France. 1519.
" Ils m'ont retrouvée, Léonard. Même après toutes ces années. Prends soin de ma fille, je t'en prie. Ils ne doivent pas la trouver. Jamais."
À la cour de François Ier vivent deux personnages étranges qu'aucun courtisan n'ose approcher...
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Léonard de Vinci
- Un verre, Père ?
Léonard sourit en entendant le roi de France l'appeler ainsi. Il n'avait peut-être pas eu d'enfants dans sa vie, mais Éléonore était comme sa fille et le jeune François l'était tout autant. Ce dernier l'avait pris sous son aile, lui assurant protection et mécénat et, en échange, le maître lui accordait les conseils d'un père à son fils. François n'avait que très peu connu son véritable père, Charles d'Angoulême, mort alors qu'il n'avait que deux années. Alors Léonard s'était imposé comme un père de substitution.
- Ce n'est pas de refus, accepta le vieil homme, assis dans un large fauteuil devant un bon feu de cheminée.
Le roi versa lui-même du vin dans deux coupes avant d'en tendre une à Léonard. Le sage le remercia et savoura ce moment de tranquillité. Ils étaient seuls, tous deux dans une grande pièce, assis devant la cheminée. Bien sûr, des gardes royaux étaient sans doute derrière la porte, mais Léonard s'était habitué à cette nécessité.
Quant à Éléonore, elle devait sans doute être avec Francesco ... Léonard savait qu'il était l'amant de sa fille. Francesco Melzi était un bon peintre et il avait encore beaucoup de talents à dévoiler. Pourtant, Léonard n'aimait guère le temps que sa fille lui accordait. Elle était trop intelligente pour perdre son temps à batifoler.
- Vous semblez bien songeur ... lui fit remarquer le roi.
Pour toute réponse, Léonard but une gorgée.
- La fête sera bientôt achevée, annonça-t-il au souverain.
- J'ai grande hâte d'y être. Je suis certain qu'elle sera grandiose.
- C'est la moindre des choses que je puisse faire, Majesté. Pour vous remercier de tous vos bienfaits que vous nous avez accordés, à moi, ainsi qu'à ma fille.
Il leur avait offert une demeure luxueuse où vivre, le Clos Lucé, de l'argent pour leur permettre de continuer à créer et une protection royale. Léonard lui devait beaucoup.
François balaya l'air devant lui de sa main baguée, un sourire aux lèvres.
- Votre fille est une personne admirable.
Même si elle avait failli lui arracher la tête en lui fonçant dessus avec des ailes volantes. Mais Éléonore était aussi têtue et aventurière que Léonard l'était à son âge.
Cependant, il n'avait pas invité le roi à le rejoindre ce soir pour parler de la fête qu'il comptait organiser dans les prochains jours. Il avait autre chose en tête. Un secret qui pesait sur son cœur depuis bien des années.
- Vous avez de l'affection pour ma fille, n'est-ce pas ? demanda-t-il alors.
François se figea, reposant une main sur son vêtement noir et blanc. Il se demandait sans doute si c'était une question piège, mais ça n'en était pas une.
