Année VII, Chapitre 3 : Le testament de Slughorn

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Mme Hudson exigea que John s'installe sur un fauteuil et qu'il boive un thé bien chaud.

Sherlock soupira : il avait prévu de faire entrer John en douce et de le laisser se reposer dans une chambre. Il s'assit en face de lui, silencieux, le regard inquiet. Il n'était pas vraiment doué pour rassurer les gens et préférait se taire plutôt que faire un pas de travers avec son John. Cela fit rire doucement le blond.

"Quoi ?" s'inquiéta le plus grand, se demandant s'il avait fait une bêtise.

"Tu es tellement stupide, des fois !" rit John, d'un rire un peu triste, face à un Sherlock perdu.

Ils retombèrent peu à peu dans un silence gênant. Chacun savait à quoi l'autre pensait. Au baiser.

Sherlock ouvrit la bouche, la referma, la rouvrit avec hésitation :

"Si tu veux en parler, je..."

Mais il fut interrompu par l'arrivée des parents Holmes et d'un homme inconnu dans le salon. Un homme d'une cinquantaine d'années, vêtu d'un costume noir rayé et d'une cravate rouge, tenant un chapeau melon et un manteau à la main. Ministère, songea le détective.

"Oh ! John, que t'est-il arrivé ?" s'inquiéta Mme Holmes.

"Rien... Je suis tombé dans escaliers."

Sherlock fut attristé de la manière aisée qu'avait John de mentir à propos de ce qu'il s'était passé. La femme lança au blond un regard dubitatif, mais se souvint qu'ils avaient eux aussi ramené un invité.

"Sherlock, ce monsieur du Ministère souhaite te parler."

"Je n'ai rien fait, alors au revoir." fit le brun en désignant la porte à l'homme, un sourire forcé sur le visage.

"Ce n'est pas pour ça que je suis là, assura l'homme en s'installant sur une chaise. Comme vous le savez, Sherlock Holmes, le professeur Horace Slughorn s'est suicidé l'année précédente."

"Horace s'est suicidé ? s'horrifia Mme Holmes.

"Votre nom est mentionné dans son testament."

Sherlock fronça les sourcils tandis que le sorcier dépliait le testament en question :

"A monsieur William Sherlock Scott Holmes, lut-il, je lègue cette fiole et son contenu en espérant qu'il ne me jugera pas trop sévèrement."

L'homme sortit ensuite la fiole dont il était question. Elle était faite de cristal et contenait un liquide brillant. Sherlock la prit.

"J'ignore de quoi il s'agit." avoua l'homme, espérant sûrement que Sherlock l'éclaire à ce sujet.

Sherlock partit aussitôt vers sa chambre, ignorant royalement l'homme, suivi de John.

"Ce sont ses souvenirs." confia Sherlock.

Il verrouilla la porte et ouvrit un placard d'où il sortit un récipient en pierre. Il y versa le contenu de la fiole.

"C'est une pensine, expliqua-t-il à John. Avec ça, on pourra voir ce que Slughorn cachait."

"Tu es sûr de vouloir savoir ?"

"Oui. Je m'y suis préparé."

Le liquide devint sombre et tourbillonna, formant visages et objets. Le professeur Slughorn apparu, dans la salle de défense contre les forces du mal. Il sursauta en s'apercevant qu'une jeune fille aux yeux bleus était là, elle aussi.

"Euros, fit-il. Qu'y a-t-il ?"

"Professeur, qu'est-ce que c'est, la Mort ?"

Le professeur fut étonné de cette question posée sur un ton si enfantin par cette brillante jeune fille de quinze ans.

"Pourquoi cette question ?"

"C'est que, monsieur, d'habitude, mon frère cadet William joue avec son ami Victor Trevor. Mais Victor n'est plus là, et on l'a enterré. Mon frère est très triste. Père et Mère disent que son ami est mort. C'est quoi, la Mort ?"

"Hum... C'est une question bien compliquée... Les gens, quels qu'ils soient, naissent un jour, vivent leur vie, et finissent par mourir. On ne peut vivre éternellement, il faut bien rendre ce qu'on nous a donné."

"Qui en a décidé ainsi ?"

"Je l'ignore ; Dieu, s'il existe. Ou la Mort elle-même."

"Je n'aime pas la Mort, alors. Mon frère n'est plus joyeux comme d'habitude. Il ne rit plus, il ne mange plus, il ne parle plus. Tout ça c'est de sa faute."

"Il fera son deuil, comme nous le faisons tous. Moi-même j'ai perdu des êtres chers. Ils ne reviennent jamais, ils ne sont juste... plus là."

"Et où vont-ils, alors ?" demanda Euros.

"Nul ne le sait."

"Et comment parle-t-on à la Mort ?"

"Elle ne vient que lorsque l'heure est venue. Elle vient toujours. Elle est partout." dit le professeur sur un ton poétique.

"Et quand est-ce que l'heure vient ?"

"Eh bien... Cela dépend. Ça peut-être la maladie, la vieillesse, la faim, la soif, un choc, une blessure... Par exemple, comment l'ami de votre frère est-il décédé ?"

"Il s'est noyé dans un puits."

"Que faisait-il dans un puits ?"

"Je l'y ai jeté. Merci, professeur, je crois que j'ai compris. Je vais réclamer un rendez-vous avec la Mort."

Elle partit sous le regard perdu du professeur.

§

"Sherlock ? Je ne comprends pas..."

"Si, tu as bien compris. Euros a tué Victor."

"Mais..."

"Elle ne comprenait pas ce qu'était la Mort, à l'époque."

"Seigneur... Tu savais ?"

"Oui. Écoute... Il y a des choses que je ne t'ai pas dites, et je n'ai pas été franc avec toi sur plein de choses. Et je ne pense pas être prêt de tout te dire. J'ai juste besoin que tu me fasses confiance."

"Ma confiance tu l'as depuis six ans. Et j'espère que tu as confiance en moi."

Sherlock le remercia d'un regard et pointa sa baguette sur son propre front. Un fil lumineux s'y accrocha et il le fit tomber dans la pensine.

"Voilà mes souvenirs."

Les chants de la Mort - Sherlock fanfictionWhere stories live. Discover now