Chapitre 36 : Désir inassouvi

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Éléonore

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Éléonore

Une servante piqua un dernier bijou en or massif dans mes cheveux bruns, noués en un chignon élégant. Je réajustai mon masque doré sur le devant de mon visage, cachant mes yeux, le haut de mes joues et mes taches de rousseur. J'espérais assez pour que personne ne puisse me reconnaître, et encore moins Sang Bleu, s'il décidait subitement de s'inviter. 

Une longue robe rouge aux épaules bouffantes venait parfaire l'ensemble. Une ceinture dorée serrait le haut de ma taille, permettant au bas de la robe de s'évaser autour de moi, telle la corolle d'une fleur. En tant que bijou, je portai seulement mon médaillon, que j'avais caché sous la robe, bien que cette dernière eût un col plutôt évasé. Je ne pouvais me résoudre à laisser ce médaillon aussi précieux derrière moi. Pas le dernier souvenir de ma mère. Elle me l'avait confié avant de mourir. C'était mon devoir d'en prendre soin.

Songeuse, je le fis danser entre mes doigts, l'observant une fois encore avec grande attention, mais sans rien voir de plus. Pas de mécanisme secret, ni de dessins cachés. Seulement un entrelacs de courbes dorées. Qu'est-ce que cela signifiait ? Comment le médaillon pouvait-il renfermer le secret du Graal ? Constance ... Qu'as-tu fait ? 

Je recachai le médaillon dans mon corset et jetai un œil sur mes autres bijoux. Ma main s'égara sur la bague de Francesco ... Je retournai le bijou pour faire face aux deux initiales gravées sur l'intérieur. Francesco ... Dans un long souffle, je reposai la bague à sa place, dans une boîte à bijoux. Je ne voulais pas la prendre avec moi pour ce soir. Peut-être était-ce égoïste, mais j'avais l'impression que quand j'étais avec François, je trahissais Francesco. Mais j'aimais François, et Francesco n'était plus ... Ne devais-je pas aller de l'avant ? N'était-ce pas ce qu'il aurait voulu ? 

Francesco était mon passé et il avait fallu tirer une croix sur notre amour ... Parce qu'il avait été assassiné en même temps que mon père ... Et je les vengerai. Je m'en fis la promesse. Je chassai les larmes qui menaçaient d'embuer mes yeux et pris une longue inspiration. J'étais prête.

Après avoir remercié mes servantes pour leurs aides, je descendis jusqu'à l'étage inférieur de l'hôtel particulier des Montmorency. En haut du grand escalier, j'entendais déjà les voix des quatre hommes qui m'accompagnaient partout et me protégeaient avec acharnement. Je leur en étais reconnaissante. Peut-être avais-je perdu ma famille, mais heureusement, j'en avais trouvé une autre. Je n'étais pas seule.

— Nous devrions nous méfier, résonna la voix de Robert. Nous ignorons si Sang Bleu nous a suivis ou non depuis Paris.

— Je parierai que oui, intervint Anne. Après tout, ils veulent toujours le médaillon, et Éléonore.

— Peut-on être certain que Michel-Ange ne nous trahira pas ? demanda Marin.

— Certains non, admit François, mais si Éléonore lui fait confiance, alors nous le pouvons aussi. De plus, il nous a menés au pape.

La flamme de la SalamandreWhere stories live. Discover now