14 : Coup

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Comme Jean me l'avait demandé, je suivis le petit groupe à distance. Les deux détenus ne savaient pas que j'étais là, et je faisais de mon mieux pour me déplacer sans bruit entre les feuillages. Jean avait demandé à ce que je ne sois qu'une assurance, je ne devais intervenir que si j'estimais qu'il était en danger. Il ne m'avait expliqué qu'une partie de son plan, afin que je n'intervienne pas plus tôt. Il me connaissait bien. 

Il marchait derrière eux, les retenant par une corde, et les arrêta face à une petite falaise. 

- On oublie tout ce qu'on a vu, promis, déclara le jeune homme aux cheveux noirs, Marlo. 

- Ca, j'en doute pas, puisque vous allez crever ici ! s'exclama Jean. 

Le ton qu'il utilisait ne lui ressemblait pas. Il avait bien fait de me prévenir. Si ça n'avait pas été le cas, je l'aurais arrêté avant qu'il ne fasse quelque chose qu'il finirait par regretter. Il dégaina rapidement un couteau de sa manche. Hitch s'agrippa au bras de son équipier, qui levait les mains pour se protéger. 

- C'était pas ça, le plan ! protestait-il. 

- C'est trop risqué de vous laisser filer, s'expliqua mon ami. Je prends sur moi de vous buter. 

- Fais-nous confiance ! continua la coupe au bol. On sait que vous vous battez pour sauver l'humanité ! Pas vrai, Hitch ? 

Celle-ci confirma en hochant véhément la tête. Je ne savais pas si c'était vrai, ils pouvaient très bien agir ainsi par simple instinct de survie, mais ils étaient sacrément convaincants. 

- Comme si j'allais vous croire... Surtout toi, Coupe au bol, je te sens pas. Qui choisirait une coupe pareille ? Je pourrais jamais me fier à toi.

Je retins un sourire à l'utilisation du surnom que j'avais donné à Marlo quelques minutes plus tôt. 

Après cette déclaration, il s'élança immédiatement dans leur direction, le couteau fermement dans sa main. Je me tendis, il avait l'air très convaincant, lui aussi. C'était le but, après tout. Il fit alors mine de se tordre la cheville, lâchant le couteau et l'envoyant vers les deux. La chute n'était pas très bien réalisée vue de dos, mais les deux autres ne semblaient y voir que du feu. Marlo ramassa l'arme, lançant à Hitch de fuir, alors que Jean se relevait. Je pris sur moi-même pour ne pas intervenir, même si l'envie ne manquait pas. J'étais curieuse de savoir où ça nous menait. 

Jean immobilisa Marlo, posant le canon d'une arme à feu sous son menton. 

- Mon flingue sera plus rapide, déclara Jean. Tu veux parier ? Voir quelle arme frappera en premier ? 

- Fais pas ça ! insista son adversaire. Je suis de votre côté ! 

- Impossible de croire que tu veuilles nous rejoindre. Tu penses vraiment qu'on est en état de sauver l'humanité ? 

- Dans ce cas, dis-moi pourquoi tu restes dans le bataillon, toi ? demanda Marlo, d'un ton bien plus calme. J'ai choisi le mauvais corps d'armée. Tant que je saurai que tu te bats en mettant ta vie en jeu, je te ferai confiance. 

Marlo jeta l'arme blanche un peu plus loin. Jean se détendit, au moment où je regardais Hitch ramasser une grosse branche. Elle était sur le point de frapper Jean, quand je retins la branche alors qu'elle prenait l'élan. Elle me regarda avec terreur et surprise. 

- J'ai bien peur d'être plus forte que toi, souris-je. 

- Hitch ! s'exclama Marlo. Arrête ! Il a fait ça pour me tester ! 

Elle s'immobilisa. 

- Quoi ? 

- Ouais, soupirai-je. Tu ne m'as pas dit pourquoi, d'ailleurs, fis-je remarquer à mon ami.

Humanity's salvation (FRANCAIS)Where stories live. Discover now