Épilogue

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Les pieds rivés dans l'eau, je contemple l'horizon qui s'offre à moi. Ma respiration calée sur le doux murmure des vagues, je laisse vaquer librement mes sens. Inspire. La mer s'avance sur la plage et fait rouler au passage quelques galets dans un bruit sourd. Expire. La mer se retire dans une élégante traînée d'écume aux motifs organiques. J'ai toujours été fascinée par le contraste entre le bleu obscur de l'eau et cette dentelle d'un blanc immaculé.

Nouvelle inspiration. J'enfonce un peu plus mes pieds, savourant le contact doux des galets polis sur ma peau. Aujourd'hui, la mer semble heureuse et sereine, comme en accord avec mon état d'âme. Les reflets du soleil dansent sur l'eau, quelques mouettes planent au-dessus de ma tête et seul un avion a fendu le ciel calme d'une traînée de nuages couleur pastel.

L'été passé ici n'a rien enlevé à mon émerveillement pour les couchers de soleils du sud. Chaque jour offre une nouvelle scène à mes yeux ébahis.

— Dis, Kaïa, ça fait cinq minutes là, non ?

Tirée de mes pensées par une voix enfantine, je consulte ma montre.

— Ça en fait même huit.

— Huit ? Hé, mais tu n'avais rien dit !

Noa, planté à côté de moi dans l'eau, croise les bras d'un air mécontent.

— Tu avais l'air tellement serein que je n'ai pas voulu t'interrompre.

Bien que mes paroles soient sincères, je les accompagne d'un sourire taquin.

À la veille de mon départ pour Lyon, j'ai insisté pour revoir l'enfant une dernière fois. Il faut dire que ma dernière semaine à Nice a été le théâtre d'une dernière grande nouvelle...

En effet, lorsque ma mère est revenue de Bretagne avec Hugues et que je lui ai confié l'histoire de Noa, la situation a pris un nouveau tournant. Sous mes yeux médusés, ma mère a décrété qu'il s'agissait d'un signe du destin. « Tu fais cette rencontre qui te chamboule tant et cet enfant a besoin d'un foyer, pile au moment où nous obtenons l'agrément pour devenir famille d'accueil... Parfois, les choses se passent pour une raison ».

Quand je l'ai prévenue du caractère impulsif de Noa, ma mère n'a pas semblé intimidée. Il a alors fallu soumettre l'idée à Hugues, qui a vite accepté. « Si nous pouvons permettre à ce petit garçon de rester dans un environnement de confiance à Nice tout en maintenant un lien avec toi, la question ne se pose pas » a-t-il conclu d'un air pragmatique. Peut-être que je l'ai jugé un peu vite, tout compte fait...

Depuis, ma mère et Hugues ont rempli des tas et des tas de formulaires pour officialiser cette décision. Leur dossier est actuellement en cours de traitement, mais j'ai bon espoir. Le fait qu'ils se trouvent dans la ville d'origine de Noa et, surtout, qu'ils aient l'appui de Didier, jouera grandement en leur faveur.

Pour le moment, l'enfant ignore ce qui se trame : j'ai demandé à Didier de garder le secret pour lui annoncer cette nouvelle avant mon départ pour Lyon.

— Mais du coup... Ça veut dire qu'on a réussi notre défi de méditation ?

Le ton allègre de l'enfant me met du baume au cœur.

— Eh oui... Après de multiples tentatives, nous y sommes arrivés. Je te félicite, Noa, tu as tenu ton engagement.

Non peu fier, l'interpellé affiche un grand sourire.

— Et toi, alors, comment vont tes doigts ?

Sans me laisser le temps de répondre, il attrape ma main pour l'examiner.

— Hum... Je note une légère amélioration, mais peut mieux faire...

— Ce n'est pas évident d'effacer un tic nerveux du jour au lendemain, mais je te promets de faire de mon mieux. Il faut dire que ce n'était pas une passe simple pour moi... Je pense que tu sais mieux que personne pourquoi.

Un été pour se chercher [Terminée]Where stories live. Discover now