Comme promis, je n'ai pas pu échapper à un long sermon de la part de mon mec en entrant. Mais ça valait le coup, vu qu'il a fini par accepter d'y emmener à nouveau ses enfants. En revanche moi, non ! Il pense que je suis ingérable ! Que j'en fais qu'à ma tête. Alors je lui ai fait comprendre que c'est l'hôpital qui se fout de la charité ! Il est bien pire que moi, non ?
De toute façon nous n'avons pas eu le temps de politiquer sur le sujet, son frère ayant fait son apparition plus tôt que prévue, suivi de leur sœur et de sa petite famille, Jo son mari et Jessica sa fille.
Pendant le déjeuner, j'ai beaucoup sympathisé avec Lina. Elle est d'un an mon aînée mais a déjà tant accompli dans sa vie. Elle est devenue infirmière et est partie en Haïti exercer auprès des associations humanitaires, c'est là qu'elle a rencontré son mari portugais d'origine et sont devenus fous amoureux. Deux ans après, il se sont mariés et sont venus s'installer ici au Brésil. Jo dirige la fondation Madeira, ce qui fait de lui mon patron tandis que sa femme exerce son métier d'infirmière dans un centre pour mineurs. Je les adore ! Elle ne ressemble en rien à ses frangins, qui eux ne pensent qu'à faire fortune, elle au contraire se contente de ce que la vie lui offre et surtout ce dont elle peut offrir. Elle a le cœur sur la main. C'est une chouette femme !
Alors que Christiano joue avec les enfants et que Jo et mon homme font bronzette sur les transats. Je me demande même si ils ne dorment pas ? Je décide d'en savoir plus sur Lina.
— Je vois que tu aimes ta vie, mais tu n'as pas un petit regret ?
Je sais, ce sont des questions qu'on ne pose pas. Mais je veux savoir ce qui a fait qu'une jeune femme comme elle, se retrouve mariée et mère a à peine 26 ans...
— Tu veux savoir si je regrette ma vie ? je hoche la tête. Non ! Pas du tout ! Je sais que je suis jeune mais la mort de mon père m'a fait comprendre que la vie était trop courte pour passer son temps à se poser des questions ! Et je dois t'avouer que je n'ai jamais été aussi heureuse que je le suis actuellement. Je suis mariée à l'homme que j'aime et j'ai une petite fille que j'adore ! Ils me remplissent de joie. Ma vie est si épanouissante ! Si je n'avais pas eu ce travail, je crois que j'aurais peut-être dit qu'il me manquait un petit quelque chose mais là, non ! J'ai tout ce dont je désire !
— Et comment as tu su que c'était le bon ?
— Mon mari ?
— Oui !
— C'est simple ! Je me suis demandée si je pouvais vivre sans lui et ma réponse était non ! Tu remets en question ton amour pour mon frère ? s'inquiète t-elle subitement.
— Non ! Je l'aime comme jamais je n'ai aimé ! Mais de là, à me lancer dans un mariage, il y a un grand fossé !
— Tu le sauras quand le temps sera venu ! C'est moi qui ai demandé la main de mon époux ! m'annonce t-elle.
— Vraiment ? Tu n'as pas eu peur qu'il refuse ?
— Si ! Il était un peu comme toi, réfractaire à tout engagement ! Il ne comprenait pas pourquoi il fallait se marier pour vivre heureux. Pour lui, notre vie lui convenait parfaitement !
Mon chef me ressemble beaucoup. On est assez semblable à ce que je vois !
— Et je suis entièrement d'accord avec lui ! Et qu'est ce que tu lui as dit pour le faire changer d'avis ?
— Rien ! Il a simplement compris ce que signifiait le mariage à mes yeux !
— Une union ?
— Pas que ! Ce n'est pas le faite de s'unir devant Dieu, qui me poussait à me marier.
— Ah non ? Qu'est ce que c'est alors ?
— Ce sont les promesses qu'on se fait ! Je suis une grande romantique ! Mais à cette époque j'avais besoin d'avoir confiance, c'est pour cela que j'ai demandé à ce qu'on formule nos propres vœux.
Je n'arrive pas à la comprendre. Comment la formulation de quelques vœux entre deux individus peuvent suffire à une union, un mariage ? Et surtout à avoir confiance en l'autre ?
Je suis décontenancée !
A l'époque quand j'étais plus jeune et que j'ai dit oui à mes ex, j'étais persuadée de vouloir faire ma vie avec eux. J'étais convaincue que je ne pourrais jamais vivre sans eux ! Et pourtant, je suis encore là !
Et étant donné, que je me suis trompée à plusieurs reprises, comment être certaine maintenant que Julio soit le bon ?
— Moi je suis d'avis que rien est fait pour durée ! J'aurais besoin de certitudes !
Mais moi aussi ! J'en ai eu besoin !
— Mais qu'est ce qui a fait que...
— Mariana ? me coupe t-elle dans mon raisonnement. Je sais que tu as été fiancée à deux reprises ! Mon frère me l'a dit ! Et que tu as peur de t'engager avec lui par leur faute ! Mais crois moi, quand tu seras prête, plus rien ne te fera peur ! Et j'en suis sûre que c'est avec mon frère que tu convoleras en justes noces.
Comment peut-elle être aussi certaine ? Alors que moi, je ne suis sûre de rien ! Mais en revanche, je sais que mon homme se confie beaucoup à son entourage et ça, ça ne me plaît pas énormément !
— Si tu le dis ! Parlons d'autres choses, tu veux bien ?
— De nos deux hommes endormis ? s'extasie t-elle à haute voix pour que l'un des deux réagisse mais sans succès.
Ils dorment à point fermé !
— Par exemple ! Tu pourrais me dire quels sont les défauts de mon patron ?
— De tes patrons ? me reprend t-elle en insistant sur le tes.
Je sais mais je crois connaître ceux de mon mec tout de même.
— Mon mari a tendance à penser avec son cœur au lieu de sa tête, m'informe t-elle. Il est parfois tête en l'air. Il aime avoir un environnement de travail très studieux. Et il adore les glaces ! Quant à mon frère...
— C'est un travailleur acharné, je finis son énumération. têtu comme un âne et il est très séduisant.
— Oui, mais c'est aussi quelqu'un de bien, sur qui on peut toujours compter ! Il est très romantique et surtout il t'aime plus que sa propre vie !
— C'est lui qui te l'a dit ?
— Non ! Il n'a pas besoin de le faire ! Je le connais ! me certifie t-elle ses dires.
Mais j'ai beaucoup de mal à la croire. Madeira ? M'aimer plus que sa personne ? Non, impossible ! Elle ne doit pas le connaître aussi bien qu'elle le prétend !
— Tu es la femme de sa vie ! ajoute t-elle me voyant perplexe.
Ça ne peut pas en être autrement pour le moment, vu que je suis la seule femme dans sa vie, en tout cas je l'espère, mais rien ne me dit que ça saura encore le cas dans deux semaines, voire demain...
— Angela ? me vient à l'esprit soudainement.
— Pourquoi tu me parles d'elle ?
Comment ? J'ai pensé tout haut ?
— Elle doit passer voir Julio ?
— Pourquoi ?
— Je n'en ai pas la moindre idée !
— C'est mon frère qui te l'a dit ?
— Non ! Elle même ! Elle est passée hier soir pour lui parler. Il dormait donc je n'ai pas voulu le réveiller.
— Et elle t'a dit qu'elle repasserait, c'est ça ?
— Oui, aujourd'hui !
— Méfies toi d'elle ! Elle veut mon frère rien que pour elle !
Je me disais bien ! Cette femme n'est pas ce qu'elle prétend être. Une simple amie alors ? Elle peut aller voir ailleurs si elle le trouve, ici, elle n'emportera rien du tout ! Madeira est à moi et à moi seule !
— Mais je croyais que c'était ton ami ?
— C'était ! Dès que je me suis mariée, elle m'a laissé comme une vieille chaussette !
— Et s'est rabattu sur ton frangin ?
— Pas vraiment. Elle lui court après depuis des années ! Mais Julio étant trop gentil, n'ose pas lui dire qu'il n'est pas intéressé !
Je ris intérieurement. On ne connaît décidément pas le même Madeira ! Car quand il a quelque chose à me dire, il n'y va pas par quatre chemins. Donc, j'ai beaucoup de mal à croire qu'il ne lui ait jamais dit d'aller voir ailleurs...
Je me retourne pour voir mon homme qui dort sur le transat quand je l'aperçois prête à embrasser mon mec.
— Julio ! je crie dans un désespoir de cause.
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Merci d'être de plus en plus nombreux à suivre cette histoire. J'espère que ce centième chapitre vous a plu ?
A vendredi pour la suite !
Bonne semaine à tous !