Chapitre 2 : Un ancien secret

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Léonard connaissait le côté séducteur de François Ier, mais jamais Éléonore ne semblait avoir succombé à ses charmes. Et lui n'insistait pas trop non plus. Ils se connaissaient bien car le roi venait souvent rendre visite à Léonard, mais il n'y avait rien de plus entre eux.

Pourtant, Léonard devait demander une faveur au roi. Une faveur à laquelle il songeait depuis maintenant des mois.

- Mademoiselle De Vinci est une jeune femme charmante et fort intelligente, choisit de répondre le roi, perplexe.

- Certes, certes. Elle tient tout cela de ses parents ... souffla le vieil homme, passant naturellement une main dans sa longue barbe blanche.

- Vous ne m'avez jamais parlé d'eux ...

- C'est encore très douloureux, Majesté ... Même pour le vieil homme que je suis. Les souvenirs de mon passé me hantent encore.

Comment pourrait-il oublier la mort tragique de Marie ? Son corps retrouvé sans vie sur le bord de l'Arno ? Et ses dernières paroles à son égard ... Quand elle l'avait imploré de protéger sa fille ... Et il l'avait fait. Durant toutes ces années. Mais désormais, il se sentait de plus en plus épuisé.

- Je crois savoir qu'Éléonore est une orpheline que vous avez recueillie ... supposa François.

- Ce n'est pas l'entière vérité ...

Le roi se pencha en avant sur son siège, soudainement intrigué.

- Elle ... poursuivit Léonard. Sa mère me l'a confiée. Juste avant de mourir.

- Que lui est-il arrivée ?

- Elle a été assassinée ...

Sa voix se brisa à la fin de sa phrase mais il prit sur lui pour ne pas s'effondrer. Ses doigts se crispèrent autour de son verre.

- C'était une femme que j'appréciais énormément, se confessa-t-il. Une amie très chère à mon cœur. Et que j'ai perdu dans d'affreuses circonstances. Elle s'appelait Marie.

Si seulement elle avait accepté de fuir avec lui plutôt que d'affronter ses ennemis ... Peut-être serait-elle encore en vie et avec sa fille ... Mais Marie avait voulu épargner à sa fille la vie de fuite et de peur qu'elle avait vécue et son courage forçait l'admiration.

François posa une main réconfortante sur son avant-bras, partageant son chagrin. Léonard se rendit alors compte qu'il pleurait.

D'une main tremblante, il effaça la larme qui coulait sur sa joue.

- Que s'est-il passé ? demanda le roi d'une voix douce.

- Je ne l'ai jamais su. Les juges de Florence ont conclu sa mort par une rixe qui aurait mal tournée. Mais ce n'est pas le cas. Je sais qu'elle a été assassinée.

- Par qui ?

Léonard prit une profonde inspiration et tourna son regard bleu vers son roi. Il savait qu'après ce qu'il allait lui dire, il n'y aurait plus de retour en arrière possible.

- Majesté, dit-il alors d'une voix sérieuse, je m'apprête à vous révéler un secret que j'ai jadis juré de garder pour moi. Mais mes forces s'affaiblissent de jour en jour et je crains de ne plus rester encore longtemps sur cette terre.

Pas assez pour protéger Éléonore des dangers qui l'attendaient. Léonard de Vinci n'était plus l'homme de sa jeunesse. Il avait maintenant soixante-six années et le temps jouait contre lui.

François secoua ses boucles brunes.

- Père, ne dites point cela. Vous êtes un vieil homme certes, mais vous avez encore de longues années devant vous, j'en suis persuadé.

La flamme de la SalamandreWhere stories live. Discover now