Chapitre 5

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— Bon, qui lance la musique aujourd'hui ?

Mardi matin, deuxième jour de centre, 8h45. Pendant que je suis en train de préparer mon support d'activité, Marylin, animatrice plus âgée, est affalée sur une chaise en plastique. Visiblement peu emballée à l'idée de s'occuper des enfants, elle prétend s'occuper du pointage, alpaguant chaque nouvel arrivant d'une voix semblable à celle d'un camionneur bourru. Depuis je l'ai surprise en train de chater sur Tinder en faisant mine de surveiller une partie de cartes, je crois pouvoir affirmer qu'elle cherche à esquiver autant que possible son travail.

— J'y vais, c'est bon.

Résignée, je me relève pour faire rouler l'énorme chaîne hi-fi en direction de la cour. Une fois mon téléphone connecté à la prise jack, j'appuie sur play, entrainant un déferlement de décibels qui suffit à réveiller les quelques enfants encore potentiellement endormis.

— Allez, les enfants, on se bouge ! s'exclame Cécilia en s'élançant sur la piste.

Petit à petit, enfants et animateurs la rejoignent. À croire que cette musique, aussi ridicule et ringarde soit-elle, génère une sorte d'effervescence contagieuse.

« Les mains sur les hanches et on fait le poulet ! Le poulet ! »

Encore trop gênée pour me lancer sur la piste, je jette un regard amusé à mes collègues. À ma gauche, Valentin se déhanche avec énergie en imitant le cri d'un coq, et je me surprends à envier son lâcher prise. Le fait de travailler en accueil de loisirs semble avoir un effet libérateur, comme si, dans l'enceinte de ces murs, le ridicule n'existait plus.

Une fois la chanson terminée, les enfants s'alignent par âge derrière des plots distincts. C'est à ce moment que Martin me rejoint :

— Alors, prête pour l'atelier du jour ?

J'acquiesce en souriant. Hier, nous avons profité du temps d'accueil du soir pour mettre au point notre activité du jour : un atelier sur les musiques du monde. Le fait de savoir à l'avance le programme du lendemain m'aide à me projeter avec moins d'appréhension.

— Oui, je suis venue plus tôt pour préparer la carte. Je me suis dit que ce serait bien de pouvoir y fixer des repères et de relier les photos à des fils, du coup j'ai trouvé un support en carton et des punaises.

— Super, merci ! Dans ce cas, je suppose qu'on peut annoncer l'activité de notre pôle ?

Un hochement de tête plus tard, nous rejoignons les animateurs énumérant déjà leurs activités. Entre l'initiation au jonglage, le tournoi de basket ou encore la réalisation d'une fresque en body painting, les possibilités sont aussi multiples qu'alléchantes. Malgré tout, nous nous retrouvons avec un bon groupe d'enfants. Parmi eux, je repère quelques visages familiers – dont, à mon grand désarroi, ceux des jumeaux Tessier.

— Daniel, David ! commente Martin en les apercevant. Vous n'êtes pas inscrits au tournoi de basket ? Je pensais que vous n'aimiez que le sport.

— C'est faux, on aime plein de choses.

Le sourire énigmatique qu'ils affichent est loin de me convaincre, mais je leur laisse le bénéfice du doute. Heureusement, nous échappons à Noa, qui semble avoir jeté son dévolu sur le pôle baignade.

Une fois réunis autour de la carte, nous commençons l'activité par un petit tour de table.

— Bon, dites-nous tout. Qu'est-ce que vous aimez, comme musique, vous ?

— Moi, j'adore le hip hop et le r'n'b, surtout les chansons de 50 cent et de Snoop Dogg ! s'exclame un enfant, dont les grands yeux s'illuminent aussitôt.

Un été pour se chercher [Terminée]Where stories live. Discover now