Rébellion

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Bien qu'il se pensait extrêmement patient, Kingsley devait avouer que parfois, se trouver face à Harry Potter était épuisant pour les nerfs.

Le gamin était adorable. Plein de bonne volonté. Réellement.

Mais il était également têtu et lorsqu'il avait décidé quelque chose, rien ne pouvait le faire plier.

L'homme roula des yeux et poussa vers son Auror le journal, et sa photo en première page qui posait problème, puis il essaya de se montrer le plus diplomate possible.

– Harry. Si après ça tu te montres avec miss Parkinson, personne ne te prendra au sérieux.

Le regard vert du Sauveur s'assombrit, et Kingsley s'apprêta à faire face à une rébellion en règle. Cependant, Pansy Parkinson intervint, calmement, avec un léger sourire amusé.

— Quel est le problème ? Vous vouliez un couple avec un Serpentard et c'est le cas. Drago a juste à me remplacer auprès de Harry. Il faudra juste... mettre au courant nos amis respectifs...

En voyant l'air estomaqué de Harry, ses joues rouges et sa gêne manifeste, Kingsley ne put retenir un rire amusé. Et il hocha la tête avec enthousiasme, décidant que c'était un juste retour des choses pour le gamin qui ne cessait de se mettre dans des situations impossibles.

Après tout, Harry avait témoigné pour Malefoy, et avait plaidé sa cause avec passion. Il devait lui faire un minimum confiance pour avoir exigé sa mise en liberté immédiate...

Le regard du ministre dériva en direction de Drago Malefoy. Il nota l'air renfrogné du jeune homme et ses poings serrés. Cependant, il ne comptait pas se préoccuper de son avis : il portait la marque après tout, et la manœuvre visait à lui permettre de vivre plus tranquillement...

Finalement, Harry soupira.

— Kings, c'est...

— C'est une excellente idée, Harry, et tu le sais. Cet article a fait une partie du travail et je suis certain que les trois quarts des lecteurs te pensent engagé avec monsieur Malefoy.

Harry grogna et se passa une main nerveuse dans les cheveux, les ébouriffant plus que jamais.

— Bon sang, Kings ! On allait transplaner au moment de cette photo !

Le ministre leva un sourcil amusé, et fit semblant d'examiner la photo incriminante qu'il avait sous les yeux depuis l'arrivée du journal. Puis il hocha la tête d'un air entendu.

— Et bien, les trois quarts des lecteurs penseront que vous alliez vous embrasser. Vous êtes très photogéniques tous les deux, d'ailleurs !

*

Face à Kingsley, Harry avait l'impression d'être plongé dans une mauvaise plaisanterie.

Lui. En couple avec Drago Malefoy. Photo ou pas, il était évident que personne ne les prendrait au sérieux. Il suffisait de les avoir vus une fois ensemble pour comprendre que c'était totalement impossible...

Il grogna, agacé.

— Kings. Tous ceux qui nous connaissent... Bon sang, on se battait tout le temps avant ! Comment veux-tu que ça soit crédible ?

Loin d'être sensible à l'argument, le ministre haussa les épaules.

— Ce que je retiens moi, c'est que tu parlais sans arrêt de lui lorsque tu étais à Poudlard, et que tu m'as littéralement harcelé pour qu'il ne passe pas une seule minute à Azkaban. Donc... la situation ne me semble pas aussi insensée que tu essaies de me le faire croire !

Harry ouvrit et ferma la bouche, avant de soupirer, incapable de croiser le regard de Drago, pas alors que ce traître de Kingsley venait de révéler l'énergie qu'il avait déployée à l'aider. Il aurait préféré que l'ancien Serpentard ignore ceci...

Pansy laissa échapper un ricanement étrange, et donna une fois de plus son avis, donnant à Harry l'envie de lui tordre le cou — amie ou non.

— À Poudlard, vous vous battiez peut-être, mais vous étiez surtout incapables de vous ignorer ! Hermione l'a vaguement évoqué, que tu cherchais sans cesse Drago. Et Drago était exactement pareil.

Drago gronda sourdement en bousculant la jeune femme.

— Tu es de quel côté toi ?

Pansy battit des cils et ricana.

— Oh mon chou... Je veux juste que Harry puisse faire son boulot tranquillement. Tu es parfait pour l'aider !

Kingsley haussa un sourcil, attendant la réponse de Harry. Cependant, ce dernier croisa les bras sur sa poitrine, l'air buté.

— Je veux d'abord en discuter seul à seul avec Malefoy.

Le ministre roula des yeux.

— Bon sang Harry ! Ce jeune homme n'a aucun intérêt à refuser vu sa situation...

Le brun le coupa grossièrement, furieux.

— Si tu ne veux pas ma démission dans la seconde, je te conseille de ne pas terminer ta phrase Kings.

Ce dernier soupira, et grogna, mécontent. Cependant, il accepta, de mauvaise grâce.

— Miss Parkinson. Je vous offre un café ou un thé ? Harry. Je vous laisse cinq minutes dans mon bureau pour prendre ta décision.

Lorsque la porte se referma sur le ministre et Pansy, Harry se frotta le visage, n'osant pas regarder Drago.

Cependant, son regard revenait toujours sur la photo qui avait tout déclenché. La photo qui le faisait se sentir étrange.

Lorsque Drago prit la parole, presque à voix basse, Harry sursauta presque.

— Il a raison, Potter. Vu la marque sur mon bras et mes erreurs passées, je n'ai pas trop voix au chapitre.

Harry grogna.

— Conneries. Ce n'est pas juste... un truc anodin. C'est...

— Fréquenter le héros du monde magique ?

Harry releva la tête vers lui si vite qu'il eut l'impression de sentir sa nuque craquer. Il se détendit face au sourire moqueur du Serpentard et il lui offrit un sourire timide en retour.

— Tu es vraiment d'accord avec ça ?

Cette fois, ce fut Drago qui détourna le regard, gêné. Puis le blond haussa les épaules.

— C'est juste une comédie, non ? Et puis on a réussi à ne pas se battre depuis... enfin...

Harry laissa échapper un rire amusé.

— Ouais. C'était plutôt... agréable. Sauf quand tu es arrivé à demi mort.

— Écoute Potter, si ça permet d'éviter que ce genre de chose arrive à Pansy ou aux autres... je suis prêt à faire tout ce que tu veux. Même si je ne comprends pas pourquoi tu veux absolument nous aider.

— On devrait peut-être commencer par essayer d'utiliser nos prénoms non ? Même si ça sonne bizarrement.

Drago eut un sourire étrange, un peu crispé, auquel Harry répondit sans hésiter. Puis le brun laissa échapper un gloussement nerveux, et secoua la tête.

— Cette fois, c'est certain. Ron va réellement me tuer.

Protection rapprochéeWhere stories live. Discover now