Société fracturée

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Après une nuit où il avait passé plus de temps à réfléchir à la situation qu'à dormir, Harry avait pris la décision de faire un saut au Ministère, pour récupérer l'ensemble des éléments concernant l'enquête sur les attaques dont avait été victime Pansy.

Malgré tout, il hésita longuement, répugnant à laisser Pansy. Elle avait été une ennemie à Poudlard parce qu'elle était à Serpentard, et elle était en passe de devenir une amie du présent. Bien qu'il la trouvait attachante, il était avant tout Auror, et il prenait chaque mission qui lui était confiée avec sérieux.

Sa mission était de la protéger, et de faire en sorte que personne ne puisse l'atteindre, et pour ce faire, il devait être suffisamment proche d'elle pour agir.

Il pouvait toujours appeler un collègue, mais ça serait exposer leur petite mascarade trop tôt au risque de se trahir malgré eux.

Finalement, il finit par se planter devant Pansy qui l'observait tourner en rond depuis quelques instants, et la fixa.

— Si je m'absente, tu restes ici et tu ne réponds même pas à la cheminette, OK ?

Elle roula des yeux et ricana, croisant les bras sur sa poitrine.

– Bien évidemment Potter. Je serais sage comme une image. Tu es conscient que je suis une grande fille et que je suis capable de me défendre ?

Harry fronça les sourcils, et ses yeux verts s'obscurcirent alors que la colère montait en lui.

— Mon rôle est de te protéger. Je dois passer au Ministère, mais je veux être sûre que tu ne prendras aucun risque pendant mon absence.

La jeune femme secoua la tête.

— Si je n'avais pas demandé au ministre de résoudre mon problème, je te mettrais à la porte, mon chou. Je ne comptais pas sortir quoi qu'il en soit, mais j'ai horreur qu'on essaie de m'imposer quelque chose. Surtout de cette façon.

Le reproche clair déstabilisa Harry, et il rougit légèrement.

— Tu me prends pour un mufle non ? Écoute, je veux juste être certain que tu sois en sécurité. Je ne devrais pas m'absenter, mais j'ai besoin de... d'avoir les dossiers d'enquête. Depuis ce matin, j'ai l'impression que je vais exploser si je ne fais rien et je n'aurais pas dû te faire payer ma frustration...

Pansy ricana et rassura Harry d'un vague geste de la main.

— Excuses acceptées, Monsieur l'Auror. Si ça peut te rassurer, je ne bouge pas d'ici. J'ai la comptabilité de mes boutiques à faire et ça va me tenir occupée un bon moment. C'est affreusement ennuyeux à faire et terriblement long.

Harry hocha la tête, un peu mal à l'aise, avant de transplaner.

*

Devant le Ministère, Harry ne perdit pas de temps. Il entra à pas pressés, sans faire attention les salutations empressées de la sorcière à l'accueil qui lui faisait — une fois de plus — du charme et prit le chemin du bureau ministériel, ignorant les quartiers des Aurors.

Avec le temps, il avait compris comment fonctionnait l'administration : mieux valait s'adresser à la personne la plus élevée dans la hiérarchie pour s'assurer de résultats rapides. En temps normal, il n'aurait pas dérangé Kingsley pour avoir les dossiers d'une enquête, et se serait contenté de son chef direct. Cependant, le temps pressait et c'était le ministre en personne qui l'avait placé dans cette position.

La secrétaire personnelle du ministre, une petite sorcière replète qui avait une passion suspecte pour le thé, lui adressa un sourire amical, et lui fit signe qu'il pouvait frapper à la porte, puisqu'il n'était pas en rendez-vous.

À peine l'autorisation d'entrer reçue, Harry poussa la porte et pénétra dans le bureau d'un pas décidé, se postant devant Kingsley avec un visage lisse de toute expression. Le ministre soupira d'un air fatigué, et se laissa aller en arrière dans son siège avec une grimace.

— Harry. Tu vas me dire que tu veux changer d'affectation ? Ou qu'il y a une raison impérieuse qui t'empêche de protéger miss Parkinson.

Le jeune brun laissa échapper un ricanement moqueur, et croisa les bras sur sa poitrine.

— C'est effarant de se rendre compte à quel point tu me connais mal, Kings. Même après toutes ces années...

Le ministre soupira.

— Et donc, tu débarques ici pour quelle raison ?

— Je veux tous les rapports d'enquête sur l'affaire Parkinson, tous les éléments associés.

Il y eut un long silence puis Kingsley pinça les lèvres.

— Harry. Je ne doute pas de tes motivations... mais pour l'instant, on te demande de protéger cette jeune femme. J'ai mis d'autres Aurors sur l'enquête, alors...

— Kingsley. Ne me prends pas pour un idiot. Tu as été Auror, toi aussi. Tu sais pertinemment que ces éléments me seraient utiles avant tout pour trouver d'où vient le danger, et donc la protéger plus efficacement.

Ils se défièrent un instant du regard, et le ministre grogna.

— Très bien. Après tout, il n'y a rien d'exceptionnel dans ces rapports. Si j'ai choisi de faire appel à toi, c'est bien parce que je n'avais aucune autre solution et pas une envie soudaine de mettre du désordre dans ton existence...

Harry éclata de rire, et fit un clin d'œil à l'homme.

— Évite de qualifier cette chère Pansy de désordre dans mon existence, ou elle risque de t'arracher la tête.

Le ministre secoua la tête avec un large sourire tout en rédigeant une note et l'envoya d'un coup de baguette vers son destinataire.

— Et bien me voilà rassuré sur votre capacité à vous entendre. Tu peux passer aux archives, je viens de leur notifier l'ordre de te remettre tout ce qui a trait avec les ennuis de cette jeune femme.

— Les ennuis ? Un feudeymon dans son magasin, ce n'est pas un peu plus que des ennuis ?

Kingsley haussa les épaules.

— Harry. Nous vivons dans une société fracturée. La guerre n'a rien arrangé, bien au contraire. Le bien et le mal, la magie noire, la magie blanche... C'est un débat aussi vieux que le monde.

— Donc tu essaies de me faire comprendre que c'est normal que Pansy reçoive ce genre de menaces ?

— Non. Juste que pour beaucoup de sorciers, ce n'est pas... un drame.

Harry laissa échapper un ricanement amer.

— Bien évidemment. Elle appartient au camp des perdants après tout. Et puis, elle est en vie.

— Harry.

— Non, je peux me laisser convaincre sur beaucoup de sujets, mais dans ce cas... J'ai sacrifié beaucoup de choses pour rétablir l'ordre. Ce que je pensais être l'ordre. Mais ce n'est pas la première fois depuis la soi-disant fin de la guerre que je doute du résultat obtenu, Kings.

Protection rapprochéeWhere stories live. Discover now