Chapitre 3 : Le retour d'une amie

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Éléonore

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Éléonore

La fête battait son plein dans les jardins du Clos Lucé. Je ne savais plus où donner de la tête devant la magnificence des festivités. Mon père avait fait les choses en grand, comme à son habitude. Une machinerie au milieu de la cour évoquait la course des astres dans le ciel, tournant d'elle-même grâce à un astucieux mécanisme.

La Terre passa devant moi, suivie par Mars, représentée d'une jolie couleur ocre. Un sourire éclaira mon visage et mon père, un peu plus loin avec un autre homme que je pensais être l'ambassadeur italien, me sourit en retour, levant son verre dans ma direction comme pour me féliciter. 

Je n'étais pas seule à avoir œuvré pour cette machinerie. Lui aussi y avait contribué, bien que sa main droite qui se paralysait chaque jour davantage l'empêchait de faire tout ce qu'il désirait. Mais mon père n'était pas du genre à abandonner quoi que ce soit. Il était aussi têtu que je l'étais.

Une toile peinte en bleue fut dressée dans les jardins, figurant la voûte céleste avec les planètes, le soleil, la lune et les douze signes du zodiaque. Il y avait également plus de quatre cents candélabres et la cour était tellement illuminée que j'avais l'impression que la nuit avait été chassée, bien que le soleil ne faisait que se coucher à l'horizon. C'était somptueux, chimérique. L'impression d'être dans un autre monde.

— C'est magnifique, résonna alors une voix derrière moi.

Je me retournai, soulevant ma longue robe bleue et blanche dans mon mouvement. Un deuxième sourire éclaira mon visage quand je reconnus la jeune femme devant moi. Ses longs cheveux blonds, ressemblant à des fils d'or, retombaient sur sa robe verte et argentée, qui la ceignait à la taille avec finesse. Les commissures de la fine bouche de mon amie se redressèrent.

— Antoinette ! m'exclamai-je.

Je ne pus m'empêcher de saluer mon amie avec chaleur, la prenant dans mes bras.

— Cela fait si longtemps !

— À peine quelques mois, me sourit Antoinette. Je ne suis pas partie si longtemps que cela.

Elle était partie sur les terres de son époux, dans le duché de Lorraine, et avait quitté la Cour durant quelque temps. Sa présence m'avait tant manqué. Elle était la seule amie féminine que j'avais ici, toutes les autres me trouvant sans doute trop fantasque ou voulant éviter les reproches de la reine mère. 

Antoinette n'avait jamais craint Louise de Savoie et se moquait des racontars. Notre seule point de désaccord était sans doute la religion. Antoinette était très dévote, alors que je ne croyais que peu en Dieu. 

S'Il existait vraiment alors pourquoi se serait-Il détourné de ses enfants ? Pourquoi n'avait-Il rien fait pour sauver ma mère de son terrible destin ? Antoinette aurait répondu qu'Il avait de plus grands projets pour moi, mais je n'en étais pas aussi persuadée qu'elle.

La flamme de la SalamandreWhere stories live. Discover now