Démence

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Harry allait protester, mais l'air fermé du blond le convainquit de ne pas approfondir le sujet. Il songea que lui aussi était capable de décrypter l'humeur de Drago, même avec son visage vide de toute expression.
Les yeux gris qui le fixaient — le défiant d'insister — lui apprenaient tout ce qu'il avait besoin de savoir.


Harry eut un sourire étrange, et hocha légèrement la tête.
— J'ai du travail. Tu sais où me trouver si tu as besoin de...
Le sourcil du blond se leva moqueusement et un léger sourire étira ses lèvres.
— Je pense pouvoir survivre Potter.


Harry quitta la pièce en ricanant.


*


Même après avoir passé une bonne partie de l'après-midi en compagnie de Drago, Harry en arriva vite à tourner en rond. Il était habituellement toujours occupé, et cette inaction lui pesait.


En voyant le mince dossier résumant les agressions contre les Serpentard, il laissa échapper un grognement agacé. Il se dirigea vers la cheminée et s'installa pour appeler l'Auror chargé de l'enquête.


En reconnaissant Fiertalon, il s'obligea à ne pas montrer son agacement. L'homme était Auror depuis quelques années, et il avait vécu la guerre comme beaucoup. En première ligne, il avait gardé une rancœur énorme contre ceux qui avaient été du mauvais côté.
Pour lui, tout ce qui arrivait de mal aux enfants de Mangemort n'était que le juste retour des erreurs de leurs parents.


L'Auror grimaça, visiblement mécontent d'être dérangé.
— Potter.


Harry sourit froidement, pour masquer son agacement. Fiertalon ne cachait même pas son mépris pour son jeune collègue, estimant que le Sauveur n'avait pas les compétences pour intégrer l'unité des Aurors.
— Fiertalon. Je voulais savoir où tu en étais sur les agressions commises envers d'anciens Serpentard ?


L'homme ne chercha pas à dissimuler qu'il se moquait bien de l'affaire en question.
— Rien d'alarmant Potter. Pourquoi tu es encore absent ? Un traitement de faveur ?


Harry roula des yeux.
— Rien d'alarmant ? Un feudeymon ?
— Et bien si les anciens Mangemorts s'entretuent entre eux ça nous fait moins de travail non ?


Il lui fallut lutter de toutes ses forces pour ne pas couper la connexion et transplaner pour étrangler l'idiot méprisant qu'il avait face à lui.
— Il me semblait que le ministre avait été clair, Fiertalon ! Cette affaire doit être résolue, que tu sois d'accord avec le principe ou non !


L'Auror roula des yeux et renifla, arrogant.
— J'ai plus urgent à traiter que quelques gosses de riches sang-purs qui se plaignent d'être malmenés. Ils ne récoltent que les fruits de leur éducation.


Harry grogna, son regard vert lançant des éclairs.
— Fais-moi parvenir tout ce que tu as. Si tant est que tu aies passé la moindre seconde sur ce dossier. Je pense que je me débrouillerais bien mieux seul qu'avec un incapable comme toi.


Il n'attendit pas la réponse, coupant la communication brusquement, maudissant Fiertalon et son esprit étriqué.


En se redressant, les sourcils froncés et le regard assombri par la colère, il ne fut pas surpris de se trouver face à Pansy, qui l'observait, curieuse.


— Mon chou, si à chaque fois que tu utilises ma cheminée tu deviens fou de rage, je vais te l'interdire...
Harry grogna pour toute réponse, et fit quelques allées et retours dans le salon, sous l'œil goguenard de la jeune femme.
Imperturbable et pas vraiment vexée du manque de réaction de Harry, Pansy soupira avant de reprendre la parole, d'une voix douce.
— Si je te demande ce qui se passe, est-ce que ça risque de se terminer en crise de démence ?


Harry s'interrompit brusquement, stupéfait.
— Quoi ?
Fière de la réaction obtenue, elle ricana et lança un bref regard en direction de la porte de la chambre où se terrait Drago.
— Et bien... ce cher Drago peut se montrer extrêmement... expressif lorsqu'il est furieux. Il cache soigneusement ce petit travers et je me demandais si tu étais du même style. À tout casser lorsque tu es en colère.


Harry ferma un instant les yeux, alors que le souvenir de sa réaction après la mort de Sirius — lorsqu'il avait littéralement démoli le bureau de Dumbledore — lui revint en mémoire. Il le chassa résolument, et s'obligea à se calmer.
— Désolé. Je... Enfin. Le collègue avec qui je parlais a pour habitude de me mettre les nerfs à vifs.


Pansy gloussa, et croisa les bras sur sa poitrine en l'observant attentivement.
— Ainsi donc, le héros du monde magique n'est pas si parfait que tout le monde le pense. C'est rassurant de découvrir que tu peux être humain.


Harry roula des yeux, mais un léger sourire jouait sur ses lèvres.
— Je n'ai jamais prétendu être parfait !
— Et donc, que t'as dit ce méchant collègue pour te mettre dans cet état ?


L'auror souffla et remonta machinalement ses lunettes, avant de hausser les épaules.
— C'est un idiot incompétent. Il... Il n'a même pas fait l'effort de commencer l'enquête parce qu'il...


Pansy s'approcha de lui et posa une main sur son bras, avec un sourire triste.
— Parce qu'il pense que nous le méritons ? Nous avons l'habitude Harry. Je suppose que c'est...
Le brun l'interrompit brusquement.
— Je te jure que si tu oses dire que c'est normal ou que c'est ce que vous méritez, je hurle !


Pansy haussa les épaules, avant de commenter d'une voix neutre.
— Même si j'apprécie ton enthousiasme à nous défendre, tu ne peux pas aller contre une grande partie du monde magique. Je suis parfaitement consciente des ravages que mon père et ses amis ont causés.
— Mais toi, tu n'as rien fait !
— Je ne me suis jamais posé les bonnes questions Harry. J'ai... bêtement suivi ses idées, même alors que les Mangemorts étaient à Poudlard et que nous assistions à leur façon d'éduquer les élèves.
— C'était ton père Pansy. Bon sang, nous étions tous des enfants ! Si tu étais aussi... coupable que tu le penses, tu ne culpabiliserais pas de cette façon.


Ils échangèrent un long regard, puis Harry soupira.
— Fiertalon est juste un foutu imbécile borné.


Un sourire amusé joua sur les lèvres de Pansy, mais il persistait une ombre dans son regard. Harry secoua doucement la tête.
— Depuis que Kings m'a donné cette mission, j'ai l'impression... Enfin... Je n'imaginais pas que toi et tes amis viviez avec une telle culpabilité ! Tout ça est terminé Pansy. C'est derrière nous. Tu as prouvé que tu étais forte et déterminée, avec tout ce que tu as construit malgré ta situation...


Pansy laissa échapper un gloussement moqueur.
— Peut-être que je vais finir par y croire, un jour...

Protection rapprochéeWhere stories live. Discover now