infinité

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— Peut-être parce que tu es le seul à en être affecté à ce point ?

Les deux garçons firent un bond en se retournant brusquement, Harry brandissant sa baguette sans même en avoir conscience.

Pansy qui était appuyée contre le chambranle de la porte leva les mains en l'air avec un ricanement moqueur.

— Ce n'est que moi.

Drago grogna alors que Harry rangeait sa baguette, un peu gêné de sa nervosité devenue naturelle d'abord pendant la guerre puis lors de ses années en tant qu'Auror.

— Bon sang, Pansy ! Ça fait longtemps que tu nous espionnes ?

La jeune femme roula des yeux, nullement impressionnée par le regard argent colérique.

— Ce que tu peux... aimer exagérer ! Je n'espionnais pas, je suis venue voir si vous ne vous étiez pas entretués. Tous les deux dans une même pièce sans hurlements ou bagarre, ça me rend un poil nerveuse.

Harry l'interrompit, légèrement agacé.

— Sérieusement ? On a dépassé ça depuis le temps !

Drago croisa les bras sur sa poitrine et acquiesça, lèvres pincées.

Pansy ricana, moqueuse.

— Pour une infinité de raisons, c'est un peu... effrayant de vous voir si complices. Mais rassure-toi mon chou, je n'ai rien entendu de plus que toi te plaignant de sentir les émotions de Harry.

Drago renifla et se retourna, ignorant son amie. Harry hésita, son regard naviguant de l'un à l'autre, avant de froncer d'un coup les sourcils.

— Une seconde. Qu'est-ce que tu voulais dire Pansy ?

La jeune femme haussa un sourcil interrogatif, ne comprenant visiblement pas de quoi Harry parlait.

Le brun eut un rictus amusé et poursuivit.

— Je parle de ce que tu disais. À propos de... mes émotions.

Elle hocha la tête avec un grand sourire.

— Quand tu es furieux, ta magie devient étouffante, oppressante. Donc oui, je peux deviner ton état d'esprit. Mais... le reste du temps... je suis bien incapable de te dire comment tu te sens aussi précisément. Contrairement à Drago.

Le brun secoua la tête, perplexe, sourcils froncés.

— Je ne suis pas sûr de comprendre.

Il nota le regard malicieux de la brunette et elle laissa échapper un gloussement moqueur.

— Oh ! je suis certaine qu'il y a une raison... tout à fait logique que vous soyez aussi... connectés tous les deux.

Le blond grogna.

— Pansy. Laisse-nous. Et arrête ton petit jeu stupide.

Ils purent suivre l'écho de son rire alors qu'elle repartait, probablement en direction de sa chambre.

Harry croisa les bras.

— Tu sais de quoi elle parle, où je dois aller la voir pour avoir des réponses ?

L'ancien Serpentard commença à expliquer, visiblement réticent à aborder le thème.

— À Poudlard... Pansy était particulièrement fascinée par ces maudits cours de divination.

Avec une grimace en se rappelant de Trewlanney, de l'odeur entêtante de l'encens et de ses prédictions morbides à son sujet, Harry le coupa brusquement.

— Quel rapport ? Les cours de divination ne sont pas précisément mon meilleur souvenir de Poudlard !

Il récolta un regard furieux de Drago.

— Soit tu me laisses expliquer à ma manière, Potter, soit tu vas voir cette foutue commère de Pansy pour qu'elle te raconte des histoires à dormir debout.

En retenant un rire moqueur, Harry leva les mains en signe de paix et hocha la tête.

— OK. Donc. Les cours de divination.

Drago plissa les yeux, méfiant, avant de reprendre après un soupir agacé.

— Bien. Donc, Pansy adorait cette foutue fausse prophétesse, et elle buvait littéralement ses paroles, quel qu'en soit le sujet. Forcément, elle a abordé le truc de ce qu'elle appelait les auras. Enfin. L'année où tu étais... absent.

Harry hocha la tête, mais resta silencieux. Il surprit le regard en coin du blond, mais il ne fit pas le moindre commentaire.

— Selon cette théorie, lorsqu'on est proche de quelqu'un, on peut atteindre une certaine... communion. Je ne sais même pas comment expliquer ce concept stupide. Cette idée qu'il est possible de ressentir les émotions de l'autre par exemple.

Le brun hocha la tête, perplexe, les sourcils froncés.

— Je ne vois pas trop, mais peu importe.

— Je crois qu'il y a un genre de mythe moldu en rapport, un truc d'âmes sœurs.

Gêné, Harry eut un rire incrédule en rosissant légèrement et Drago eut un geste agacé, reprenant sans lui laisser le temps d'intervenir.

— Ça n'a rien à voir bien sûr ! Dans le monde magique, ce genre de lecture des auras se fait soi-disant entre deux personnes d'un couple, ou entre frères et sœurs ou entre mère et enfant. En gros, entre deux personnes proches.

Harry hocha prudemment la tête.

— OK. Mais...

Drago roula des yeux avec un reniflement dédaigneux.

— Selon moi, c'est juste le résultat que tu obtiens quand deux personnes se côtoient suffisamment pour se connaître. Je suppose qu'on en arrive à décrypter les expressions faciales, les tics imperceptibles et toute autre chose qui donnent l'impression de « lire » la personne en face.

Harry hocha une fois de plus la tête, bien qu'il soit loin de comprendre le raisonnement de Drago.

— Je vois. Mais... quel rapport entre nous deux ?

Drago resta silencieux si longuement que Harry ouvrait la bouche pour répéter sa question, quand il se décida à donner une réponse.

— Selon Pansy, je te connais assez pour... bref, peu importe. C'est des conneries. Et elle n'en a jamais démordu.

— Ça fait longtemps que tu peux... que tu... captes mes émotions comme ça ?

Les joues de Drago rosirent légèrement. Puis il haussa les épaules, en détournant le regard.

— Poudlard. Mais je pensais que... enfin, tu es puissant et ta magie a tendance à... s'extérioriser suivant ton humeur. Je croyais que tout le monde pouvait percevoir tes sentiments de cette façon !

Harry laissa échapper un petit rire incrédule.

— Tu aurais dû me le dire plus tôt ! C'est plutôt intrigant non ?

Le blond roula des yeux et souffla.

— Bon sang Potter. À quel moment aurais-je dû te le dire ? Quand on se battait ? Ou quand tu t'es retrouvé dans mon manoir prisonnier ?

— Oh ! ne sois pas si cynique. Si tu étais venu me voir après la guerre, je ne t'aurais jamais repoussé !

Drago laissa échapper un rire incrédule.

— Tu plaisantes non ? Tu crois vraiment qu'après notre passé, après que tu m'aies innocenté, j'allais débarquer chez toi pour te dire qu'à Poudlard je sentais tes changements d'humeur ? Bon sang, tu aurais été en droit de me jeter un sort et de m'enfermer à Sainte Mangouste si j'avais fait ça !

Protection rapprochéeWhere stories live. Discover now