Année VII, Chapitre 12 : Ils étaient deux frères et une sœur

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Juste sous ses yeux, Victor haletait, se débattait, suffoquait. Flop ! Flop ! Flop ! Il projetait des gerbes d'eau autour de lui alors que son corps s'enfonçait dans l'eau poisseuse du puits. Il parvint à sortir un bref instant la tête hors de l'eau.

"Sher... !"

Nouveau cri étouffé par l'étau des eaux. Les bras du garçonnet s'agitaient de plus en plus fort, ses jambes donnaient des coups de plus en plus faibles.

"S'il te plait ! Arrête !"

Des mains résolues l'enfoncèrent. Ses cheveux roux ondulaient alors qu'il secouait sa tête. Son cache-œil de pirate était mis de travers. Il griffait les bras qui enserraient son cou, hurlait dans l'eau, provoquant une nuée de bulles qui remontaient vers la surface inatteignable telles des méduses transparentes.

"Victor ! sanglota Sherlock. A l'aide ! Aidez-le ! S'il vous plait !"

Personne ne répondait à ses appels. Les mouvements de Victor s'atténuèrent jusqu'à disparaître. Les mains qui le tenaient ne le lâchèrent cependant pas. Puis Sherlock se rendit compte que c'étaient ses mains.

Il recula d'un geste brusque, pris d'un sanglot paniqué, et se tassa sur la paroi.

"Victor ! Victor !"

Il leva des yeux embués de larmes vers le ciel. Une silhouette se découpait dans la lumière.

§

"Mycroft ! Mycroft ! a mangé trop de gaufres ! Son bidon a gonflé, Mycroft a trop mangé !"

"Oh la ferme ! fit Mycroft a sa sœur qui marchait plusieurs mètres devant lui, suivie de Sherlock. Tes paroles ne riment même pas et ne sont pas intelligentes ! Et puis c'est toujours le même air que tu chantes !"

Sherlock, plein d'énergie, rebroussa chemin et rejoignit Mycroft pour le tirer par la manche et l'aider à progresser. Il n'avait jamais aimé les randonnées, et ce voyage en Allemagne ne lui plaisait guère. Mais c'était surtout l'idée d'Euros qui le dérangeait, et c'était pour cette raison qu'il avait décidé d'accompagner son ainée et son cadet. Leurs parents, restés dans leur manoir en Angleterre, ne savaient même pas qu'ils se trouvaient à mille kilomètres de chez eux, et ils transplaneraient avant qu'ils ne s'aperçoivent de leur absence.

Au moins c'est l'Allemagne et non pas le désert du Sahara comme avant-hier et le point Nemo comme la semaine dernière, ronchonna-t-il intérieurement.

Un paysage de verdure s'étendait autour d'eux, paisible et rayonnant dans la clarté du midi. Devant eux, ils entendaient le ronronnement de l'impitoyable rivière qu'ils longeaient depuis déjà des heures. Ils avaient longuement admiré les chutes du Reichenbach et y avaient pique-niqué. Sherlock y avait raconté une histoire - qui sans surprise s'était fini en un combat de pirates contre un poulpe géant du nom de Mygaufrette. Euros avait apporté des modifications à l'histoire, bien que ce soit Mycroft qui ait eu l'idée du nom de "Némésis", la déesse de la justice des Dieux grecs. Ils avaient appelé cette histoire les chutes du Reichenbach et Euros l'avait retranscrite dans leur manuscrit, Les chants de la Mort.

Prise d'un élan d'inspiration, et parce qu'elle était sans aucun doute la meilleure conteuse d'histoire de la famille, Euros débuta :

"Il était une fois, il y a fort longtemps, trois frères qui voyageaient autour du monde, avides de savoir et envieux de connaître tous les secrets qu'il avait à offrir. Ces trois frères n'étaient pas des sorciers comme les autres ; non, eux quand ils regardaient autour d'eux, ils voyaient des énigmes, des chiffres, des données, que seuls eux pouvaient percevoir..."

Les chants de la Mort - Sherlock fanfictionWhere stories live. Discover now