Année I, Chapitre 11 : Joyeuse promenade dans une forêt mortelle

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Collés. John et Sherlock étaient de nouveau collés. Mais cette fois, pas de tâches ménagères.

"Et si on envoyait nos cancres dans une forêt tueuse d'enfants pour se débarrasser d'eux." ironisa Sherlock en prenant la voix de McGonagall.

Rusard, affichant un visage satisfait, toqua chez Hagrid. Il annonça que les deux élèves étaient collés. Le semi-géant ouvrit, armé d'une lanterne et d'une arbalète. John connaissait assez bien Hagrid. Il était venu trois ou quatre fois prendre le thé dans sa cabane avec Molly et Greg, et une fois il était venu avec Sherlock pour aider le garde-chasse à retrouver un niffleur perdu.

Il aurait aimé être là pour prendre le thé. Lorsqu'il demanda en quoi consistait la punition, on répondit :

"On va chasser un loup-garou. Il y en a un qui rôde et qui tue les licornes depuis quelques mois."

Ils s'enfoncèrent dans les bois terrifiants que l'obscurité déguisait en monstres. John resta collé à Crockdur, peu rassuré.

"Le sang de licorne a des propriétés curatives impressionnantes, si on peut dire, fit Sherlock. Il est capable de maintenir en vie celui qui est aux portes de la Mort. Mais ça ne le laisse qu'avec une demi-vie, une vie maudite."

"Les licornes sont des êtres purs et pacifiques. En tuer est un crime abominable digne du pire démon." acquiesça le garde-chasse.

"Je ne crois pas qu'un loup-garou viendrait alors que ce n'est pas la pleine lune." fit Sherlock.

Ils suivirent un petit sentier... si on pouvait appeler un chemin tassé entre les ronces un sentier. Bientôt la lune fut masquée par les têtes feuillues des arbres immenses. Ils marchèrent longuement sans trouver quoi que ce soit.

"C'est quoi comme race de chien ?" demanda le jeune brun en désignant Crockdur.

"C'est un Mâtin napolitain. Une race non-magique."

"Moi j'avais un chien, avoua Sherlock. Un cocker roux. Je l'avais appelé Barberousse."

"Tu avais ? Il est mort ?" demanda John avec compassion.

Il avait bien vu quelle attention il portait à Crockdur. Il lui parlait comme à un ami et semblait véritablement humain lorsqu'il jouait avec lui dans l'enceinte du château. Il comprenait que la disparition de Barberousse ait pu lui faire beaucoup de mal.

"Il a disparu du jour au lendemain, expliqua Sherlock. Quelqu'un l'a noyé. On n'a jamais pu faire payer le coupable, mais on soupçonnait de savoir qui avait fait le coup."

"Y'a vraiment des gens sans cœur." pesta Hagrid, touché et énervé.

Ils restèrent un moment plongés dans le silence. Silence que Sherlock brisa :

"Vous avez d'autres animaux ?"

"J'avais une acromentule quand j'étais gamin, mais elle s'est enfuie. Et j'ai toujours voulu avoir un dragon, mais c'est illégal, donc j'y ai renoncé." expliqua Hagrid.

Sherlock nota les traces de brûlures sur ses mains et les trous dans son manteau et comprit aussitôt que ce n'était pas tout à fait vrai.

"Moi j'aimerais avoir un Cerbère, fit Sherlock. Mais ma mère dit que ça fait un carnage. Je me suis renseigné, mais je ne vois pas comment on les calme."

"Oh, eh bien il faut trouver quelque chose qui les apaise, comme la mus..."

John comprit où menait cette discussion, mais Hagrid, après un froncement de sourcils, le comprit aussi.

"J'ai comme l'impression que vous mettez le nez dans ce qui ne vous regarde pas, vous deux."

"J'ai comme l'impression que vous possédez un dragon illégal, Hagrid." rétorqua Sherlock immédiatement.

Hagrid resta muet et remua les doigts comme un enfant coupable.

"Un dragon ? s'étonna John. Vous l'avez eu où ?"

"Hum... un homme me l'a donné." avoua Hagrid, de peur que l'un des deux ne le dénonce.

"Qui ?" questionna Sherlock.

"Je ne sais pas. Mais il voulait aussi des renseignements sur Touffu... mon Cerbère. Mais je ne dirais rien de plus ! C'est une affaire entre Dumbledore et Nicolas Flamel."

Il continua de marcher puis se rendit compte de son erreur :

"Je n'aurais pas dû dire ça !"

"On savait déjà" dit John.

Sherlock fit remarquer au groupe une tache argentée que John n'aurait jamais remarquée tant elle était petite et Hagrid confirma qu'il s'agissait de sang de licorne. Hagrid décida qu'ils allaient se séparer. Il partit avec John et Sherlock se retrouva avec Crockdur.

Pendant qu'il marchait, le brun se demanda qui voudrait prendre du sang de licorne. Le mot "Ombre" lui vint aussitôt à l'esprit. En effet, c'était bien le style de l'Ombre et ses serviteurs, les mangemorts, de chercher tout ce qui pouvait avoir un rapport avec l'immortalité.

Suivre les traces, pour lui, ne fut pas compliqué. Il trouva rapidement une forme blanche et pure comme du lait, allongée au pied d'un arbre.

C'était un cheval immense et une lumière bienfaisante semblait en émaner. Une corne brillante ornait son noble visage. La licorne remuait légèrement en poussant des plaintes d'agonie à vous déchirer le cœur. Sherlock s'approcha et s'agenouilla près de l'être mourant. Il caressa sa crinière d'argent. Une main semblait s'être refermée sur son cœur et il sentit une quelque chose d'humide sur sa joue. Il ne s'était même pas rendu compte qu'il pleurait.

Comment pouvait-on tuer un être si innocent et pur ?

La licorne le regarda de ses yeux noirs et rendit son dernier souffle. Sherlock resta à ses côtés et envoya des étincelles vertes dans le ciel pour signaler sa position à l'autre groupe.

Soudain, il vit Crockdur partir au galop. Il se rendit compte que quelqu'un, le meutrier, se trouvait derrière lui. Il le regarda. Il portait une cape noire et son capuchon était rabattu sur sa tête. Il n'était pas bien grand, peut-être la taille d'un nain ou d'un enfant, mais inspira à Sherlock un sentiment de terreur. Du sang de licorne luisait sur ses lèvres et coulait sur son menton.

L'assassin s'enfuit.

Sherlock voulut le poursuivre, mais il n'en n'eut pas la force. Sa vision se troubla et sa tête heurta le sol avant même qu'il ne comprenne qu'il s'était évanouit.

Les chants de la Mort - Sherlock fanfictionWhere stories live. Discover now