Chapitre 37

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Les jours qui suivent l'incident du bracelet sont étonnamment calmes. J'en profite pour avancer sur mon projet vidéo avec Martin, mais aussi pour passer du temps avec Noa, qui reprend ses marques avec moi.

Malgré tout, je suis surprise de voir qu'il ne me reparle plus du bracelet perdu : son attitude n'est pas sans me rappeler celle de Martin, qui a pris l'habitude d'étouffer ses émotions pour ne pas se sentir submergé. J'en déduis alors qu'il préfère certainement enterrer cette histoire au fond de lui pour la digérer. S'il a besoin de temps, je lui en laisserai : j'ai promis d'être là pour lui et je ne compte pas manquer de nouveau à ma parole.

Ainsi, lorsque le petit garçon vient me voir à la fin d'une longue et chaude journée, je lui offre un sourire bienveillant.

— Je voulais juste te dire que j'ai décidé d'inviter Sofia à la maison ce soir, m'annonce-t-il.

Ses paroles me surprennent, et je réalise vite la portée d'un tel acte de confiance.

— C'est super, vous allez bien vous amuser ! C'est ta nounou qui vient vous chercher ?

Contre toute attente, ma question semble gêner l'enfant.

— Euh, ben, pas vraiment en fait... Ma nounou arrive un peu plus tard que d'habitude, ce soir. Mais, ne t'inquiète pas, elle m'a dit qu'on pouvait rentrer à pieds !

Dubitative, je fronce les sourcils.

— Comment ça ? Elle a prévenu la direction, au moins ? Est-ce qu'elle t'a laissé un mot ?

— Euh, ben, elle m'avait laissé un papier, mais je l'ai perdu...

— Sacré Noa... Je ne peux pas te laisser sortir sans preuve, moi.

Confuse, je décide de consulter Zozo. Malheureusement, la directrice n'en mène pas large. N'ayant pas le numéro de téléphone de sa nounou, nous tentons d'appeler le père de l'enfant, mais impossible de l'avoir. « Normal, il travaille », déclare Noa. Lorsque nous ressortons bredouilles du bureau, l'enfant affiche un air dépité.

— Du coup... Comment on fait ?

— Je ne sais pas, ce n'est pas si simple... lâché-je d'un air pensif.

— Mais ma nounou ne va jamais venir nous chercher, elle pense que je rentre seul ! Elle va encore s'énerver contre moi, et je vais être obligé d'annuler ma soirée avec Sofia...

L'air triste des deux enfants me touche plus que je ne l'aurais voulu. Bon sang, si je veux continuer à travailler avec les enfants, il va falloir que je m'endurcisse un peu !

— Bon, très bien, cédé-je. Je n'ai pas à rester pour l'accueil du soir, du coup, je peux vous accompagner jusque chez toi, Noa.

— C'est vrai, ça ?

— Oh, tu es la meilleure, Kaïa !

Pendant que Sofia me saute au cou, je me tourne vers Noa :

— Rassure-moi, ce n'est pas trop loin ?

— Mais non, ne t'en fais pas, on en a pour quinze minutes grand max, me rassure-t-il dans un grand sourire.

* * *

Quinze minutes grand max, tu parles...

Je ne cesse de ruminer durant tout le trajet, qui se fait sous un soleil cuisant. Noa ne semble pas avoir une notion des distances très développée, car nous sommes partis depuis déjà une bonne demi-heure. J'aurais dû m'en douter, je suis vraiment trop naïve...

— On est bientôt arrivés ! annonce l'enfant. Plus que cinq petites minutes.

C'est-à-dire quinze...

Un été pour se chercher [Terminée]Where stories live. Discover now