Le Chant de la Lune

By LynFoxden

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***La Meute du Lozère - Tome 1 *** Alors que les créatures surnaturelles se sont révélées aux humains deux dé... More

Chapitre 1 - Nathan
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Chapitre 2 - la meute du Lozère
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2 - ***
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Chapitre 3 - La vie secrète des prédateurs
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Chapitre 4 - adolescence, vampires et autres complications
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Chapitre 5 - Les caves du château
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Chapitre 6 - Divinité et thé mondain.
Chapitre 6 - **
Chapitre 6 - ***
Chapitre 6 - ****
Chapitre 7 - De crocs et de sang
Chapitre 7 - **
Chapitre 7 - ***
Chapitre 7 - ****
Chapitre 7 - *****
Chapitre 8 - Mise en bière
Chapitre 8 - **
Chapitre 8 - ***
Chapitre 8 -****
Chapitre 8 - ***** - FIN
***Questions à mes lecteurs***
Nouvelle Couverture ?

1-**

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By LynFoxden

Nathan me suivait en silence. Il pleuvait et nous marchions vite. Habitant près de la librairie, elle-même située dans le centre-ville piéton de Mende, je venais toujours travailler à pied. La plupart du temps je considérais ça comme un luxe, mais aujourd'hui, sous la pluie et accompagnée d'un adolescent en fugue parfumé au loup-garou, j'avais vraiment hâte d'arriver chez moi.

Je ne savais pas trop comment amener le sujet des loups avec le petit. Il était évidemment impossible de lui dire « Hey au fait, le loup imaginaire qui vit dans mes rêves vient de me dire que tu sentais le loup, alors j'me demandais si, par hasard, c'était de la meute du Mont Lozère que tu avais fugué ? ». D'un autre côté, il était certain que ce sujet serait à aborder assez rapidement. Héberger un fugueur c'était déjà un peu discutable, mais si ce gamin fuyait des loups-garous, ça devenait probablement une activité carrément dangereuse.

Perdue dans mes pensées, je sursautai lorsque Nathan m'attrapa le bras. À bout de souffle, il peinait à me suivre.
« Pu... rée ! Tu avances vite !
– Oh désolée, c'est qu'il pleut, je suis pressée de rentrer. Mais on est presque arrivés ! »

Je ralentis tout de même un peu le pas en l'observant avec plus d'attention. Il était plus grand que moi, comme à peu près tout le monde puisque j'étais vraiment petite, n'ayant jamais réussi à atteindre le mètre soixante. À vue de nez, il frôlait le mètre soixante-quinze, pas plus. Il était tout maigrichon, un vrai sac d'os comme certains adolescents qui grandissent d'un coup, sauf qu'il n'était pas si grand. Et surtout, j'étais dynamique mais pas vraiment sportive. Je veux dire que j'étais habituée à de longues promenades, pas à faire un triathlon tous les samedis après-midi. Et pourtant, il peinait. C'était surprenant, surtout si ce jeune homme vivait vraiment parmi une meute de loups-garous. Ces derniers étaient en effet réputés pour leur bonne condition physique.
Mais... Peut-être que tout cela était faux. Peut-être que le loup des rêves ne m'avait pas parlé, que j'avais juste eu un petit moment de délire.

Pas du tout. Il empeste le loup à trois kilomètres. Et la maladie. Méfie-toi, tout cela est bizarre.

« Alors quand je disais que tu allais vite, je ne te demandais pas non plus de t'arrêter. »

Je lançai un regard totalement halluciné au gamin. Je m'étais arrêtée tant la surprise avait été violente.

« Est-ce que ça va... ? »

J'essayai de me reprendre et me remis à marcher en secouant la tête.

« Olala oui pardon, c'est seulement que j'ai subitement pensé à un truc et que ça m'a fait disjoncter le cerveau. »

Le maniement de l'euphémisme est une forme d'art, j'y excellai.

Il me regarda un peu bizarrement mais ne releva pas. Fort heureusement, nous étions enfin arrivés en bas de chez moi.
J'habitais un appartement sous les toits d'un immeuble de trois étages. Évidemment, pas d'ascenseur, mais trois étages, ça se faisait bien et ici, on sait apprécier le fait d'habiter là où toute la chaleur de l'immeuble s'accumule.

Je composai le code de l'immeuble, récupérai mon courrier et entrepris l'ascension. Là encore, je l'entendis souffler plus que ce qu'il aurait dû. Je m'obligeai à ralentir et j'eus une idée. Profitant qu'il était momentanément occupé à souffrir dans les escaliers, j'essayai un truc, en parlant dans ma tête.

Loup des Rêves, tu m'entends ? Tu es là ?

Oui.

Wow. Je ne suis pas en train d'halluciner alors ?

Non, les choses suivent leur cours.

Je dois consulter un psy ?

Tant que je ne te demande pas d'aller délivrer Orléans des Anglais ça ne devrait pas être nécessaire.

J'avais senti son amusement, et étrangement, cela me rassura énormément.

J'avais commencé à faire des rêves récurrents huit ans plus tôt, à une période très difficile de ma vie, le décor était souvent le même, une clairière dans une forêt, mais parfois nous étions ailleurs. Le point commun entre les rêves était le grand loup blanc qui s'y trouvait. Au début, je l'apercevais entre deux arbres alors que j'errais dans une forêt ou au détour d'une rue, puis il disparaissait. Un jour, il s'est mis à me parler, une sorte de télépathie comme ça arrive parfois dans les rêves. Je l'entendais mais je sentais également ses émotions. Petit à petit, nos discussions se sont faites plus nombreuses, plus longues et plus profondes. Notre lien s'est renforcé lui aussi. À chaque moment important de ma vie il était là, à m'accompagner durant mes nuits. J'ai fini par penser à lui en le désignant sous l'appellation de « Loup des Rêves », mon ami blanc et poilu, si sage et patient, toujours là quand j'avais besoin de lui. Jusqu'à présent, il s'était contenté de mon espace onirique. Apparemment, ce n'était plus le cas.

Est-ce que ça te dérange ? Je peux me faire plus discret si tu le souhaites.

Oh non, Loup des Rêves. Reste là, au creux de mon esprit, assez proche pour que je sente ton souffle à travers le mien.

Te voici poétesse ! Je sentis son sourire. Qu'il en soit ainsi.

À force de rêvasser à Loup des Rêves, nous étions arrivés devant la porte de mon appartement. Je l'ouvris et m'effaçai pour laisser Nathan y entrer en lui singeant une légère révérence. J'essayai de le mettre à l'aise. S'il n'était pas en confiance il ne me parlerait pas, et j'avais besoin qu'il me parle pour avoir une meilleure vision de la situation.

J'habitais dans un appartement plutôt cool. En fait, je l'adorais. Il avait été refait à neuf une dizaine d'années plus tôt et se composait d'un salon cuisine assez spacieux, une chambre, une salle de bain avec sa baignoire et des toilettes. Quarante-cinq mètres carrés d'indépendance et de liberté, lumineux, dotés d'un parquet stratifié et de murs blancs. La perfection.

Le loyer était un poil cher, mais bon, c'était le prix quand on voulait ce genre de biens en plein centre-ville.

J'indiquai le canapé-lit du salon à Nathan et lui proposai de prendre une douche. Il s'affala dans le canapé, les yeux mi-clos et la respiration hachée. Il ne prit même pas la peine de me répondre en utilisant sa voix mais me fit « non » de la tête. En tout cas, c'est ce que je compris.
Je commençais à craindre qu'il ne trépassa sur mon canapé. Je serais quand même pas mal dans la mouise si un mineur échappé de la meute de loups-garous du coin venait mourir sur mon divan un vendredi soir à même pas dix-neuf heures.

Heureusement, quelques minutes plus tard il s'était un peu remis de ses émotions et respirait à nouveau normalement. Il n'avait toujours pas rouvert les yeux lorsque je le rejoignis.

Une tasse de thé à la main, je tirai la table basse et m'assis dessus de manière à me trouver face à lui mais pas non plus à deux centimètres de ses genoux.

« Allez, raconte-moi. Et ne me mens pas, je suis bonne pour savoir quand on me mène en bateau. »

Ce qui était parfaitement faux. J'étais probablement la personne la plus naïve de la ville, si on enlevait des statistiques les enfants de moins de six ans. Mais je comptais sur Loup des Rêves subitement doué de parole pour me signaler si le gamin me racontait des craques. Et puis, peut-être que s'il me croyait vraiment forte pour lever les mensonges, il s'abstiendrait.

Il ouvrit les yeux. Je n'avais pas fait attention avant, mais ils étaient gris. Et jolis. Je lui souris. Il me sourit.

« Ouais, j'imagine que c'est normal vu que tu m'héberges. Bon. En fait, mes parents ils en pouvaient plus de moi et ils m'ont envoyé vivre chez mon oncle ici, en Lozère. Comme si « me mettre au vert » allait tout régler. Mon oncle, c'est plutôt un gars bien et il a un fils à peine plus âgé que moi. Alors au début c'était pas trop mal. Mais en fait, assez rapidement j'ai vu que les relations entre Guillaume, mon cousin, et son vieux se dégradaient. Un jour ils se sont même battus. »

Il ment.

« Tu mens. »

Il me lança un regard incertain.

« Ouais, ok. Le vieux n'a jamais tapé sur son fils. Il se contentait d'être infect avec lui. Ils ne comprennent rien. Comme s'ils ne voulaient pas nous voir grandir, comme si on ne savait rien, comme si à chaque fois on prenait les mauvaises décisions ! Enfin bref, un jour Guillaume a disparu. Au début j'ai cru qu'il avait fugué vu qu'il a disparu dans la nuit qui a suivi une grosse dispute avec son vieux mais... J'sais pas, c'était chelou tu vois. Comme si personne n'en avait rien à faire qu'il soit parti. Son père n'a rien dit, il n'a même pas eu l'air de voir qu'il n'était plus là. Et quand j'ai posé des questions, je n'ai pas eu de réponse. Personne ne me répondait, parfois ils faisaient même comme si je n'avais pas posé de questions. Et, j'ai flippé. Et ça les a tous rendu... Irritables.

– Qui ça, tous ?

– Merde.

– La vérité.

– Mon oncle, c'est Marc Delorme.

– Le loup-garou ? »

Je fis de mon mieux pour paraître surprise. Ce qui n'était pas tout à fait difficile car, si je me doutais d'un truc de ce genre-là je ne pensais pas que son oncle serait le « porte-parole » de la meute. Ce mec était connu comme le loup blanc ici. Il représentait la meute sur les aspects politiques, commerciaux et touristiques.
Oui, parce qu'en effet, une meute bien gérée est une attraction touristique comme une autre, pour une certaine part de la population, et cette meute, en particulier, était connue pour avoir un très bon service d'hébergement à destination des touristes.

« Ouais, le loup-garou.

– Et du coup, tu logeais avec la meute. Mais, il a un fils de ton âge ? Je croyais qu'ils ne pouvaient pas se reproduire ? »

Il haussa les épaules.

« Faut croire qu'ils peuvent. En tout cas, au moins avant leur transformation, comme tout le monde. »

Évidemment.

« Ah ouais, d'accord. Et donc, tu étais au milieu d'une meute de loups-garous, en train de flipper à mort, ils ont tous senti ta peur, ça les a excités, tu as flippé encore plus et tu t'es carapaté, c'est ça ? »

Il ouvrit de grands yeux. Je ne savais pas trop si c'était en réponse à ma maîtrise du parler jeune ou parce qu'il était impressionné par mes capacités de déduction.

« Ouais. »

Il s'était refermé en lâchant ce mot. Apparemment, c'était un souvenir douloureux pour lui. Je perçus un léger tremblement au coin de ses lèvres. Il fallait vite que je trouve quelque chose à dire, sinon il allait se mettre à pleurer. Il avait vraiment dû avoir très peur... Une bouffée de compassion me submergea. Heureusement, je savais comment consoler les adolescents.

« Ça te dit une pizza ? »

Visiblement soulagé par mon changement de sujet, il acquiesça avec un enthousiasme non feint.

Je ne savais pas vraiment quoi penser de son histoire, à en croire l'unique intervention de Loup des rêves, il croyait en ce qu'il m'avait raconté. Je ne connaissais pas grand-chose du fonctionnement d'une meute de loups-garous, seulement ce que « tout le monde » savait. C'est-à-dire ce qu'ils voulaient qu'on en sache. Mais je savais qu'ils étaient très attachés à leur meute, et donc, j'imagine, à leur famille. En cela, le comportement de cette meute vis-à-vis de Guillaume me paraissait incompréhensible. Ou alors, c'est seulement que j'idéalisais un peu trop les garous et qu'en fait, ils n'en avaient vraiment rien à faire des humains et, comme les vampires, ne nous considéraient que comme de la bouffe.

Quoiqu'il en soit, pour ce soir, je décidai de laisser Nathan profiter de sa pizza, d'une bonne douche chaude et d'une nuit sereine. Demain il ferait jour et il serait toujours temps de décider quoi faire de lui. J'étais moi-même totalement épuisée par la semaine et cette fin de journée pour le moins inattendue et je dois avouer qu'une fois ma pizza ingérée j'espérai pouvoir immédiatement rejoindre mon lit. J'avais toujours été une grande dormeuse et ce n'était pas un adolescent fugueur qui allait m'empêcher de trouver le sommeil. 

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