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By HaneShino

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1er Novembre 1981 - LA FILLE
4 Novembre 1981 - LE LIEN
10 Novembre 1981 - LA PROTECTION
22 Mai 1988 - LA PROMESSE
1er Septembre 1991 - LA RENTRÉE
25 Décembre 1991 - LE MIROIR
26 Décembre 1991 - LA SOEUR
28 Décembre 1991 - LA RÉPONSE
4 Janvier 1992 - LA MAGIE
22 Avril 1992 - LA DISPUTE
20 Juin 1992 - LE RETOUR
12 Août 1992 - LA LETTRE
19 Août 1992 - LE SURVIVANT
27 Août 1992 - LE PION
8 Septembre 1992 - LA SÉPARATION
4 Novembre 1992 - LA CHAMBRE
20 Décembre 1992 - LA QUESTION
10 Avril 1993 - LE DÉBRIEF
12 Avril 1993 - LA MARQUE
18 Avril 1993 - LA SÉLECTION
21 Juin 1993 - L'ELFE
3 Juillet 1993 - LE JOURNAL
31 Juillet 1993 - L'ÉVASION
1er Septembre 1993 - LE BALAI
8 Septembre 1993 - L'HIPPOGRIFFE
16 Septembre 1993 - LA DÉTERMINATION
6 Novembre 1993 - LA PEUR
12 Novembre 1993 - LA VICTOIRE
18 Décembre 1993 - LA CONVERSATION
25 Décembre 1993 - LE CADEAU
3 Janvier 1994 - LE PLAN
6 Janvier 1994 - LE COUR
10 Février 1994 - LA DISTANCE
5 avril 1994 - LA COURSE
6 Juin - LE TRAÎTRE
20 Juin 1994 - LA FAMILLE
26 Juin 1994 - LE PARRAIN
2 Août 1994 - LA FIOLE
16 Août - LA MÉTAMORPHOSE
17 Août 1994 - LA COULEUR
25 Août 1994 - LA FINALE
25 Août 1994 - LE PRÉSAGE
28 Août 1994 - LA CRISE
31 Août 1994 - L'APPEL
1er Septembre 1994 - LE CHANGEMENT
2 Septembre 1994 - LA FOUINE
17 Septembre 1994 - L'ÉCLAIR
26 Octobre 1994 - L'ANNIVERSAIRE
27 Octobre 1994 - L'AMORCE
28 Octobre - LE RETRANCHEMENT
29 Octobre 1994 - LE MATCH
30 Octobre 1994 - LE SOUVENIR
31 Octobre 1994 - LE CHAMPION
2 Novembre 1994 - L'ASSIMILATION
5 Novembre 1994 - LA CAGE
13 Novembre 1994 - LE BADGE
14 Novembre 1994 - LE SILENCE
24 Novembre 1994 - LA TÂCHE

25 Août 1994 - LE CAMPING

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By HaneShino

          Le départ du Portoloin était prévu à onze heures douze.

          Dans le secteur, il n'y avait qu'eux, les Malefoy, et les Goyle qui se rendaient à la Coupe du Monde. Lucius n'avait donc eu aucun mal à faire jouer ses relations au Ministère pour que le Portoloin soit placé directement dans le salon. Il l'avait ramené au manoir la veille, ce qui avait obligé Narcissa à sévir :

          - Dans vos chambres immédiatement ! Personne ne dormira avec le Portoloin pour le surveiller ! s'était-elle exaspérée en trouvant Aya et Drago enveloppés dans des plaids sur le canapé. Et si l'un de vous deux se lève dans la nuit, ne serait-ce que pour boire ou aller aux toilettes, il n'y aura PAS DE FINAL pour lui demain !

          - Elle va se sentir impuissante quand le match sera fini... avait remarqué Aya une fois dans le couloir du deuxième étage, son plaid sous le coude.

          - Oh, elle serait capable de nous menacer de nous enfermer dans quatre ans... lors de la prochaine Coupe.... Je crois qu'elle y a pris goût, avait répondu Drago.

          Ce matin-là, ce fut donc sans grande surprise que Narcissa retrouva Aya et Drago aux aurores en train de prendre leur petit-déjeuner devant le vieux sac plastique troué.

          - Il faisait jour quand on est descendu... précisa Drago en lançant un petit regard en biais à sa mère.

          Celle-ci leva les yeux au ciel,

          - Il ne va pas se volatiliser vous savez, soupira-t-elle.

          - C'est pourtant son but... répliqua Aya.

          Les Goyle arrivèrent un peu avant onze heures. Tout comme les Malefoy, aucun d'eux n'avaient daigner s'habiller en Moldus. Aya, Drago et Goyle avaient opté pour des pantalons et des t-shirts sous leur cape, mais c'était plus pour des raisons de conforts que de respect des ordres du ministère. Quant aux parents de Goyle et Narcissa, ils arboraient tous les trois d'élégantes robes de sorciers noire, bleu nuit et vert bouteille. Lucius devait les rejoindre plus tard, mais étant donné que jamais de son vivant il ne porterait des habits Moldus, il y avait fort à parier qu'il ne respecterai pas plus la règle qu'eux.

          Le Portoloin les emmena jusqu'à une lande déserte où deux sorciers fatigués et grincheux les attendaient près d'une grande boîte pleine de Portoloins usés. Après avoir pris leurs noms, ils leur indiquèrent un pré à environ cinq cents mètres et leur demandèrent de libérer rapidement la place pour les prochains arrivants. Les Malefoy et les Goyle se rendirent donc jusqu'à une petite maisonnette de pierre un peu plus loin, en admirant un océan de centaines et centaines de tentes hétéroclites alignées dans un champ sous un soleil radieux. Un Moldu à l'air particulièrement hagard les accueillit. Narcissa, Aya et Drago étant des invités du Ministre en personne, il leur indiqua directement l'emplacement de leur tente. Ils abandonnèrent tous les trois les Goyle qui ne cachaient pas leur mécontentement de devoir utilisés de l'argent moldu.

          Leur emplacement ne fut pas difficile à trouver, Lucius s'était arrangé pour faire monter leur tente avant leur arrivée. Celle-ci ressemblait à une réplique miniature du manoir entourée d'une haie basse, de deux bancs confortables et d'une petite fontaine à oiseaux.

          - On peut aller faire un tour m'man ? demanda Drago après qu'Aya et lui ait déposé leur sac dans leur chambre au premier étage.

          - Attendez votre père d'abord, répondit Narcissa depuis la cuisine.

          - Mais...

          - Drago, le match n'est pas encore passé, siffla la mère.

          - Même si j'étais toi, le fils-adoré, je ne la provoquerai pas pendant ces dernières heures d'autorités, chuchota Aya en descendant l'escalier.

          - Qu'entends-je ? Serait-ce le retour de la minute Jalouse ? lui répondit-il et elle tira la langue en lui passant devant.

          Lucius apparut en début d'après-midi, Mr Goyle, son fils et un membre du ministère l'accompagnait. Il tenait à présenter Narcissa, Drago et Aya à tous ceux qui s'arrêtaient pour lui dire bonjour, sans manquer de commentaires sur la magnifique tente de son père à l'image de son cher manoir. Drago était comme un coq en pâte, serrant les mains avec de grands sourires forcés -qui paraissaient néanmoins naturels-, en remaniant avec brio les commentaires que Lucius avait pu faire sur tel ou tel employé. Transformant ainsi un « Celui-là est plus bête qu'un gnome avec un demi-cerveau » en un « Mon père nous a dit que vous aviez une imagination débordante ! ».

          Narcissa, se contentait de quelques faibles sourires polis et hochements de tête qui ne l'engageait à rien. Aya, prête à tout pour la finale, décida de l'imiter et s'investit telle une bonne petite elfe dans la gestion du buffet recouvert de mets somptueux concoctés par sa mère.

          Au bout de deux heures cependant, son naturel revient au galop. Elle parvient à attirer un Langue-de-Plomb un peu à l'écart de son père grâce à de succulentes verrines avocats-crevettes. Et tenta vainement d'obtenir des informations sur le Département des mystères, le seul dont Lucius ne savait rien -ou en tout cas n'avait jamais rien voulu leur révéler. Funestar, plutôt amusée par la demoiselle, se laissa interroger en en profitant pour raser toutes les verrines qu'ils avaient à porter de main.

          - J'ai toujours trouvé ça drôle quand tu disais que ton père était aussi vicieux que blond... Mais maintenant que je le vois, c'est plutôt inquiétant... lança une voix russe d'un air très sérieux.

          - Gustav ! s'exclama Aya avec un grand sourire en se tournant vers Gustav et Willem qui s'approchaient de leur tente, puis elle fit volte-face vers Funestar, les lèvres plissées. Attention, ce type mystérieux parle peut-être russe... prévint-elle soupçonneuse. Je suis mal s'il répète ça.

          Elle ancra ses yeux dans ceux du Langue-de-Plomb, scrutant la moindre micro-expression que pourrait trahir le visage de son interlocuteur.

          - Voyons, voyons... qu'est-ce que je pourrais dire qui créerait forcément une réaction... ah !

          Une très mauvaise idée lui traversa l'esprit. Elle jeta un coup d'œil autour d'elle, Lucius et Narcissa discutaient avec un autre Langue-de-Plomb et une sorcière replète du service abusif des usages de la magie. Drago, qui ne pouvait toujours pas s'éloigner de la tente, avait par dépit arrêté un vendeur ambulant qui passait par là. Goyle et lui s'intéressaient de près à de grosses paires de jumelles. Du moment qu'eux ne l'entendaient pas...

          - Je suis la fille cachée du Seigneur des Ténèbres, lança-t-elle joyeusement.

          Gustav fronça les sourcils. Willem fit un bruit étrange à mi-chemin entre le hoquet et un petit rire. Funestar en revanche continua d'afficher son petit sourire en coin l'air amusé, totalement imperturbable et goba une nouvelle verrine.

          - Ah-ah ! rugit-elle alors en pointant un index accusateur sur l'homme, vous ne parlez pas russe !

          - C'est donc du russe, acquiesça-t-il avec un large sourire à présent. Je me demandais justement si c'était de l'allemand, du danois ou même du polonais...

          - Intéressant, intéressant... En fait vous parlez juste Anglais ? remarqua-t-elle.

          - Peut-être. Mais je dois avouer que tu as éveillé ma curiosité. Durmstrang serait donc en Russie ?

          - Conclusion trop hâtive mon cher, répliqua-t-elle le nez en l'air. Durmstrang réunis des élèves et professeurs de toute l'Europe de l'est. Nous parlons tous au moins trois langues, l'allemand, le russe, et le polonais.

          - Nous parrr exemple on parrrle aussi suédois et un peu anglais, lança Willem avec un fort accent en contournant la haie avec Gustav pour les rejoindre.

          - On a aussi un ami qui parrrle le bulgarrre, Viktorr Krrrum ça vous dit quelque chose ? lança Gustav avec un demi-sourire.

          Funestar manqua de s'étrangler avec la dernière verrine qu'il venait de gober. Il cligna plusieurs fois des yeux en les regardant tour à tour.

          - C'est vrai qu'il n'a pas encore fini ses études... dit-il lentement, puis il reposa la verrine vide dans un geste théâtral. Eh bien sûr ce, il est temps pour moi de vous dire au revoir.

          - Mh, fit Aya en contemplant le plateau vide à présent. En tout cas maintenant je sais qu'on ne parle ni russe, ni allemand, ni danois, ni polonais au département des mystères.

          - Et à quoi cela va-t-il te servir ? demanda-t-il intrigué.

          - À rien. Mais c'est un début mon cher, c'est un début.

          Le Langue-de-Plomb pouffa et tourna les talons.

          - La fille cachée de votre Grindelwald hein ? remarqua Willem qui semblait toujours partager sur la réaction appropriée à avoir face à ce culot.

          - Il me fallait quelque chose d'efficace... et improbable, dit-elle en détournant le regard avec un haussement d'épaules. Vous ne devriez pas trop traîner dans le coin, mon père va forcément vous tomber dessus...

          - Si il est vraiment si affreux, on balancera que tu joues au Quidditch dans son dos, ça devrait nous laisser le temps de fuir, lança Gustav goguenard.

          - Ne t'avises même pas de faire ça, idiot. Je suis à deux cents Gallions de l'Éclair. Autrement dit, en prenant en compte l'argent de poche, les cadeaux de noël, d'anniversaires et les devoirs à Durmstrang, dans un an j'ai mon Éclair ! Il ne me reste plus que douze petits mois à attendre, si tu gâches tout, je jure de devenir ton pire cauchemar.

          Gustav ricana, pas inquiet pour un sou.

          - Tu as le droit de venir faire un tour avec nous ? demanda Willem.

          Elle lança un regard vers ses parents que Funestar avait rejoint et claqua sa langue sur son palais.

          - Bonne question...

          - Aya ? appela Drago, un sourcil haussé en s'approchant, suivit de Goyle.

          Il tenait dans les mains deux paires des grosses jumelles qu'il examinait toute à l'heure.

          - Mh. Ah, oui ! Drago, je te présente Gus et Will. Gus et Will, voici Drago. Et Goyle, son goril...euh... ami.

          Drago leva les yeux au ciel.

          - Tiens, je t'ai pris ça, madame je-ne-dépense-pas-une-noise-pour-autre-chose-qu'un-éclair-de-feu, dit-il en lui fourrant une paire de jumelles dans les côtes avant de se tourner vers Gustav. Tu es le batteur de Dyr, c'est ça ?

          - Oui. Et ce brrras, il va mieux ? s'enquit Gustav avec un sourire goguenard en serrant la main de Drago.

          - Très bien, répondit ce dernier, ses joues rosirent légèrement mais il garda contenance.

          Aya se mordit l'intérieur des joues en empilant les verrines vides pour faire de la place sur le buffet. Elle se tourna vers Willem qui se penchait déjà vers elle,

          - Tu as réussi ? demandèrent-ils en chœur.

          Ils hochèrent la tête d'un même mouvement, rayonnants.

          - En quoi tu te transformes ? Moi c'est...

          - Non ! dit-elle précipitamment en lui marchant sur le pied pour le faire taire. On s'est promis avec Emi de ne rien te dire avant la rentrée, on attend d'être tous les trois.

          - Mais, on pourrait aller faire un tour, marmonna-t-il avec une grimace en frottant son pied endolori sur son tibia.

          - Il y a des sorciers du Ministère partout Will, c'est risqué. Sans parler que je ne sais même pas si je vais pouvoir aller faire un tour en simple sorcière... Et puis si mes cheveux changent encore de couleur, je peux dire adieu à la finale.

          - Tes cheveux ont changé de couleur ? s'étonna-t-il.

          - Qu'est-ce que vous manigancer encorrre les mioches ? lança Gustav.

          - Rien, répondirent-ils en se retournant trop vite.

          - Voyez-vous ça, fit-il un sourcil haussé.

          Apparemment, il avait dit ça par simple habitude, et venaient de s'apercevoir qu'ils tramaient réellement quelque chose.

          - Elle ne t'a pas dit qu'elle essai de devenir une Animagus depuis Noël dernier ?

          - Drago ! s'indigna Aya. Et puis je n'essaie rien du tout, j'ai réussi.

          - Aya ! s'indigna alors Willem.

          - Quoi ? Quitte à être pendu mieux vaut que ce soit pour avoir volé un dragon plutôt qu'un mouton, non ? dit-elle avec un haussement d'épaule. Et puis tu vois le regard qu'il a là... il veut dire « même si t'essaies de prétendre que c'est faux je continuerai à te balancer ». Il se venge parce que je vous ai raconté le coup de l'hippogriffe.

          - Exact, répondit Drago avec un air satisfait.

          - Sale peste, soupira-t-elle.

          Willem les regarda tour à tour, dépité,

          - Qu'est-ce que tu entends par : j'ai réussi ? fit Gustav en revenant de sa surprise.

          - Eh bien... Que j'ai réussi.

          À côté d'elle, elle sentait Willem trépignait sur place. Mais comme Drago s'était abstenu de le dénoncer lui aussi, elle avait décidé de lui laisser libre choix, en son âme et conscience.

          - Tu as douze ans, répondit Gustav abrupt.

          - Presque treize. Et ?

          - Que... Comment ?... Noël ?... Ça ne fait même pas un an !

          - Emi m'a offert le livre de l'Animagus polonais Erik Saleres, interdit en Angleterre évidemment, tout est dedans. Ils sont beaucoup trop stricts ses anglais...

          - Mais... Tu vas te faire enregistrer ? Le Ministère anglais et comme le ministère suédois, non ? Il impose aussi aux Animagi de se faire enregistrer...

          - Tu te déclarais toi, à notre place ? intervint Willem sur un ton de défi en provoquant presque son frère.

          Les yeux de l'ainé lui sortir presque de la tête. Aya ne sut pas ce qui prit le plus de temps à Gustav entre se faire à l'idée que son petit frère pouvait désormais se changer à volonté en animal, ou s'imaginer lui-même capable d'une telle chose. En tout cas après un long moment, il finit par admettre qu'effectivement, il ne se déclarerait pas. La conversation se faisant en russe, Drago restait en retrait avec son petit air satisfait de fauteur de troubles. Quant à Goyle, il avait son air hébété de toujours, si bien qu'Aya n'était pas certaine qu'il se soit aperçut qu'ils parlaient dans une autre langue.

          - Je vais vous avoir à l'œil cette année... Tous les trois ! Je suppose qu'Emilia est dans le coup aussi... conclu Gustav en se remettant enfin de la nouvelle.

          - Encore faudrait-il que tu sois capable de nous reconnaître... s'amusa Willem.

          - En quoi elle se trrransforrrme ? demanda aussitôt Gustav à Drago.

          Willem parut scandalisé par la vitesse de réaction de son frère, mais Aya, elle, sourit en anticipant la réaction du sien.

          - Ça, elle n'a pas voulu me le dire, grogna le blond en perdant de sa superbe.

          - Information strictement réservée aux Animagi, tu comprends, lança-t-elle goguenarde alors que Willem claquait dans sa main levée en retrouvant son sourire.

          - Ils sont insupportables ses mioches, s'exaspéra Gustav.

          - À qui le dis-tu... soupira Drago d'un air entendu.

          - Attention, parents en approche, souffla Aya en voyant du coin de l'oeil sa mère et son père dire au revoir aux membres du ministère pour s'intéresser à eux.

          Aya fut momentanément tentée de prétendre que Willem et Gustav ne parlait pas un mot d'anglais pour couper court aux présentations. Mais Gustav se lança en avant, une main tendue et une expression très sérieuse qui la rendit muette. En masquant au mieux sa surprise, elle l'entendit saluer ses parents en se présentant comme un frère ainé majeur et responsable qui accompagnait son petit frère venu voir Aya. À l'instar de Drago qui remaniait avec brio les réflexions désobligeantes de son père, Gustav transforma les « c'est un hypocrite manipulateur qui ne renonce à rien pour parvenir à ses fins » en « Aya nous a dit que vous étiez un homme très influent et respecté pour votre implication dans votre communauté ». Il termina en mentionnant subtilement qu'il était de sang-pur et qu'il n'y avait pas plus plaisant de croiser un homme qui respectait son sang et valoriser le titre de sorcier.

          Il était si convaincant qu'Aya en était bouche bée. Elle l'avait vu improviser pour se sortir de mauvaises passes avec des professeurs, mais là, on aurait presque dit qu'il avait répété son discours. Même Drago sembla perplexe à l'idée que tant d'éloges envers leur père aient pu commencer par « Aya nous a dit que... ».

          Willem se présenta à son tour sans omettre qu'il était le troisième meilleur élève de la promo, derrière Aya et Emi et qu'il n'aurait pas de tels résultats sans l'aide précieuse de ses deux amies. Gustav reprit la parole pour charmer Narcissa cette fois, et Aya compris soudain où ils voulaient en venir. Il enchaîna d'un ton naturel et décontracté qu'il avait pris l'habitude de s'occuper de son frère depuis le décès de leur père et se proposa d'emmener Aya, Drago et Goyle faire un tour sur le camping avec eux en promettant de les garder à l'oeil. La mère, qui savait ses enfants survoltés par la finale, hésita en jaugeant Gustav du regard d'un air qui voulait dire sans faute possible : tu n'es pas de taille. Même Lucius eut un sourire en coin. Mais le suédois asséna le coup final,

          - J'ai été nommé Prrréfet-en-Chef cette année, dit-il sereinement le torse bombé, si Aya ne m'écoute pas aujourrd'hui, elle aurrra une rrrentrée sous bonne garrrde, crrroyez-moi.

          La mâchoire d'Aya manqua de lui en tomber. Lucius dut prendre cette expression pour une preuve qu'elle risquait gros car elle le vit faire un imperceptible signe à Narcissa pour donner son accord. Les yeux d'Aya papillonnèrent de surprise.

          - Très bien, céda Narcissa. Vous restez avec Gustav, et vous revenez pour dix-huit heures. Ta mère viendra te chercher Goyle. Et pas de magie pour vous deux, siffla-t-elle en pointant son index entraîné sur ses enfants. Ou sinon pas de...

          - ...Finale, on sait, coupèrent-ils en choeurs.

          Aya prit une mimique ronchon qui se voulait outrée d'avoir un baby-sitter, Drago l'imita, et ils filèrent avant que leurs parents ne changent d'avis ou s'aperçoivent du pot-aux-roses.

          - Je t'avais bien dit que les Dyr valaient les Serpentard ! S'exclama-t-elle rayonnante en donnant une tape sur l'épaule de Drago dans la foulée de l'excitation. C'était du pur génie !

          - Je ne suis pas un si mauvais Légilimens finalement, flâna Gustav, le nez en l'air.

          Aya perdit son sourire et déglutit difficilement en comprenant comment il s'en était sorti,

          - Ça, c'était risqué. N'essaie jamais ce coup-là avec mon parrain, marmonna-t-elle en préférant prévenir. Et avant que j'oublie : quand ils commenceront à me tanner pour que je sois Préfète-en-Chef, tu viendras toi-même leur annoncer qu'il n'y a pas ce genre d'idioties à Durmstrang.

          - Ce genre d'idioties ? Releva Drago faussement vexé.

          - J'aurais pu parier que le titre t'intéressait, s'amusa Gustav avec un air convaincu.

          - Évidemment, dit Drago sans prendre la mouche, quand tu es préfet tu as des privilèges et tu es bien vu après l'école pour certains postes, vu que c'est censé prouver que tu es responsable, mature, respectueux du règlement etc...

          - Par privilège, tu veux dire : martyriser les plus jeunes, comme un vrai homme, approuva Gustav sur le ton d'une douce moquerie.

          - C'est l'idée...

          Willem arrêta Aya devant un marchand ambulant et ils abandonnèrent les trois ainés pour s'intéresser à des rosettes lumineuses aux couleurs des équipes finalistes. Les unes vertes, criaient d'une petite voix aigüe les noms des joueurs irlandais. Et les autres, rouges, se chargeaient de ceux des joueurs bulgares. Aya, résolut à ne pas gaspiller son argent si durement gagné et économisé, croisa les bras sur sa poitrine, déterminée. Mais lorsque Willem lui demanda si cela valait vraiment la peine d'acheter ce genre de gadgets-souvenirs, elle lui répondu un oui catégorique.

          - Je ne suis pas prrréfet-en-chef mais capitaine des Dyr, au fait, souffla la voix de Gustav dans leur dos en les faisant sursauter. Tâche de rrrester dans mon champ de vision ou tu ne jouerrras pas cette année.

          Un des sourcils d'Aya lui remonta jusqu'au milieu du front. Une seule information sur les trois qu'il venait d'énoncer lui resta en tête.

          - À moins qu'il y est une autre Coupe du Monde l'année prochaine, je ne vois pas comment je pourrais jouer cette année, remarqua-t-elle. Et j'ai vu ton père bien en vie à Pâques, je te rappelle, le numéro du grand-frère responsable, mature et compagnie, ça ne prends pas avec moi.

          Il fit une grimace étrange puis éclata de rire.

          - C'est comme ça que tu me remercies pour la balade, alors ?

          - Tu as tout compris, approuva-t-elle souriante.

          - Une vraie ingrate celle-là, je commence à comprendre tes parents, feigna-t-il le nez à nouveau en l'air.

          Aya poussa une exclamation indignée en lui donnant un coup de coude,

          - Comment oses-tu ? scanda-t-elle.

          Il éclata à nouveau de rire en rejoignit Drago et Goyle où ils les avaient laissés, près d'un marchand de figurines animées des différents joueurs.

          - Celui-là, je te jure, plaisanta-t-elle en se tournant vers Willem occupé à payé sa rosette aux couleurs de l'Irlande.

          Aya s'apprêtait à lui faire remarquer que Viktor jouait pour la Bulgarie, mais Willem se retourna vers elle en regardant ses pieds.

          - Je pensais que tu avais compris à Pâques, dit-il platement.

          - De ?

          Aya fronça les sourcils, Willem s'obstinait à ne pas la regarder, son attitude était très étrange.

          - Rien.

          Et il tourna les talons, en la plantant là.

          - Will ? S'étonna-t-elle en lui emboîtant le pas.

          Avant qu'elle ne le rattrape, Drago l'intercepta, une figurine de Viktor dans le creux de la main.

          - Il ressemble vraiment à ça ? Demanda-t-il en observant attentivement les traits de la marionnette qui marchait dans la paume de sa main.

          - Oui, dit-elle distraite en fixant Willem un peu plus loin.

          Il avait rejoint Gustav pour s'intéresser à présent à des chapeaux pointus verts étincelants, ornés de trèfles dansants.

          - Mh non, se reprit-elle en accordant un regard à la figurine. Enfin si, mais non, c'est juste sa tête de timide quand il n'a personne qu'il connaît autour. Et repose ça, je n'ai pas envie de croiser un mini-Viktor-ronchon à chaque fois que je rentre dans ta chambre.

          - Tu me présenteras le vrai alors, soupira Drago en faisant mine de se résigner.

          - Si tu veux.

          - Ça va ? S'inquiéta-t-il en changeant de ton.

          - Oui, c'est juste Will, il est devenu bizarre d'un coup. Je me demande ce qu'il...

          - Aya, fit Drago l'air grave. Ça fait des mois que tu attends cette finale, tu vas te tracasser pour quelqu'un d'autre ou profiter de la journée ?

          Aya le fixa hébétée. Elle savait pertinemment qu'elle et lui n'avaient pas la même conception de l'amitié, mais elle devait reconnaître qu'il marquait un point. Si Willem ne voulait pas lui parler aujourd'hui, grand bien lui fasse, cela attendrait.

          Ils croisèrent très peu d'élèves de Durmstrang, et seulement trois de la maison Dyr, les trois poursuivants de l'équipe de Quidditch. Drago qui ne parlait que très approximativement le russe et le polonais, dût suivre la discussion par le biais de sa soeur. Plus occupée à donner son opinion sur les différentes stratégies que la Bulgarie et l'Irlande devait adopter pour gagner, qu'à traduire quoi que ce soit à son frère.

          En revanche, ils croisèrent nombres d'élèves de Poudlard que Drago présenta fièrement en ajoutant toujours une ou deux anecdotes bien croustillantes à leurs propos. C'est ainsi qu'Aya se retrouva face à Pansy Parkinson, une Serpentard à tête de pékinois, qui lui valut un fou rire incontrôlé d'une bonne dizaine de minutes.

          - Je crois... qu'on peut dire... que tu lui plais.... Déclara-t-elle hilare, après que Pansy se soit éloignée.

          - Tu vas arrêter de rire oui, grogna Drago les oreilles et le nez rouge.

          - Non... Oh Drago ! Je suis tellement contente de te voir, comme tu m'as manqué cet été, viens que je te présente à ma mère.... Lança-t-elle en imitant la Serpentard. Dis Drago, c'est quand que tu la présente à maman, toi ? Je ne voudrais surtout pas rater ça...

          - Arrêtes, je te dis ! Rugit-il rouge comme un poivron.

          Elle ria ainsi sous l'oeil sévère de son frère, jusqu'à arriver devant un quartier de tentes entièrement vertes et tapissées de trèfle.

          - Au fait, vous deux, lança-t-elle aux suédois en retrouvant son sérieux. Ôtez-moi d'un doute, vous êtes pour la Bulgarie ?

          - Non, répondit aussitôt Gustav.

          - Et ça se prétend le meilleur ami de Viktor Krum, attrapeur de la Bulgarie ?

          - Il a rrridiculisé la Suède... répondit Willem bougon, pas prêt à oublier la défaite cuisante de son pays.

          - Trois cents trente à trente.... Je reconnais que c'était une belle humiliation.

          - Moins dramatique que celle de l'Angleterre face à la Transylvanie, trois cent quatre-vingt-dix à dix... Ça, c'était vraiment honteux ! Enchaîna Drago toujours rouge pivoine, mais a présent plus par colère que par gêne.

          - Il fallait être pour la Bulgarie depuis le début, ça vous aurait évité des déceptions, fit Aya en hochant la tête avec zèle.

          - Et tu penses toujourrrs qu'ils vont gagner ce soirrrr ?

          - Mh, non. Viktor attrapera le Vif mais les poursuiveurs irlandais sont redoutable, ils ont écrasé le Pérou en demi-finale....

          - Et à peu près toutes les équipes contre lesquelles ils ont joué, confirma Drago alors qu'ils arrivaient près d'une queue impressionnante devant un robinet, où des sorciers hétéroclites du monde entier attendaient de remplir des pichets, des bouteilles ou mêmes des casseroles, poêles et petits chaudrons. Les irlandais ont les trois meilleurs poursuiveurs de l'année dans leur équipe, les bulgares n'ont aucune chance.

          - Faux. Viktor pourrait attraper le Vif dans les quinze premières minutes, sans leur laisser le temps de marquer, rétorqua Aya en contournant la file de sorciers.

          - Il faudrrrait un sacrrré coup de chance pourrr ça... remarqua Willem.

          - Oui. Mais il pourrait... Roderick Plumpton l'a bien attrapé en trois secondes et demi une fois...

          - Krum est vraiment aussi bon qu'on le dis ? Demanda Drago intrigué.

          - Encore plus, répondirent en choeurs les trois Dyr.

          - Il attrapera le Vif c'est sûr, surtout en final, il ne se permettra pas de le laisser filer. Mais les irlandais vont se donner à fond, les points vont s'aligner ça va être absolument terrible, on ne pouvait pas avoir de meilleure finale que celle-ci ! Lança Aya songeuse avec un grand sourire.

          - Eh ! Rugit soudain Gustav en pâlissant à vue d'oeil. C'est l'ancien batteurrr des Frelons de Wimbourrrne, non ? Ludo Verrrpey ?

          Ils se tournèrent tous les cinq vers un homme blond au visage rond, portant une robe de Quidditch à grosses rayures horizontales noires et jaunes vifs avec une image de frelon sur la poitrine. Il discutait avec un autre sorcier vêtu d'un pantalon à pois. Ils se tenaient à l'écart et semblaient échanger à voix basse, le sorcier au pantalon à pois jetait des regards inquiets à une femme portant un impressionnant turban sur la tête un peu plus loin. Aya fronça les sourcils en les observant.

          - Oui, c'est lui, confirma Drago.

          - Il a grrrossi depuis le temps, pourrrquoi est-ce qu'il met sa vieille rrrobe ? C'est ridicule, remarqua Willem en fixant le tissu tendu sur le ventre de l'ancien batteur.

          Mais Gustav lui mit une petite claque derrière les oreilles, l'air outré,

          - Un peu de respect le mioche, c'est l'un des meilleurs batteurs de tous les temps, dit-il comme si cela autorisait Verpey à porter tout ce que bon lui semble.

          - Il va commenter le match ce soir. Il devait vouloir être sûr qu'on le reconnaisse, expliqua Drago alors que le sorcier à pois sortait une petite bourse de ses poches, inspecta le contenu et souffla quelque chose à Verpey.

          Ce dernier nota quelques mots dans un carnet avec une élégante plume noire, et donna un petit papier au sorcier à poil. Puis s'éloignât avec un large sourire.

          - C'est réussi...

          - NOM D'UN DRAGON À QUEUE CORNUE ! Rugit Aya en faisant sursauter le blond, les deux suédois, le gorille, plus quelques personnes dans la file du robinet.

          Elle s'élança d'un pas décidé vers Verpey en tirant d'une main sur le bracelet autour de son poignet. La ficelle élastique s'étendit et le pendentif formant une sorte de petite boule de cuir s'élargit en une grosse bourse bien pleine, qui tintait joyeusement dans sa main.

          - Je reviens tout de suite.

          - Aya ? Essaya Drago en vain.

          - Elle ne vas pas faire ce que je crois qu'elle va faire ? Demanda Willem en la suivant des yeux.

          - Oh, si, fit Gustav.

          - La question c'est, à quel moment elle va réaliser qu'elle... ah, voilà.

          Aya avait brusquement fait demi-tour et revenait vers eux les poings serrés en pestant.

          - Toi, lança-t-elle à Gustav, viens avec moi.

          - Parce que ? Demanda-t-il en prenant un air interloqué.

          - Ne fais pas l'idiot, j'ai douze ans !

          - Et donc tu voudrais que je parie à ta place ? S'amusa-t-il en la voyant aux prises d'un énorme dilemme.

          - Allez, supplia-t-elle, tu es majeur toi, il acceptera. Sans ça, je vais encore devoir travailler toute l'année comme l'année dernière avant d'avoir la somme ! Et avec le tournoi cette année si ça se trouve je ne pourrais même pas !

          - Le tournoi ? Releva Gustav.

          Les yeux d'Aya s'illuminèrent soudain.

          - Paris pour moi, et je te dirais, je vous -ajouta-t-elle en regardant Willem- dirais tout ce que je sais sur le Tournoi des Trois Sorciers qui doit avoir lieu cette année !

          Willem donna une tape à son frère comme pour le pousser en avant, mais Gustav se tourna vers Drago avec un sourire en coin,

          - Tu sais quelque chose à prrropos du Tourrrnoi des Trrrois Sorrrciers ? Lui demanda-t-il.

          Un peu surpris, Drago inclina la tête,

          - Oui, ceux de moins de...

          - DRAGO !

          - ...dix-sept ans ne pourrons pas...

          - Faux Frère ! S'indigna Aya ahurie.

          - ...participer, ils veulent éviter les morts cette fois.

          - Tu vas te taire oui ?! Siffla-t-elle alors que les suédois contenaient avec difficultés leur rire.

          - C'est bon va, céda Gustav en mettant fin à ses souffrances. Je te suis, qu'est-ce que tu veux parier ?

          - Viktor attrapera le Vif. Et fera une feinte de Wronski.

          - Et tu veux mettre combien sur ce petit monde ?

          - 237 Gallions, 14 Mornilles et 26 Noises, autrement dit : tout, dit-elle en lui mettant la bourse dans la main.

          - Ce n'est pas un tout petit peu risqué ? tenta Gustav un peu hésitant.

          - Bien sûr que non puisque Viktor va faire une feinte de Wronski et attraper le Vif d'Or. Au contraire, mon père appellerait ça de l'argent facile.

          - L'élève ne doute pas de son maître, hein, s'amusa-t-il à présent devant l'expression d'Aya.

          Cette dernière fut un peu surprise par la formulation, mais acquiesça,

          - Exactement, l'élève ne doute pas de son maître.

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