Année VII, Chapitre 6 : Promenons-nous dans les bois

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John porta ses mains en visière pour observer la maisonnette, plus haut dans la vallée, qui appartenait à son vieux grand-père. Il n'était pas venu ici depuis la mort de sa mère et avait l'impression de replonger en enfance.

C'était exactement à l'endroit où avait été plantée la croix de bois qu'il avait retrouvé sa mère morte, méconnaissable avec ses yeux rougis et sa gorge enflée où le dard de l'abeille assassin était encore planté.

Il n'avait jamais eu le droit de venir auprès de cette tombe ; son père le lui avait interdit.

"Nous n'avons pas de temps à perdre, dit Sherlock. Il faut partir et rejoindre Mycroft à Baker Street."

"Oui... Oui, tu as raison. Est-ce que tu pourrais juste... me laisser seul une minute ?"

Sherlock hésita, mais accepta à condition qu'il se dépêche. Il partit vers la forêt, en veillant à rester à vue du blond. Il l'observa tandis qu'il se recueillait devant la tombe de sa mère. Sans doute lui raconta-t-il ses dernières aventures.

Sherlock porta sa main à la pierre de résurrection. Après tout, il pouvait bien faire ça, juste une fois, pour John.

Mais John saurait-il affronter cela ? Pourrait-il supporter de voir sa mère partir une seconde fois ?

Non. Personne ne le pouvait. Après avoir revu sa mère, John ne cesserait de supplier Sherlock de la ramener encore et encore, assurant chaque fois que c'était la dernière ; il sombrerait dans le chagrin et lorsque Sherlock refuserait de la ramener, de peur de le perdre, John le haïrait et le menacerait de ne plus l'aimer. 

Le blond revint en trottinant, en faisant mine de repérer les alentours pour cacher ses yeux rougis, mettant ainsi fin au dilemme de Sherlock.

Non, je ne peux pas ramener sa mère alors qu'il a enfin fait son deuil. Ce serait bien trop cruel.

"Est-ce qu'il y a un endroit où on pourrait dormir ?" demanda-t-il en regrettant de ne pas avoir pris son sac.

"Je crois qu'il y a un village pas loin, et il y a sûrement une auberge."

"Je ne sais pas si c'est une bonne idée, avoua Sherlock. L'Ombre bénéficie d'un réseau très répandu. Rien qu'à Poudlard, il y avait Moriarty, les trois Morstan, Quirrell et Rogue."

"Rogue aussi ?"

"Bien sûr. Peut-être même Irène Adler et cinq ou six autres Serpentards. Sans compter les mangemorts d'Oakley Street, à Pré-au-Lard. Et puis le Ministère est un véritable nid à taupe."

"Et qu'est-ce qu'on va faire, maintenant que l'Ombre a lancé l'offensive ?"

"Pour l'instant, tout ce qu'on peut faire, c'est se cacher et rejoindre Mycroft à Baker Street."

Alors qu'ils préparaient leur plan, ils s'enfoncèrent dans les bois. Ils traversèrent les rangées d'arbres muets jusqu'à rencontrer un petit sentier envahi de plantes sauvages qui n'avait pas été entretenu récemment.

Ils firent face à une terrible légion d'orties et à une embuscade de ronces aux épines aiguisées, et John se cogna la tête avec un papillon jaune. Sinon, rien de bien alarmant.

Le soleil s'enterrait à l'horizon, plongeant les bois dans un halo ocre, faisant danser sous leurs pieds les ombres grandissantes des arbres. Ils avaient marché toute la matinée, sans manger rien d'autre que des mûres trouvées par hasard - même Sherlock finit par regretter son gâteau d'anniversaire aux fruits. Des fraises en forme de cœur, des tranches de kiwi recouvertes de sirop, un coulis de chocolat dégoulinant, de la crème chantilly...

Les chants de la Mort - Sherlock fanfictionWhere stories live. Discover now