- Non, non, hyung, dis pas ça. T'as pas stagné, tu manges un peu plus qu'avant, quand même. Moi je m'en rends compte. D'accord, c'est loin d'être flagrant, mais c'est normal d'y aller à ton rythme : on veut pas te bousculer, ce serait la meilleure chose à faire pour te bloquer. L'important, c'est d'avancer, peu importe la vitesse.

- Oui, mais...

- Pas de mais, le coupa Taehyung en se blottissant contre lui, je te laisserai pas croire que les efforts que tu fais sont vains. Tant pis si ce qu'il y a dans ton assiette n'a pas encore beaucoup changé, l'important pour l'instant, c'est que ce qu'il y a dans ta tête change. Que tu comprennes que t'es beau et que tu le serais encore plus si t'étais en bonne santé. Que tu comprennes que ce que t'as, c'est une maladie grave qui tue chaque année un paquet de gens. Et si c'est grave, t'imagines bien que c'est pas en un claquement de doigt que ça va se soigner.

« Alors... ouais, si t'allais voir des spécialistes, ils seraient plus compétents que nous, mais si tu te sens pas capable d'en parler à quelqu'un d'autre, bah Nam et moi on fera ce qu'on peut pour te maintenir à flot. On va t'empêcher de couler, je te le jure. L'anorexie, ça se guérit pas en un jour, il faudra des semaines, des mois, et peut-être même des années, mais on sera patient. Chaque progrès, on t'en félicitera, et si jamais il y a la moindre rechute, on sera pas là pour te la reprocher mais pour essayer de comprendre ce qui s'est passé et comment on peut éviter que ça recommence.

« Tu comprends ce que je veux dire, hyung ? T'es pas seul, et la première chose à faire pour s'en sortir c'est y croire et le vouloir. Quoi qu'il arrive, je te promets de rester auprès de toi jusqu'à ce que tu puisses manger normalement. Et ce jour-là, on fêtera ça en partageant des gâteaux au chocolat qu'on aura fait ensemble. Tu verras, hyung, le pire est derrière toi. C'est fini, on est là, on est tous là. On ira à ton rythme, pas à pas, et même si le chemin est long, je sais que tôt ou tard, on en verra le bout. Je t'aime. »

Seokjin ne sut pas quoi répondre : est-ce qu'un banal « merci » suffisait ? C'était le mot qu'il utilisait quand Taehyung lui passait la sauce pimentée, « merci », alors pouvait-il réellement l'utiliser quand le jeune garçon lui offrait de si belles paroles, si émouvantes et si encourageantes ? Alors il ne dit rien. Il se tut. Il se contenta de serrer son petit ami contre lui en se demandant combien de millions de personnes il avait sauvées dans une vie antérieure pour qu'on lui ait envoyé un compagnon aussi merveilleux que Taehyung.

Il avait envie de s'abandonner à son étreinte, de le remercier de mille façons possibles et de le supplier de l'aider, de rester auprès de lui. Si Seokjin avait toujours aimé se sentir indépendant et capable de tout sans l'aide de personne, aujourd'hui il l'admettait volontiers : oui, il était malade. Oui, il avait besoin d'aide. Non, il ne pouvait pas s'en sortir seul. Parce que c'était sa solitude qui l'avait fait plonger.

« Aide-moi, Taehyung-ah : aime-moi...

- De tout mon cœur, je te le promets. »

Debout au milieu de la chambre, ils s'enlaçaient sans un mot de plus, les yeux clos et le cœur apaisé. Entendre son aîné lui demander de l'aide touchait profondément Taehyung : ce n'était pas le fait d'une quelconque vanité, loin de là. Il voyait simplement en ces mots la preuve que Seokjin voulait et allait s'en sortir. C'était à l'ulzzang de faire le premier pas, admettre son problème et appeler à l'aide. Il en était capable. Il ne se renfermait plus, il ne cachait plus ses troubles à son copain qui comprenait qu'il partageait désormais le poids de cette maladie avec Seokjin : c'était pour cette raison que ce dernier se sentait plus léger. Porter un tel fardeau seul, c'était si difficile.

Taehyung avait conscience de la responsabilité qu'il avait endossée : Seokjin n'avait parlé de son anorexie qu'à Namjoon et lui, preuve qu'il avait confiance en eux. Pourrait-il le secourir ? Il l'espérait, même s'il ne pouvait pas l'affirmer avec certitude. Il voulait croire que sa bonne volonté et son amour pourraient apporter à son copain assez de soutien pour qu'il s'en sorte, et même s'il savait que c'était une pensée naïve, il ne pouvait pas s'empêcher de songer qu'avec l'aide de Namjoon, ils pouvaient y parvenir. Seokjin s'était ouvert à eux, le plus dur était passé. Dans un tel cas, parler était sans aucun doute la clé de la guérison.

Boy's love Café [Jikook/Sope]Where stories live. Discover now