Chapitre 3 : Le retour d'une amie

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Je pris Antoinette sous le bras et marchai avec elle entre les tentes peintes. Le grand banquet ne tarderait sans doute pas.

— Alors ? Quelles nouvelles ? me demanda la blonde.

— Oh rien n'a changé ici, lui avouai-je. La mère du roi me déteste toujours autant et m'accuse chaque jour de vouloir tuer son fils.

— Pourquoi dont ?

— Oh trois fois rien ! Il est ... possible que j'ai essayé une nouvelle invention. Ce sont des ailes géantes.

— Éléonore ... me gronda-t-elle, amusée et connaissant parfaitement mes tendances audacieuses.

— Un jour, je volerai, Antoinette. Je trouverai un moyen de voler.

— Seuls les anges peuvent rejoindre le Ciel.

Et moi. Je n'étais peut-être pas un ange, mais je serai un oiseau.

— Bref, je me suis jetée du haut du Clos Lucé et ...

— Tu as fait quoi ? s'écria Antoinette, se stoppant dans ses pas.

— Tout va bien, la rassurai-je. Tu vois, je suis encore en un seul morceau !

— Un jour, tout cela finira mal. Dieu n'a pas demandé à l'homme de le surpasser ...

— Je n'ai pas pour projet de le surpasser, seulement de l'égaler.

Antoinette écarquilla ses yeux bleus, outrée de mon blasphème. Mais elle avait l'habitude avec moi. Mon père n'était pas le plus fervent chrétien que cette terre ait porté.

— Si je ne te connaissais pas ... maugréa mon amie.

— Tu me dirais que je suis une hérétique qui blasphème et tu aurais peut-être raison. Mais nous ne sommes pas ici pour parler de mon rapport avec Dieu. Je disais juste que j'ai essayé de voler. Certes, cela s'est soldé par un échec et j'ai failli percuter le roi, mais tout s'est bien terminé finalement !

— Tu as failli tuer le roi ?

— Percuter, rectifiai-je.

— Et tu trouves cela étonnant que sa mère ne te porte pas dans son cœur ...

— Je ne la porte pas non plus dans le mien, je te rassure, lui souris-je.

— Éléonore ... Un jour, ton franc-parler te causera des problèmes ...

Pour toute réponse, je haussai les épaules.

— Comment va ton époux ?

Antoinette ne fut pas dupe de mon changement de sujet et passa une main sur le voile retenant ses cheveux blonds. Pour ma part, je portais mes cheveux lâchés, n'étant pas mariée.

— Claude se porte à merveille. Ses blessures de Marignan ne sont plus qu'un lointain souvenir. Il est un proche de Sa Majesté le roi et ce dernier nous comble de bienfaits.

Je suivis son regard et vis justement le roi de France en train de s'entretenir avec Claude de Lorraine, l'époux d'Antoinette. Claude était bel homme avec ses cheveux bruns et sa courte barbe. Et il semblait avoir de l'affection pour son épouse, ce qui était loin d'être le cas de tous les hommes de la Cour. Même le roi n'avait que très peu de tendresse pour son épouse, Claude de France. 

Je n'avais d'ailleurs toujours pas vu la reine. Elle devait se tenir éloignée de son époux. Je ferai de même si ce dernier ne faisait que passer son temps avec quantité de maîtresses. La dernière en date était sans doute cette brune qui minaudait à son bras. 

La flamme de la SalamandreWhere stories live. Discover now