Année III, Chapitre 4 : Un passager clandestin

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Appuyé contre la fenêtre du Poudlard Express, John regardait les moutons et les éoliennes défiler dans les prairies inondées d'une lumière matinale. Il ne se sentait pas aussi heureux que les deux premières fois à l'idée de retourner à l'école. Il songea même qu'il n'assisterait pas au banquet de début d'année : la Grande Salle lui rappellerait trop cette nuit fatidique, puis la cérémonie qui y avait eu lieu quelques jours après en l'honneur de Sherlock.

Greg lisait sans vraiment le comprendre le nouveau manuel de défense contre les forces du mal. Ils auraient encore un nouveau professeur cette année. Un certain Remus Lupin. John espérait que celui-ci ne serait ni un adepte de l'Ombre, ni un usurpateur, cette fois.

En plus de Greg et Molly, dans le compartiment, se trouvait un jeune garçon de première année. Il portait un simple tee-shirt et un jean, mais ne semblait pas pouvoir tenir en place : il jouait avec ses doigts d'un air nerveux et jetait des coups d'œil autour de lui. Autour de son cou pendait une chainette en argent.

"Comment tu t'appelles ?" lui demanda Molly.

Il sursauta :

"Oh, euh... Moi c'est Henry, Henry Knight."

Molly discuta avec lui. Au début il se montra méfiant, puis parla de plus en plus aisément. John s'intéressa au livre qu'il avait posé sur ses genoux : "Les créatures mi-humaines". Il interrogea Henry.

"Ça ? Ça parle de toutes les créatures à demi humaines. Les loups garous, les vampires, les sirènes, les animagus et tous ces trucs-là."

John s'apprêtait à parler quand le train s'arrêta brusquement. Une ombre encapuchonnée, debout sur la voie, dressait vers la ciel nocturne une baguette lumineuse. Le Poudlard Express freina longuement dans une gerbe d'étincelles et s'arrêta juste devant le mystérieux personnage.

Les quatre passagers se tassèrent contre la fenêtre. Ils ne virent que le vide se perdant dans la brume.

"Génial, une panne au milieu d'un pont suspendu à des kilomètres du sol, fit Greg. Au moins ça pourrait pas être pire..."

Comme pour le contredire, les lumières s'éteignirent d'un coup.

"On t'a jamais dit de jamais dire ça ?" fit John.

"Désolé..."

Le train resta immobile de nombreuses minutes et, à chaque seconde, l'air devenait de plus en plus glacial. Les respirations se changèrent en traînées de vapeur et la vitre devint du givre. Un bruit résonna dans le train.

"Quelqu'un... ou quelque chose, vient de monter..." chuchota Henry.

Ils s'approchèrent de la porte du compartiment pour y voir quelque chose, sans oser sortir pour autant. Ils entendirent des pas, lents, comme ceux de quelqu'un qui ne veut pas être entendu et qui sait que le parquet grince.

Une silhouette de taille moyenne se dessina sur la porte de verre. John frotta la glace pour tenter d'apercevoir quelque chose, en vain. Il distingua seulement un œil bleu qui se détourna aussitôt.

La personne qui attendait dehors resta immobile, mais une autre ombre semblait progresser dans le train. John sentit ses poils se hérisser et son cœur devenir fou dans sa poitrine. Plus personne n'osait respirer. La chose qui avançait, de l'autre côté, était une chose terrifiante, quoi qu'elle puisse être.

Une haute silhouette se découpa alors près de la première, grande, fine, tordue comme un vieillard malade. Une grande cape l'enveloppait et les lambeaux flottaient derrière elle dans le vent glacé qui avait envahi le wagon. Elle se pencha vers la plus petite silhouette, qui était sans nul doute celle d'un être humain.

Une voix ébranla le silence et une source de lumière explosa dans le train. Une lumière pure et chaleureuse. Le Détraqueur - car cette chose effroyable en était un - fut balayé, emporté par le flot de lumière.

Des pas, d'une personne qui court cette fois, résonnèrent vers l'opposé.

Quand John parvint à décoincer la porte givrée, il n'y avait plus personne au dehors hormis quelques élèves curieux et des professeurs qui tentaient de mettre un peu d'ordre. Les lumières se rallumèrent une à une le long du train qui repartit quelques minutes plus tard.

§

Quand ils arrivèrent à Poudlard, on les rassura en disant qu'un intrus s'était infiltré dans le Poudlard Express et que le Détraqueur l'en avait chassé. On leur annonça que les Détraqueurs resteraient à l'école pendant une durée indéterminée et qu'il ne fallait surtout pas les laisser s'approcher.

Certains élèves voulurent savoir pourquoi les gardiens d'Azkaban étaient là et s'ils étaient en danger, mais on ne leur fournit aucune réponse.

Henry se retrouva dans la maison Serdaigle. John ne put s'empêcher de se dire qu'il lui faisait penser à Sherlock, assis ainsi à l'écart des autres avec son livre à la main.

"Tu crois que le type qui est entré dans le train est le voleur dont parlait Mycroft ?" demanda Greg.

"Peut-être... Pourquoi quelqu'un voudrait entrer dans ce train ?"

"Peut-être pour assassiner quelqu'un ? plaisanta Greg. Ou peut-être que c'est un vagabond qui n'a pas d'argent pour voyager légalement."

Ils ne purent pas débattre plus longtemps : Dumbledore commença son discours.

Les chants de la Mort - Sherlock fanfictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant