendance à oublier que les vert et argent avaient de nombreuses qualités.

La première rencontre avec Malefoy avait été... gênante. Perturbante. Il ne s'attendait pas à revoir son ancien ennemi alors qu'il était à demi nu après tout. Ensuite... ses pensées n'avaient cessé de revenir au blond.

Il avait comparé l'homme qu'il était devenu au jeune homme qu'il avait vu lors de son procès. Cinq années seulement étaient passées, mais il était différent.

Malefoy ne ressemblait plus au petit garçon gâté d'autrefois.

Et puis, ils l'avaient trouvé blessé. Massacré.

Rien qu'en revoyant son état, la magie de Harry s'agita et il serra les poings furieux. Même s'il devait y passer sa vie, il retrouverait les coupables pour les faire payer.

Le brun se moquait bien que son envie de vengeance pouvait paraître étrange. Malefoy était son ennemi à lui. Il avait commis des erreurs par le passé, mais lors de son procès il avait été blanchi. La gazette avait publié le récit de Harry, retraçant le calvaire de l'adolescent qui avait fait face au Monstre, et qui avait été marqué sans avoir le choix. Qui avait lutté, qui l'avait sauvé en faisant en sorte de ne pas l'identifier.

Le lendemain, Malefoy lui avait hurlé dessus, refusant d'être vu comme une victime. Mais peu importait : désormais, il était libre de refaire sa vie. De prendre un nouveau départ.

Ensuite... Lui avait intégré les Aurors, propulsé par ses exploits de guerre, et Malefoy avait cessé de faire parler de lui.

Dire qu'il n'avait jamais pensé au blond en cinq ans serait mentir. Harry s'était souvent interrogé sur ce qu'il devenait. Il surveillait la Gazette, cherchant son nom. Il tendait l'oreille. Sur le chemin de Traverse, il regardait autour de lui, cherchant instinctivement ses cheveux si caractéristiques.

Malgré son envie, il n'avait jamais passé le cap de le rechercher volontairement, par peur de ce que pourraient dire ses amis, mais aussi par crainte d'être rejeté par le Serpentard. Mais le destin l'avait remis sur son chemin...

Presque malgré lui, Harry se leva, et s'approcha de la porte de la chambre qui avait été la sienne jusqu'à présent. Il ouvrit doucement la porte et entra. Malgré la pénombre, il put voir que Malefoy ne dormait pas. Il était juste allongé, les yeux grands ouverts, fixant le plafond.

Harry avança dans la chambre, pour se placer près de lui, et leurs yeux se rencontrèrent.

— Comment tu te sens ?

Le visage de Malefoy se tordit, alors qu'il hésitait visiblement entre se comporter de façon civile ou l'insulter. Après tout, leur histoire commune n'était qu'une suite de disputes sans fin, comme s'ils étaient incapables de se comprendre. Pourtant, Harry était certain qu'ils pouvaient communiquer, à condition de faire des efforts l'un et l'autre.

Finalement, le blond haussa les épaules et opta pour un ton neutre.

— Mieux. Merci de m'avoir... aidé.

Harry eut un bref sourire, et hésita. Cependant, il hocha juste la tête et fit volte-face prêt à s'éloigner.

Drago le retint, en agrippant son poignet.

Ils fixèrent tous les deux la main pâle et parfaitement manucurée de Drago enserrer le poignet bronzé de Harry, puis l'ancien Serpentard le lâcha comme s'il s'était brûlé.

Détournant le regard, Drago murmura.

— Désolé d'avoir été... désagréable. Je...

— Tu avais le droit d'être un peu déstabilisé après ce qui t'es arrivé.

Le blond ricana, moqueur.

— Saint Potter. Ça ne change pas.

Malgré lui, Harry sourit.

— Au point même de te veiller pour cette nuit Malefoy. Si tu as besoin d'aide... je serais dans le salon.

Drago plissa les yeux, et siffla, acide.

— Tu abandonnes Pansy ?

— Pansy s'inquiète aussi pour toi, idiot. Repose-toi, je repasserai d'ici quelque temps.

Le blond se redressa, grimaçant en portant la main à sa tête alors qu'il avait l'impression qu'un sadique sonnait le tocsin dans son crâne.

— Tu vas vraiment rester éveillé ?

Harry soupira et força un sourire qui sonnait faux.

— Ne va pas imaginer n'importe quoi. Je suis Auror, j'ai l'habitude des nuits sans sommeil. Et je sais que les blessures à la tête sont à surveiller sérieusement.

— Moi qui pensais avoir un traitement de faveur...

Ils échangèrent un regard complice. Puis sur un coup de tête, Drago retint Harry qui allait quitter la pièce.

— Reste ici. Je ne dormirais pas avec ce mal de crâne de toute façon. Et tu risques de t'ennuyer non ? Autant... se tenir mutuellement compagnie ?

Harry eut un sourire malicieux, et il pencha la tête.

— Vraiment ? Tu es sûr que tu pourras résister à la tentation de me sauter à la gorge ?

Drago plissa le nez et le dévisagea avec dédain.

— Voyons Potter ! Tu me connais mieux que ça. Je sais ce que je te dois, malgré moi. La politesse exige que je te montre ma gratitude.

Le brun gloussa et se laissa tomber dans un fauteuil près du lit avec un grognement d'aise.

— Repose-toi foutu serpent, ou je t'oblige à avaler une potion pour te faire dormir. Je ne tiens pas à devoir t'emmener à Sainte Mangouste demain, pas après avoir montré mes talents pour te remettre sur pied...

Protection rapprochéeWhere stories live. Discover now