Chapitre 31

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— Allez, allez, on s'active ! Les parents arrivent dans une demi-heure et rien n'est prêt !

J'ai toujours été assez sensible au stress des autres et, depuis ce matin, Zozo n'a cessé de me transmettre le sien. Autant vous dire que la séance de relaxation proposée par Cécilia aux enfants n'est pas facilitée par les exclamations de la directrice en arrière-plan.

— Ben dis donc, c'est l'armée ici, ou quoi ?

Je me tourne vers Samuel, qui affiche un air perplexe.

— Mon pauvre ami, tu as fait l'erreur de venir tôt. Tu vas devoir te coltiner tout le stress de la mise en place...

Le colombien me répond d'un soupir théâtral. Malgré la tension ambiante, je me sens plutôt confiante : entre la nourriture, la musique, les décorations et les costumes typiques de Sofia et Gabi, nous avons largement de quoi remplir notre stand.

Nous sommes en train d'installer notre table dans un coin ombragé de la cour, quand les deux sœurs nous rejoignent.

— Hé, qu'est-ce que vous faites ici ? Vous n'êtes pas censées être en séance de relaxation ? les sermonné-je.

— On a demandé à Cécilia de venir vous aider, m'explique l'aînée. On était trop impatientes !

— Regarde, tu as vu ma robe ? renchérit la cadette.

En tournant, Sofia fait voler autour d'elle ses jupons aux couleurs de la Colombie.

— Si c'était une tentative de diversion... Elle a totalement marché, je me rends, cédé-je dans un soupir. Il nous manque une affiche pour le stand, ça vous dit ?

— Oh, oui ! Merci, Kaïa !

Ravies, les petites se ruent vers la salle d'arts plastiques.

— Ça, alors ! C'est drôle de te voir par ici, Samuel !

— Martin, mi amigo ! s'exclame le colombien en saluant mon binôme. Je suis venu donner un coup de main pour l'installation du stand. J'ai hâte de voir ce que tu nous as préparé pour le Venezuela !

Il ne me faut pas beaucoup d'efforts pour percevoir le malaise de Martin.

— Euh... À vrai dire, je n'ai pas trop eu le temps.

— Non, vraiment ? C'est dommage ! Si tu veux, tu peux venir en parler ici sur le stand. Après tout, nos cultures se ressemblent beaucoup !

— C'est gentil, mais vraiment, ce n'est pas grave.

— Bon, c'est pas tout, mais il faut qu'on s'y mette, le stand ne va pas s'installer tout seul, déclaré-je. Samuel, tu peux aller chercher la nourriture, s'il te plaît ? Avec Martin, on s'occupe de récupérer des plateaux et des assiettes.

Le colombien acquiesce et file sous le préau, tandis que mon binôme m'adresse un sourire reconnaissant.

— Merci, Kayita, pour la diversion.

— Je sais que le sujet est délicat pour toi. Mais il y a quelque chose que je ne comprends pas... Pourquoi est-ce que tu refuses de faire un stand sur ton pays ? Toi qui trouves qu'on ne parle que du négatif et de la misère, ça pourrait être intéressant d'en partager les bons côtés, non ?

— Sans doute... Mais ça implique que tout le monde sache que je suis vénézuélien. Le souci, c'est que tu es la seule du centre à qui je l'ai dit. Je n'ai pas envie qu'on commence à me questionner et à me regarder avec pitié... Ma seule envie, c'est de m'intégrer.

— En faisant table rase de ton passé ?

Martin se contente de hausser les épaules. Comprenant qu'il y a encore des aspects de son histoire qui me dépassent, je m'empare d'une pile d'assiettes.

Un été pour se chercher [Terminée]Where stories live. Discover now