Je suis réveillée par la caresse d'une main sur mon ventre et le souffle chaud dans le creux de mon cou. Je n'ose pas ouvrir mes yeux, de peur de découvrir, que tout n'est qu'un rêve. Je me blottis dans ses bras et profite de cet instant magique où rien d'autre n'a d'importance que mon bien-être. Contre son corps, je me sens revivre. Ça faisait longtemps que je ne m'étais pas sentie aussi bien. Et voir que monsieur a toujours autant de désir pour moi, cela m'émoustille. Je me colle encore plus à lui, espérant que celui-ci, peu importe qui il est, me donne ce que j'ai besoin. Il n'est pas interdit de vouloir tout, lorsque l'on rêve...
Nos corps s'enflamment au moindre petit contact. Sa verge grossit entre mes cuisses à tout allure. Mon rythme cardiaque s'accélère, je suffoque lorsqu'il dépose ses lèvres sur les miennes.
— Julio !, je crie en me détachant de son emprise. Qu'est ce que tu fais ?
— Rien que tu ne veuilles !
— Je dormais !
— Non ! Tu étais bien réveillée, et la sueur sur ton corps le prouve !
C'était réel ! Madeira est toujours amoureux de moi, du moins je lui fais encore de l'effet malgré mon énorme ventre et tous les kilos que j'ai pris sur tout mon corps.
— Où suis-je ? je demande brusquement ne sachant pas où je me trouve.
Ça ne ressemble pas à la chambre romantique dans laquelle je me suis couchée hier soir. Et en plus qu'est ce qu'il fait avec moi...
— C'est toi qui es venue me retrouver dans ma chambre... Tu ne t'en rappelles pas ?
Il me regarde comme si j'avais perdu la tête. Et c'est peut-être le cas par moment.
— Tu as bu Mariana ?
— Non !
Comment peut-il croire un tel truc ? Je suis enceinte ! Même si j'ai encore beaucoup de mal à aimer la petite crevette qui dort en moi, jamais je ne lui ferais du mal délibérément.
— Si tu n'étais pas aussi aveugle, tu aurais pu voir que j'attends un bébé...
— Justement !, me jette t-il un regard furibond.
Alors c'est vrai ! Madeira est toujours au courant de tout ! Il sait ! Il sait pour son fils ainsi que ce qui s'est passé en Italie... Je l'ai vu dans son regard.
Je me lève comme une furie et file m'enfermer dans ma chambre pour cacher ma honte. Je n'arriverai plus jamais à le regarder dans les yeux maintenant. Comment il l'a su ? Il m'a fait suivre ? Je me jette sur le lit et laisse aller ma peine, ma tête posée sur mon oreiller.
— Mariana ? Je ne voulais pas te faire fuir !
— Tu sais ?, je demande confirmation entre deux pleurnichements.
— Que c'est mon fils que tu portes ?
— Oui ! Et pour l'Italie ?, je murmure à peine, comptant de tout cœur qu'il ne me réponde pas un banal oui.
— Je sais tout ce qui se passe avec toi ! Y compris le faite que mon meilleur ami est venu te chercher contre mon gré.
Il ne l'a pas dit mot pour mot mais il est bel et bien au courant que je l'ai trompé et je le vois sur son visage à quel point il est déçu de moi.
— Je ne sais pas ce qui m'a pris... Cette nuit là, je n'étais pas moi même !, je tente de me justifier même si je sais que je n'ai aucune excuse.
— Tu as trop bu ! Voilà pourquoi !, s'énerve t-il.
— Je sais ! Mais j'avais mes raisons...
— J'aimerai bien savoir lesquelles ? Quelles excuses peuvent engendrer un tel comportement de ta part ? Je n'en vois aucune ! Tu étais enceinte, je te signale ! De notre fils ! Tu aurais pu penser aux conséquences !, me porte t-il le coup fatal.
Je me sens déjà assez responsable ! Mais l'entendre de sa bouche que j'aurais pu faire du mal à notre enfant, c'en est trop ! Je fonds à nouveau en larme avant de riposter.
— Tu ne m'apprends rien ! Mais ce jour là, je ne le savais pas encore pour ma grossesse ! Et toi tu étais où ?, je m'emporte.
S'il avait dénié me dire ce qui se passait avec lui, jamais rien de tout ça serait arrivé !
— Mariana, ne remet pas tes sottises sur moi ! Je ne t'ai pas poussé dans les bras d'un autre et encore moins à boire ! Toi seule est responsable !, continue t-il à m'assassiner à petit feu.
Il ne voit pas que je me sens déjà assez honteuse comme ça, pour qu'il en remette encore et encore une couche.
— Et toi, tu t'es vu ? Tu as vu dans quel état tu es ? Tu n'y es pour rien, bien sûr ? Tu vas encore me dire que c'est de ma faute aussi ?
Il quitte la porte de ma chambre pour se réfugier auprès de la fenêtre, pour que je ne vois pas sa tristesse. J'y suis allée peut-être un peu fort ! On ne peut pas dire qu'il y est vraiment pour quelque chose pour son état de santé. Il a une tumeur au cerveau ! Ça en rendrait plus d'un souffrant et abattu !
— Non ! Je suis malade ! Mais je ne t'apprends rien ! Tu es ici certainement pour me convaincre de me faire opérer... Mais c'est peine perdue !
Et je crois qu'il a entièrement raison. Si mes chances étaient faibles quand je suis venue à Paris, elles le sont encore moins depuis que je sais qu'il sait pour moi et Joël... Comment je vais réussir à le persuader des biens faits de la chirurgie s'il est remonté contre moi et qu'il refuse même d'en parler ? Je ne vois aucune option ! Alors je tente le tout pour le tout ! Je n'ai plus rien à perdre !
— Oui ! J'ai bu plus que de raison cette nuit là ! Et ça m'a conduit à faire l'erreur de ma vie. Je ne dis pas que c'est une excuse, mais ce jour-là, j'ai compris pourquoi tu m'avais laissé te quitter et surtout pour quelle motif tu n'es pas venue me retrouver... J'avais deviné, ou plus précisément on m'a fait comprendre que tu étais malade voire mourant. Et la douleur que j'ai ressenti en moi était atroce. J'avais qu'une envie c'était de crever. Je ne me voyais pas vivre sans toi. Et surtout je t'avais quitté alors que tu avais le plus besoin de moi, jamais je ne pourrai me le pardonner ! Julio ! Je n'ai jamais cessé de t'aimer ! Pardonnes moi d'être aussi faible ? Je t'en prie !
Il ne s'est pas retourné une seule fois pendant mon speech. Je le sens néanmoins un peu moins tendu... Il ne dit rien alors je poursuis.
— Je t'en veux de m'avoir caché la vérité, une fois de plus. Mais je m'en veux davantage de n'avoir rien vu ! Je ne peux pas décider à ta place. Mais mon amour, tu vas devenir père ! Notre fils aura besoin de toi, j'aurais besoin de toi pour l'élever. Je suis loin d'être une bonne mère, tu sais ! Gil m'a avoué que tes craintes étaient de ne pas être la même personne après l'opération. Je sais que ça peut être flippant mais je suis sûre que tu m'aimeras encore, du moins si tu arrives à me pardonner...
Je ne sais pas si je dis vrai, mais tous les moyens sont bons pour le faire changer d'avis. Je veux qu'il vive ! Qu'il soit avec moi ou pas ! Qu'il m'aime encore ou pas ! J'ai besoin de le savoir bien !
Si je n'étais pas si contre l'engagement, le mariage, je sais que ça aurait été Julio, et rien que lui, l'homme de ma vie ! J'ai cru savoir ce qu'était l'amour avant de le connaître mais non ! J'avais tout faux ! L'amour n'est pas seulement une attraction physique et une bonne entente au lit, du sexe, non ! L'amour, ça va au delà de tout ça ! C'est vouloir la personne qu'on aime être heureuse qu'elle soit auprès de nous ou pas ; c'est souffrir en silence pour épargner l'autre ; c'est vivre malgré le chagrin de l'avoir perdu ; c'est d'être fort et ne pas lâché prise, ne pas baisser les bras ; c'est soutenir quelles en soient les conséquences ; c'est d'être présent les bons et les mauvais moments à passer... Et j'en passe ! Mais tout ce que je viens d'énumérer c'est Madeira qui me la fait remarquer ! Avant lui, je ne pensais qu'à ce que je ressentais, sans penser à l'autre. Aujourd'hui, je viens de comprendre que le grand amour est bien plus qu'un attachement, c'est désiré pour l'autre la même chose qu'on désire, le bonheur ! C'est la carte selon moi d'une union qui dure dans le temps. Faire chaque jour, notre vie plus belle en pensant à l'autre avant qu'à soi ! En rendant les autres heureux, on est certain de l'être aussi !
— Julio ? Je ne veux pas te dire ce que tu as à faire mais saches que quelque soit ta décision je serai là ! Je te soutiendrais !
Je ne pense pas qu'il faut le forcer à quoique ce soit, non ! S'il veut vivre, il doit le faire pour lui avant tout, et non pour moi et pour ses enfants !
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Et voilà, j'espère que ces retrouvailles vous ont plu ?
La suite lundi prochain...
Passez un bon week-end !