Année IV, Chapitre 3 : La famille Morstan

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L'hymne de l'école résonnait joyeusement dans la grande salle éclairée de mille et une bougies. Les plats merveilleux s'entassaient sur les quatre tables, encore chauds.

Sherlock ne chantait pas - déjà qu'il faisait un effort inimaginable pour ne pas se boucher les oreilles, il ne fallait pas en attendre trop de lui. John trouvait que c'était dommage : le brun avait une voix particulièrement belle...

Lorsque le silence revint, doucement, le professeur Dumbledore prit la parole :

"Tout d'abord, bienvenue à Poudlard pour cette nouvelle année."

Il rappela les règles habituelles sur la forêt interdite et les promenades nocturnes.

"C'est une année très spéciale car nous accueillons dans notre école une très célèbre famille de sorciers : les Mortsan."

John se dit qu'il avait déjà entendu ce nom quelque part.

"Nous attendons de vous que vous vous comportiez de sorte à faire honneur à cette école en leur présence. Veuillez accueillir les Morstan."

Sur ces mots, trois jeunes sorciers apparurent. Le plus grand était en dernière année. John le reconnu aussitôt qu'il le vit :

"Greg ! C'est Khan, l'attrapeur de l'équipe d'Irlande !"

Un brouhaha résonna sur les murs du château. John regarda Khan Morstan en détail - jamais il n'aurait cru le voir d'aussi près et il se demanda s'il accepterait de lui signer un autographe. Le champion de quidditch était de grande taille et ses cheveux noirs étaient plaqués en arrière, hormis sa célèbre mèche rebelle qui faisait craquer les filles. Il arborait un air sérieux et sévère, presque agressif, et scrutait les élèves avec un regard froid. Son uniforme était impeccable et il portait une cravate aux couleurs de Serpentard.

A sa droite se trouvait un petit garçon roux, Marvin. Il devait avoir une douzaine d'années et semblait angoissé face à toute cette foule. Il avait été envoyé à Serdaigle.

Et puis John reconnut Mary. Elle portait un uniforme de Gryffondor et préférait visiblement porter un pantalon au lieu de la jupe classique. Elle chercha une place et sourit lorsqu'elle vit John.

"Je ne savais pas que ta famille était célèbre !" fit le blond.

"Oh tu sais... je n'aime pas le crier sur tous les toits, dit Mary d'un ton qui apparut à John comme très légèrement agacé. Généralement les gens s'intéressent à moi à cause de mon statut et mon argent."

"Ah, ouais. Ça ne doit pas être facile."

Mary sourit et ils se lancèrent dans une discussion animée. Sherlock les regarda au loin. Un sentiment étrange s'empara de lui ; pourquoi John riait-il autant ? pourquoi est-ce qu'il souriait comme ça ? d'habitude il ne se comportait ainsi qu'avec lui !

Marvin, le cadet des Mostan, s'était installé parmi les places vides non loin de lui, à l'écart des autres élèves. Il se mit à manger en silence, la mine triste.

"Tu ne manges pas ?" demanda-t-il soudainement au brun.

Sherlock soupira. Allait-il avoir cette conversation avec tout le monde ?

"Moi non plus j'aime pas manger." dit Marvin en repoussant son assiette.

Sherlock le regarda de haut en bas. Cravate desserrée, très maigre, le dos voûté, des cernes très visibles sous ses yeux vides, la coupe au bol et avec les lacets de ses chaussures coûteuses défaits, l'air perdu dans le vague. C'était une tenue négligée pour un garçon de bonne famille.

Dépressif autrement dit.

Pas étonnant avec un frère champion mondial de quidditch comme Khan et une sœur réputée comme l'une des meilleures élèves de Beauxbatons (aussi l'une des plus turbulentes) - parce qu'en plus d'être déjà proche de John, elle était intelligente !

Sortir de l'ombre n'était pas facile quand on était le cadet. Sherlock en savait quelque chose.

Marvin planta ses yeux chocolat sur Khan. Il discutait déjà avec Mycroft, probablement de leurs familles, voire de politique, ça ne serait pas étonnant.

§

Sherlock retrouva son lit, dans la chambre qu'il avait occupée seul depuis son arrivée à Poudlard. Il défit sa valise : il rangea proprement ses vêtements dans un placard, posa sa pile de manuels sur le bureau et épingla de nouveau ses documents sur un mur. Il posa une petite boîte en plastique qui contenait une abeille - une abeille solitaire dont il ne pouvait se séparer - près du livre sur les Reliques de la Mort que lui avait offert Jim il y a bien longtemps, maintenant.

Il allait s'affaler sur une chaise quand on toqua à la porte. Il fit mine d'être absent, mais les coups se répétèrent.

"Chui pas là !" beugla-t-il.

La porte s'ouvrit cependant sur Marvin.

"Y'a plus de place dans les autres chambres..."

"Et tu veux dormir ici." déduisit Sherlock.

"Ce n'est pas grave si tu ne veux pas. Personne ne veut de moi alors..."

Sherlock lui désigna le lit à côté de la porte.

"Je joue du violon à quatre heures du matin et je n'aime pas qu'on me parle quand je réfléchis. Et ne touche pas à mes affaires. C'est un bazar organisé. C'est clair ?"

Le petit hocha la tête et posa sa valise auprès de son nouveau lit. Pourquoi Sherlock avait-il accepté ? Une chose était sûre : ça n'était pas du tout pour rendre John jaloux en lui faisant croire qu'il avait d'autres amis que lui.

Non, il était bien au-dessus de ces enfantillages.

Il s'assit son propre lit en tailleur, les mains en triangle, et suivit du regard le première année qui explorait silencieusement la chambre. Il scruta sans faire de commentaire les documents affichés au mur. Au centre se trouvait le symbole des reliques de la Mort et de là partaient des dizaines de ficelles rouges.

Il y avait le schéma d'une pierre en forme de losange, d'une cape. Et une magnifique baguette. Marvin suivit des yeux la ficelle qui la reliait à deux photos : celle d'un petit cimetière, puis celle d'une stèle funéraire où le nom avait été rayé. Il regarda la première photo et parvint à lire le nom sur l'une des tombes. "Holmes."

Les chants de la Mort - Sherlock fanfictionDonde viven las historias. Descúbrelo ahora