Le Chant de la Lune

By LynFoxden

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***La Meute du Lozère - Tome 1 *** Alors que les créatures surnaturelles se sont révélées aux humains deux dé... More

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Chapitre 2 - la meute du Lozère
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Chapitre 3 - La vie secrète des prédateurs
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Chapitre 4 - adolescence, vampires et autres complications
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Chapitre 5 - Les caves du château
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Chapitre 6 - Divinité et thé mondain.
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Chapitre 6 - ***
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Chapitre 7 - De crocs et de sang
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Chapitre 7 - ***
Chapitre 7 - ****
Chapitre 7 - *****
Chapitre 8 - Mise en bière
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Chapitre 8 - ***
Chapitre 8 -****
Chapitre 8 - ***** - FIN
***Questions à mes lecteurs***
Nouvelle Couverture ?

Chapitre 1 - Nathan

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By LynFoxden


J'aimais mon travail. Vraiment. Mais, le vendredi, à dix-huit heures, j'avais toujours un peu de mal à ne pas tourner en rond entre les rayons.

Comme si marcher avait pu faire avancer le temps plus vite. Peut-être que le mouvement allait attirer quelqu'un d'intéressant dans la boutique. Quelqu'un qui aurait voulu, par exemple, nous revendre une merveilleuse première édition des « Fleurs du Mal.» Ou une personne qui aurait été à la recherche du tome manquant du cycle de Pern, celui qui aurait naturellement pris place dans sa collection, la complétant de la plus exquise des manières.

Ça, ça aurait pu m'occuper un petit moment et le temps serait passé plus vite.

Ça n'arrivait jamais.

Ou alors, si, le mardi soir à dix-huit heures quarante, cinq minutes avant la fermeture.

La journée avait été très calme. Un jeune homme était installé dans notre zone « salon de thé » depuis le début d'après-midi. Apparement, il cherchait plus à échapper à la pluie qu'à boire du thé, parce qu'il n'avait commandé que deux tasses en un peu plus de quatre heures.

Pour ma part, j'avais passé une grande partie de l'après-midi à faire des papiers, à peine interrompue par un étudiant venu se faire racheter ses livres de l'année précédente et une lycéenne qui cherchait la « Boussole d'Or » , lecture obligatoire pour un de ses cours. Merveilleuse époque. Deux ou trois appels. Rien d'autre ne brisa le silence, à part le tic-tac de la pendule rétro qui ornait le seul pan de mur dépourvu d'étagères.

J'avais fini de classer tout ce qui était classable il y a une heure et il n'y avait plus aucune notification sur mon téléphone depuis un bon quart d'heure alors j'avais commencé à marcher.

De toute façon, ici, il ne se passait jamais rien de renversant.

Cela faisait maintenant plus de vingt ans que les créatures surnaturelles avaient fait connaître au monde leur existence. D'abord les loups-garous, puis les vampires, puis tout un tas de trucs plus ou moins connus que les Nations Unies avaient regroupés sous l'appellation « peuples intelligents non humain », dit PINHU. Ça avait fait un ramdam de folie à l'époque.

J'avais tout juste sept ans et je me rappelle encore très bien les grandes manifestations pour ou contre l'exclusion des créatures surnaturelles de notre société humaine. Finalement, dans la très grande majorité du monde, c'est l'intégration qui avait été choisie par les gouvernements. Après tout, quand il y a des vampires dans les villes, autant les connaître et pouvoir leur imposer des règles strictes concernant leur approvisionnement en nourriture, plutôt que de les laisser chasser comme bon leur semble.

De nos jours, les PINHUs avaient même des représentants aux Nations Unies. Ils ne pouvaient évidemment pas voter, mais on les laissait prendre la parole sur tous les sujets qui les impactaient. Une fois les grandes manifestations finies, je n'avais sincèrement plus vraiment été touchée par leur présence dans la société. En fait, j'étais totalement incapable de déterminer si j'avais seulement déjà croisé un PINHU. Ils pouvaient tous se faire passer pour des humains normaux. Enfin, uniquement la nuit pour les vampires et à l'exception des nuits de pleine lune pour les loups-garous.

Il existait toute une littérature sur les créatures surnaturelles, certains auteurs se présentaient même comme étant l'une d'entre elles. Plus jeune, j'avais dévoré tout cela, rêvant qu'un ténébreux vampire tombe amoureux de moi, ou qu'un loup-garou viril m'enlève pour me faire sienne et régner sur sa meute. L'âge m'avait appris que ce genre de choses n'arrivait que dans les romans à l'eau de rose, principalement ceux à destination des adolescentes.

J'habitais en Lozère depuis maintenant trois ans. C'était un endroit merveilleux pour les amoureux de la nature. Les animations culturelles étaient plutôt sympas aussi, même si le choix restait restreint. Il y avait bien une meute de loups-garous installée un peu plus au sud, dans le cœur du parc national, mais, très sincèrement, ça ressemblait plus à une attraction pour touristes qu'à quelque chose de réel. Par contre, aucun vampire sur le territoire. Avec moins de dix-huit mille habitants dans la plus grande ville, il n'y avait pas de quoi les nourrir correctement. C'était bien dommage, parce que c'était exactement le genre de fin de journée qui aurait pu être égayée par un vampire ténébreux et sexy.

Je laissai échapper un soupir et fis trois tours supplémentaires de la boutique pour échapper à mes fantasmes.

Il n'était que dix-huit heures douze, alors, poussée par l'oisiveté et parce qu'il était le seul autre être vivant de la boutique, je m'approchai du jeune homme qui feuilletait une BD, bien installé dans un des fauteuils du salon de thé.

Bon, il était vraiment jeune finalement. Un peu trop jeune, à vrai dire. Il devait avoir seize ou dix-sept ans tout au plus. Il avait négligemment abandonné un sac à dos à ses pieds, les habits propres mais un peu trop grands pour lui, les baskets usés, les cheveux châtains un chouilla trop long et le visage fermé. Il avait le teint un peu maladif des jeunes qui passaient trop de temps devant un ordinateur et pas assez dans leur lit. Il pourrait être un ado en train de sécher ses cours.

Mais qui irait sécher ses cours pour aller boire du thé et lire des bandes dessinées dans un magasin de livres d'occasion ?

Intriguée, je décidai de tenter une approche, ça m'occuperait bien quelques minutes.

« Sale temps, hein ? »

Il referma sa BD et me lança un regard suspicieux. En même temps, impossible de le lui reprocher. Après quatre heures à lui laisser une paix royale, subitement je venais lui tailler une bavette.

« Ouais plutôt. Est-ce que la boutique ferme maintenant ?

– Ah non, pas du tout, on ferme à dix-huit heures quarante-cinq tous les jours.

– Ah ok. Cool. Euh, je reprendrais bien un thé. »

Mince. Évidemment. Il croyait que je venais le relancer parce qu'il n'avait rien consommé depuis trop longtemps. En même temps, il pouvait bien reprendre un thé toutes les deux heures, ce n'était pas comme si je le harcelais.

Je lui fis donc mon sourire le plus vendeur.

« Tout de suite ! »

Je ramassai sa tasse et allai lui mettre de l'eau à chauffer.

Il sent le loup.

Je me redressai un peu précipitamment, manquant de renverser la vaisselle qui m'encombrait les mains. L'adrénaline se déversa dans mon sang, poussée dans mes veines par mon coeur prêt à bondir de ma poitrine. J'avais beaucoup trop chaud. Un frisson me parcourut la colonne vertébrale.
La phrase avait eu la clarté de mots murmurés à mon oreille, mais personne ne les avait dits. J'avais sûrement dû rêver. Une sorte de micro-sieste foudroyante ? Un début de schizophrénie ? Je regardai autour de moi, sondant chaque rayon, essayant de trouver une explication moins inquiétante. En vain.

Je pris une profonde inspiration et repoussai mon angoisse. Il fallait se concentrer sur des choses simples.

Deux minutes plus tard j'étais de retour près de l'adolescent avec un plateau contenant le nécessaire. J'entrepris de disposer la tasse vide, la petite théière individuelle et le choix, restreint, de thés sur la petite table.

Il sent le loup.

À nouveau ce murmure dans ma tête. Je me figeai un instant de trop et le gamin baissa sa BD pour me lancer à nouveau son regard suspicieux.

Ok, ce n'était pas le moment de paniquer. Je lui souris en retour, essayant de paraître normale et avenante afin de ne pas laisser transparaître le trouble que je ressentais.

Cette fois, j'avais reconnu la voix. C'était celle de Loup des Rêves. Comme son nom l'indique, un loup que je rencontrais régulièrement dans mes rêves. Je n'avais jamais entendu sa voix alors que j'étais éveillée. D'ailleurs, comment pouvais-je entendre la voix d'un personnage onirique récurrent alors que j'étais en train de servir un thé à un jeune homme pâlichon ?

Parce qu'il sent le loup, insista la voix dans ma tête.

Non mais, ça voulait dire quoi que ce gamin sente le loup ? Il travaillait au parc à loup de Sainte Lucie ?

Il sent le loup-garou.

Ça ne s'arrangeait pas. J'étais à peu près sûre que l'adolescent n'était pas un loup-garou. D'abord, il était trop jeune. Ensuite, il n'était pas assez musclé. Et pour finir, il avait l'air globalement imberbe. Or tout le monde savait que les loups-garous avaient tous une apparence comprise entre vingt-cinq et trente ans, une musculature de rêve et la barbe rugueuse.

N'empêche, c'était bizarre. Je me redressai et reculai d'un pas, dans le doute.

« Je ne t'ai jamais vu à la boutique, tu n'es pas du quartier ? »

Il reposa sa BD sur la table et, tout en me répondant, entreprit de préparer son thé.

« Non, ça fait pas longtemps que je suis là, depuis les dernières vacances. Je n'avais pas cours cet après-midi et personne ne pouvait me ramener. Alors, j'ai cherché un endroit où attendre la fin de la journée pour que quelqu'un passe me prendre. »

C'était une histoire presque cohérente. Je ne lui en avais pas demandé autant. Et sa voix n'avait presque pas tremblé. Presque.

« Et à quelle heure est-ce que quelqu'un est supposé passer te prendre ? »

Il me lança un regard noir et ses lèvres frémirent, sans toutefois dénuder ses dents. Il n'avait pas grogné. Un loup-garou aurait probablement grogné. Dans les lectures de ma jeunesse, ils passaient leur temps à grogner. Mais la voix avait raison, ce petit en fréquentait sûrement.

« C'est pas vos affaires. »

Levant mes bras au ciel en signe de dénégation et adoptant mon air le plus innocent possible, je lui répondis qu'en effet, il avait raison, ce n'était pas du tout mes affaires.

Pensive, je retournai au comptoir de l'accueil. Plus vite il serait parti, plus vite les choses redeviendraient normales. Y compris la voix dans ma tête. Je jetai un coup d'œil à la pendule. Dix-huit heures trente. Plus qu'une quinzaine de minutes et la semaine serait finie.

Je me plongeai dans le scroll sur smartphone pour faire passer le temps.

« Pardon, j'ai été désagréable. »

Je relevai le nez de mon téléphone. Dix-huit heures quarante-trois. Devant moi se tenait le garçon, avec sa tasse à la main et son sac sur l'épaule. Il suffisait que je reste cool deux minutes de plus, que je ne prenne pas de décision absurde et tout se passerait pour le mieux.

« Hum. Ça fera six euros pour tes consos de l'après-midi. »

Il se tortilla légèrement.

« En fait, j'ai pas d'argent. Et vu que personne n'est encore venu me chercher, personne ne peut me dépanner. »

Je soufflai, agacée. Évidemment.

« Est-ce que quelqu'un va venir te chercher ? »

Il hésita.

« Dis-moi la vérité. »

Je n'avais pas de temps à perdre.

« Non, probablement pas.

– Est-ce que tu as fugué ?

– On pourrait dire ça. »

Un soupir m'échappa. Je sus immédiatement quelle était la prochaine question que j'allais poser, et je sus également que j'étais en train de faire un truc idiot.

« Est-ce que tu as un endroit où aller ce soir ?

– Non. »

Il planta son regard dans le mien. Il y avait de l'espoir dans ses yeux. Je soupirai à nouveau. Ramener un gamin fugueur chez soi, ce n'était jamais une bonne idée. D'un autre côté, il avait une relation, quelle qu'elle soit, avec les loups-garous. Est-ce que les Loups-garous étaient des créatures fréquentables... ? Est-ce que ce gamin était en danger ? S'il était en danger, à quel point l'aider me mettrait moi en danger ? Je fouillai dans ma mémoire à la recherche de réponses, mais je ne trouvai pas grand-chose. Les loups-garous étaient donc des créatures secrètes qui faisaient beaucoup d'efforts pour ne pas faire de vagues. Ce qui ne m'apprenait rien sur leur éventuelle dangerosité.

Quelles solutions pour ce petit ? Pas de centre d'hébergement, pas la police pour un fugueur, donc la rue. On était en novembre, ce n'était pas le plein hiver mais il gelait déjà la nuit. Ce n'était pas une bonne idée, mais d'un autre côté, c'était bien mon genre de ramasser les chiens perdus.

« J'ai un canapé-lit libre chez moi.

– Je m'appelle Nathan ! »

Il avait l'air tellement soulagé sous ses traits tirés et ses yeux rouges. Est-ce qu'il avait pleuré ?

« Moi c'est Myriam. C'est l'heure de fermer de toute façon. Attends-moi dehors sous l'auvent, le temps que je ferme la boutique. »

Il sortit d'un pas enthousiaste. Je soupirai . Je tirai six euros de mon portefeuille en ronchonnant, je les mis dans la caisse et quittai à mon tour la librairie. Enfin le week-end...

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